Trésor du Dharma. Guéshé Rabten. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Guéshé Rabten
Издательство: Bookwire
Серия:
Жанр произведения: Документальная литература
Год издания: 0
isbn: 9782889250738
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en sanskrit Anapanasati: l’attention à la respiration.

      Nous adopterons une position qui nous soit confortable, mais si nous n’éprouvons pas trop de difficultés, la posture la plus appropriée sera celle du lotus, telle que décrite ci-dessus, et ce, pour les raisons déjà citées. Chaque détail a sa raison d’être. Notamment le fait d’entourer le nombril en joignant les pouces au-dessus des paumes de mains sera d’une utilité particulière lors de méditations futures. Le tronc doit être droit de manière à étirer les canaux qui le parcourent et à faciliter le passage de l’air à travers ces derniers. Si notre respiration se fait aisément et que l’air emprunte les circuits adéquats, nous aurons l’esprit plus clair et donc une meilleure méditation. En inclinant légèrement la tête, on évite l’intensification de l’élément chaleur dans l’organisme, ce qui entraînerait un assèchement de la bouche et la soif. L’augmentation de l’élément chaleur peut également occasionner des maux des yeux, des migraines ou des douleurs dans la nuque. En gardant les yeux mi-clos, le regard dirigé devant soi, on empêche la dispersion naturelle de l’esprit vers les objets qui l’entourent. On évitera de fermer complètement les yeux car l’obscurité ainsi produite risquerait de provoquer la somnolence. Il est toutefois plus facile pour certains de méditer les yeux fermés et chacun choisira ce qui lui convient le mieux. La langue doit toucher légèrement le palais afin d’éviter le dessèchement de la gorge. La bouche conserve sa position naturelle. Qu’elle soit légèrement ouverte ou fermée, elle devra être complètement détendue.

      Les avantages de cette posture particulièrement appropriée à la méditation n’ont été évoqués ici que de façon très succincte. Sa raison d’être nécessiterait des explications beaucoup plus amples. Une fois installés dans cette position, nous allons nous consacrer à la pratique d’Anapanassati, l’attention à la respiration. Cette dernière se décompose en six parties : compter, suivre, placer, analyser, changer, pureté parfaite.

      Compter

      Assis dans la posture décrite ci-dessus, nous allons procéder au comptage de nos respirations. Pour ce faire, notre esprit devra être totalement concentré sur le va-et-vient du souffle et compter mentalement de 1 à 10 à chaque couple expiration/inspiration, en commençant par l’expiration; soit :

      – une expiration/une inspiration = 1, puis

      – une expiration/une inspiration = 2...

      et ainsi de suite jusqu’à 10 qui est ici un chiffre commode. Il ne s’agit pas de compter à haute voix et encore moins par écrit.

      Nous devons être particulièrement attentifs aux phases d’expiration et d’inspiration, être conscients que nous expirons à l’expiration et que nous inspirons à l’inspiration, sans aucune confusion entre les séquences d’absorption et d’expulsion de l’air. Au cours de cet exercice, nous nous efforcerons de ne pas penser à autre chose qu’à la respiration. Nous ne pourrons pas en tirer profit si notre esprit vagabonde et songe à la montagne, au lac... Durant cette pratique, nous suivrons le rythme naturel de notre respiration qui progressivement s’allongera d’elle-même. Lorsque l’esprit parvient à suivre complètement, sans aucune distraction, le mouvement de nos expirations/inspirations dix fois de suite et que notre respiration peut se prolonger avec une plus grande amplitude, nous aurons accompli la première phase de la pratique d’Anapanassati. A ce moment- là seulement, nous pourrons entamer la seconde.

      Suivre

      Nous allons maintenant suivre avec précision le parcours de la respiration. D’abord à l’inspiration, nous allons suivre l’air inspiré jusqu’au cou, par exemple. Puis à l’expiration, nous le suivrons à l’extérieur, à une distance équivalente. Puis nous suivrons l’inspiration de plus en plus loin à l’intérieur et l’expiration de plus en plus loin à l’extérieur, un peu à l’image d’un jet d’eau propulsé à une certaine hauteur qui retombe ensuite d’une distance équivalente. Il n’est évidemment pas question de respirer ici avec la force d’un jet d’eau; cette image illustre seulement le trajet de la respiration qui doit être souple et naturelle.

