La parole empêchée. Группа авторов. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Группа авторов
Издательство: Bookwire
Серия: études litteraires françaises
Жанр произведения: Документальная литература
Год издания: 0
isbn: 9783823300779
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de cette parole empêchée, avec les glissements progressifs des saisies cotextuelles, au fur et à mesure du déroulement de l’interaction, révélant bien le caractère dynamique et flottant du du cotexte même, défini qu’il est par rapport à ce qu’il contribue à présenter aux interprétants.

      Un tel procédé d’empêchement peut être récurrent et systématique pour aboutir à un empêchement total :

       ‘Yes’, Harry said.

       ‘You received an official warning from the Ministry for using illegal magic three years afo, did you not?’

       ‘Yes, but –’

       ‘And yet you conjured a Patronus on the night of the second of August?’ said Fudge.

       ‘Yes’, said Harry, ‘but –’

       ‘Knowing that your are not permitted to use magie outside school while you are under the age of seventeen?’

       ‘Yes, but –’

       ‘Knowing that you were in an area full of Muggles?’

       ‘Yes, but –’

       ‘Fully aware that you were in close proximity to a Muggle at the time?’

       ‘Yes’, said Harry angrily, ‘but I only used it because we were –’

       The witch with the monocle cut across him in a booming voice.

       ‘Yes’, said Harry, ‘because –’ 5

      Pour terminer ce tour d’horizon, il faut examiner cet exemple de jeu narratif mettant en scène une impossibilitéimpossibilité absolue de parole ; ce qui est exceptionnel dans ce cas, c’est que cet empêchement radical porte sur la parole du narrateur.

       Die Pistole, mit der er auf den Brenner gezeigt hat, habe ich immer noch nicht gesehen. Aber natürlich, du erkennst eine Pistole daran, wie die anderen dastehen. Gespürt habe ich sie. Gesehen nicht. Gehört auch nicht, keinen Schuss gehört.

       Jetzt warum weiß ich auf einmal, der Heinz muss geschossen haben. Pass auf. Der Brenner reißt auf einmal beide Hände in die Luft, fast ein Sprung war das, weniger wie ein Leibwächter, mehr aus dem Schreck aus, […] noch bevor ich überhaupt einen Schuss höre, wird das Loch immer größer, zuerst nur ein kleines Loch, aber jetzt, und ich denke mir noch, wie kann ein Loch in der Hand größer als die Hand selber sein, und ich denke mir noch, ich habe noch nie ein Loch gesehen, das so schnell näher kommt, und ich dingse mir noch, wie kann ein dings in der Hand so groß sein wie das Arnold-Dingserreger-Stadion, und das schießt so schnell aus der hochgerissenen Hand vom ding, vom vom vom wie heißt er schnell, vom ding, vom vom vom, dass ich, und ich höre noch ding wie wie wie ding und ding und riesenrotes Loch und ganz gewaltig ding und und ich ding ding und ich ding ding ich ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding ding. […] 6

      Ce à quoi nous assistons en lisant le passage, qui représente la fin du roman, c’est ni plus ni moins à la mortmort du narrateur, mort (méta)diégétique, mais aussi mort narrative, puisque la parole s’éteint peu à peu, remplacée de proche en proche puis intégralement par une résonancerésonance, onomatopée du son d’une cloche qui vient prendre sur la page blanche du livre comme dans la diégèse du flux de la parole narratoriale. Le tour de force narratif, c’est que cette représentation de l’installation de la mort ne passe aucunement par le cotexte externe, mais le seul vecteur des éléments permettant de se construire la représentation de la fin de la parole est la présentation intrinsèque de fin de parole. L’empêchement de la parole n’est pas décrit, il advient graphiquement sur la page du roman.

      3.3. Stratégies de contournement

      Dans cette section, il s’agit d’examiner rapidement les représentations dans les textes de fiction des adaptations des locuteurs face à ces empêchements. Ces tentatives de contournementcontournement des obstacles à la parole peuvent se solder par des échecs ou des succès.

      L’évitement de l’empêchement peut se faire progressivement, révélant un glissement dans le conflitconflit entre pressions, celles contre le dire cédant peu à peu devant les pressions pour le dire, renforcées par les dynamiques interactionnelles, comme dans le passage ci-dessous, où le discours de Ron et de Hermione est soumis aux injonctions contradictoirescontradiction de la révélation de la véritévérité, et la crainte de la réaction de Harry devant cette vérité.

       ‘Did someone get my Nimbus?’

       Ron and Hermione looked quickly at each other.

       ‘Er –’

       ‘What?’ said Harry, looking from one to the other.

      ‘Well… when you fell off, it got blown away,’ said Hermione hesitantlyhesitantly.

       ‘And?’

       ‘And it hit – it hit – oh, Harry – it hit the Whomping Willow.’

       Harry’s insides lurched. The Whomping Willow was a very violent tree which stood alone in the middle of the grounds.

       ‘And?’ he said, dreading the answer.

       ‘Well, you know, the Whomping Willow,’ said Ron. ‘It –

       It doesn’t like being hit.’

       ‘Professor Flitwick brought it back just before you came round,’ said Hermione in a very small voice.

       Slowly she reached down for a bag at her feet, turned it upside-down and tipped a dozen bits of splittered wood and twig onto the bed, the only remains of Harry’s faithful, finally beaten broomstick. 1

      Il est à noter que la construction progressive de la représentation du contournementcontournement de l’auto-empêchement de parole n’est pas explicitement marquée. Seuls les dynamiques interactionnelles et les cohésions pragmatiques et conversationnelles reliant les interventions de chacun permettent de saisir le déroulé du dialogue.

      L’exemple suivant est celui représentant un échec de contournement. Il est patent lorsque Junie rencontre Britannicus à la scène VI de l’acte II2, et se trouve empêchée de lui déclarer son amour, laissant Britannicus dans le désarroi total : « Après ce coup, Narcisse, à quoi dois-je m’attendre ? ». Il faut dire qu’il n’a sans doute pas saisi l’avertissement cachécaché de Junie tentant de lui faire comprendre justement la situation dans laquelle elle se trouve, qui l’empêche de lui dire, surveillée par Néron qui assiste, caché, à leur entretien, tout ce qu’elle ressent : « Vous êtes en des lieux plein de sa puissance. Ces murs mêmes, Seigneur, peuvent avoir des yeux ; et jamais l’empereur n’est absent de ces lieux ». Pourquoi cet échec n’a-t-il pas pu être épargné à Junie ? C’est qu’elle a été soumise à un empêchement sémiologique total de la part de Néron : non seulement sa parole linguistique a été empêchée, mais également toute manifestation du langage du corps, comme Néron le lui a bien signifié à la scène précédente :

      Junie

      Moi ! Que je lui prononce un arrêt si sévère !

      Ma bouche mille fois lui dira le contraire.

      Quand