La parole empêchée. Группа авторов. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Группа авторов
Издательство: Bookwire
Серия: études litteraires françaises
Жанр произведения: Документальная литература
Год издания: 0
isbn: 9783823300779
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0,5–0,8 sec.

       ::: ca 0,8–1,0 sec.

      Les pauses internes aux tours de parole dans la conversation (dans les cas analysés, il s’agit souvent de longues séquences quasi-monologales d’un même locuteur) :

       (.) micropause d’une longueur estimée jusqu’à 0,2 sec.,

       (-) pausepause brève d’une longueur estimée entre 0,2–0,5 sec.,

       (--) pausepause de longueur moyenne estimée entre 0,5–0,8 sec.,

       (---) pausepause longue d’une longueur entre 0,8–1,0 sec.

      Les pauses de durée estimée de plus d’une seconde sont indiquées avec le chiffre entre parenthèses, par exemple (2.0), (3.5).

      Le choix d’exemples textuels, qui seront commentés par la suite, repose sur le dépouillement du corpus dans le but de repérer des cas comparables, leur interprétation étant guidée par la distinction entre mécanismes conversationnels internes, intralinguistiques et intraconversationnels, habituels dans la communication oraleorale, et mécanismes perçus comme plutôt externes, induits par le sujet de la conversation et dont la motivation est extralinguistique. À cet égard, on s’intéressera tout d’abord aux pauses, dont nous distinguons deux principaux types d’occurrence :

      (1a) Pauses silencieuses (de longueur variable, voir les conventions citées ci-dessus), comme dans l’extrait suivant :

148 VIT : vous aviez combien de frères ?
149 ALT : en tout on était cinq.
150 cinq garçons.
151 et tous les : toute ma famillefamille (--) a été arrêtée (---) le quinze octobre mille neuf cent quarante deux ;
152 à romainville,
153 on était (-) parce que mon père a quitté nancy pour venir à romainville,
154 parce qu’il a trouvé que : on est venu à romainville en mille neuf cent trente six.

      Au début de cet extrait (qui s’insère dans une conversation étendue), on note trois pauses silencieuses (lignes 151 et 153) dont la variation de longueur est très clairement perceptible et hautement significative. La mention (l. 151) « toute ma famillefamille » est suivie d’une pausepause moyenne, le fait relaté ensuite, à savoir qu’elle « a été arrêtée », entraîne une pause longue, tandis que la pause suivante (l. 153), brève en l’occurrence, semble signaler une rupture de construction dans le contexte d’un changement de planification discursive. En revanche, on attribuera plutôt les premiers deux cas aux mécanismes externes de production de la parole, mentionnés auparavant.

      (1b) Pauses remplies

      Même si elles sont emplies de matériau linguistique (particules, interjections comme euh, hein), ces pauses font, le plus souvent, preuve du travail de réflexion, (re-)planification et formulation du discours et peuvent entraver, dans certains cas, la progression de la parole :

159 [ALT :]4: comme il était (.) assez capable,
160 euh (--) il faisait du travail même pour une très grosse sociétésociété,
161 je me rappelle,
162 je donnais un coup de main à à trimballer les paniers,
163 pour (.) de strasbourg.

      Ce cas (l. 160) montre la combinaison d’une pausepause remplie (interjection euh) avec un véritable silence, de longueur moyenne. S’y ajoute un troisième phénomène, à savoir.

      (1c) l’allongement, normalement d’une voyelle, qui peut se substituer5 à ou se combiner avec une pausepause (silencieuse), comme dans l’extrait suivant (l. 156) :

156 [ALT :] je me rappelle,
157 il a trouvé qu’à : (--) qu’à paris les affaires les :-
158 au point de vue travail,
159 il y aurait plus de travail.

      Le deuxième ordre de phénomènes est très courant dans l’oralitéoralité :

      (2) les répétitionrépétitions (repeats), illustrées ci-dessous dans le récit de Berthe Burko (BUR), témointémoignage et survivantsurvivante de la ShoahShoah, impliquée dans le sauvetage d’enfants juifs (l. 027) :

022 [BUR :] il y a eu une (.) grande rafle ;
[…]
025 et (.) dont je (1,5) je ne sais pas
une (---) plein d’enfants.
026 oui;
027 plein plein d’enfants.

      Dans ce cas, la répétitionrépétition suggère un renforcement ; l’itération de l’adverbe plein, qui implique déjà le sens de grand nombre de, est un procédé d’intensification typique de la langue parlée6. Sa valeur expressive et affective dans le contexte de l’énoncé est évidente.

      (3) Les faux départsfaux départs (false starts), qui consistent en un redémarrageredémarrage avec modification partielle ou totale de la structure produite initialement. Ces derniers sont aussi dénommés – en faisant référence à leur fonction primaire dans le discours oraloralité – autocorrections. Reprenons un passage cité ci-dessus :

149 ALT : en tout on était cinq.
150 cinq garçons.
151 et tous les : toute ma famillefamille (--) a été arrêtée (---)

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