      Nous accompagnerons mentalement l’air inspiré jusqu’au niveau de la poitrine et l’air expiré jusqu’à une même distance à l’extérieur, et ainsi de suite, sans forcer. Lorsque la respiration s’allongera d’elle-même, nous la suivrons progressivement jusqu’au niveau du nombril, des genoux puis jusqu’au bout des orteils. Il peut être plus facile pour certains de visualiser l’air sous forme d’une légère fumée d’encens. Il est également possible de suivre l’inspiration au-delà des orteils, à l’extérieur de soi. Mais ceci n’est mentionné que pour information.

      Cette pratique est exposée ici très brièvement. Mais il est évident que, dans ses applications, elle doit être effectuée beaucoup plus lentement, chaque étape nécessitant un entraînement répété. Notre travail est pareil à celui d’un maçon construisant une maison. Il n’achève pas l’édifice d’un seul coup mais pose les briques une à une, jour après jour, inlassablement, jusqu’à voir finalement surgir le résultat de sa peine. Si nous voulons progresser, il nous faudra cette même persévérance qui, à force d’opiniâtreté, petit à petit, engendre les résultats. Lorsque l’esprit suivra jusqu’à la pointe des pieds le parcours de l’inspiration sans aucune distraction et qu’il accompagnera de même l’expiration à l’extérieur, nous pourrons passer au stade suivant.

      Placer

      Lorsque nous maîtriserons correctement les premiers degrés de cette pratique, il nous sera désormais possible de fixer la respiration comme s’il s’agissait d’une légère fumée d’encens ou d’une mince ficelle blanche, immobile, tendue entre les narines et la pointe des pieds. Il n’y aura à ce stade ni inspiration, ni expiration, ni blocage forcé, mais une simple suspension momentanée de la respiration découlant naturellement des pratiques précédentes. L’essentiel de la conscience sera fixé sur cette image immobile du souffle. Simultanément, une autre partie de la conscience analysera ce qui se passe dans notre corps, sera attentive aux diverses sensations susceptibles de s’y produire. Aucune contrainte ne devra être exercée pour prolonger l’apnée. A la moindre fatigue, nous respirerons de nouveau avant de poursuivre notre absorption en méditation. Le but de cet entraînement n’est pas de nous pousser au maximum de nos capacités. Au contraire, il doit se faire dans le confort, la quiétude et l’aisance. Si nous le forçons, l’esprit se trouble et les tensions issues des contraintes qui lui sont imposées rendent vaines nos pratiques. Par une accoutumance progressive, notre respiration s’allongera naturellement, de même que notre capacité à demeurer en apnée tout en maintenant la concentration de l’esprit. Si nous nous exerçons de manière appropriée, au bout d’un certain temps, l’esprit n’aura plus d’autre objet que la respiration qu’il suivra de lui-même, et dont plus rien ne pourra le distraire.

      La maîtrise de la respiration ainsi acquise aura pour corollaires l’apaisement de l’esprit et une plus grande aptitude à le contrôler. La quiétude physique et mentale qui s’ensuivra s’accompagnera d’un sentiment de bien-être intérieur. Devenus ainsi maîtres de notre respiration et par là, de notre esprit, nous n’aurons plus besoin de nous forcer à la méditation ni d’y être poussés par une tierce personne. Nous aurons dorénavant une inclination spontanée pour la méditation. Il y a par exemple des personnes qui, par propension naturelle, adorent dormir. Il n’est nullement besoin, pour qu’elles se laissent aller aux douceurs du sommeil, de leur en donner l’ordre, ni de leur dire quand elles doivent dormir. Elles dorment parce qu’elles y trouvent du plaisir. Il arrivera un moment où nous aurons développé une même propension naturelle à méditer.

      Les débutants ne pourront évidemment pas s’entraîner dans l’immédiat à ce troisième niveau dénommé placer. Mais, par la régularité et la persévérance, vous y parviendrez tous sans aucun doute.

      Bien que chacun de ces stades doive être pratiqué l’un après l’autre, il sera utile de visualiser occasionnellement les étapes suivantes. Par exemple, lorsque nous nous exercerons essentiellement à la première, de temps à