Jérôme Fracastor (1478-1553), médecin, mathématicien et poète, enseigna la logique à lâuniversité de Padoue. Il écrivit le poème latin La Syphilis sive de morbo gallico (1530) dans lequel il est question dâun jeune et beau berger qui, après avoir offensé Apollon, se voit souffrir dâune maladie ulcéreuse comme punition. La syphilis, maladie vénérienne dont lâapparition était alors très récente, prend ainsi le nom de ce poème. Il fut parmi les premiers à considérer que les maladies épidémiques étaient transmises par une sorte de semence qui propageait la contamination (De Contagione et Contagiosis Morbis, 1546) 10 .
Carlo Francesco Cogrossi (1682-1769) est le premier à sâêtre rendu compte que dans la peste bovine étaient présents des organismes vivants qui transmettaient la peste, mais sa théorie est restée lettre morte.
Edward Jenner (1749-1823) était un médecin et naturaliste britannique, connu pour lâintroduction du vaccin contre la variole, et est considéré comme le père de lâimmunisation.
Lâutilisation de moisissures et de plantes particulières pour soigner les infections était déjà reconnue dans de nombreuses cultures anciennes (grecque, égyptienne, chinoise), leur efficacité était due aux substances antibiotiques produites par les espèces végétales ou par les moisissures. Il nâétait pas possible de distinguer le composant réellement actif, ni de lâisoler. Vincenzo Tiberio, médecin natif du Molise ayant étudié à lâuniversité de Naples, avait déjà décrit en 1895 le pouvoir bactéricide de certaines moisissures11 .
Les recherches modernes ont débuté avec la découverte, par hasard, de la pénicilline en 1928 par Alexander Fleming. Plus de dix ans plus tard, Ernst Chain et Howard Walter Florey réussirent à obtenir les antibiotiques en forme pure. Ils ont obtenu tous les trois le prix Nobel de médecine en 1945.
2.2 Les systèmes de santé : publique (welfare state e Beveridge) et privé (Bismark)
Bruno Corda Angelo Barbato Angela Meggiolaro
LâÃtat providence, également appelé welfare state, se base sur le principe dâégalité et caractérise les Ãtats de droit modernes. Les droits et les services garantis par le welfare state sont essentiellement les soins de santé, lâéducation et la sécurité sociale. Les systèmes nationaux, avec une évolution majeure de lâÃtat providence, prévoient des investissements plus importants ainsi que des programmes pour la défense de lâenvironnement et des indemnités de chômage (revenu de base).
Les modèles de soins de santé sont fondamentalement au nombre de deux : un système assurantiel (Bismarck) à caractère privé et un service national de santé (Beveridge) à caractère public et universel.
Pour le welfare state, lâEurope dâaprès-guerre, jusquâaux années 80, relève de quatre grandes zones : les pays scandinaves, anglo-saxons, lâEurope continentale et lâEurope du Sud. Bien quâil ne sâagisse que de généralisations, on peut affirmer que dâun point de vue historique le nord de lâEurope est caractérisé par le modèle universel (Beveridge) tandis que lâEurope continentale et lâEurope du sud sont essentiellement caractérisées par le système assurantiel (Bismarck).
La littérature scientifique et de vulgarisation offre une large variété de traités sur lâhistoire de la santé publique, fournissant ainsi un panorama sans aucun doute varié sur les différents aspects et domaines dâintérêts. En 1989 Mullan a écrit sur lâhistoire de la santé publique aux Ãtats-Unis. En 1998 Duffy sâest concentré sur le travail des aides-soignants, en 2002 Fee a donné suite à une grande variété dâarticles sur les aspects historiques de la santé publique, tandis que Werner et Tighe, en 2006, ont mis en avant le lien entre la santé publique et la clinique12 .
Dans les cultures anciennes, la santé publique était axée exclusivement sur les mesures dâhygiène publique. Au cours de lâempire romain, les soins aux infirmes pauvres étaient confiés aux archiatres payés par les villes. La création des premières structures hospitalières remonte au Moyen Ãge : il sâagissait de centres dont la valeur était plus caritative que sanitaire. En effet, les premières institutions de ce genre se développèrent à proximité des sièges apostoliques, des monastères, ainsi que le long des itinéraires de pèlerinage.13
La première tentative de classification méthodique des maladies a été menée durant la Renaissance, tandis que le siècle des Lumières voit se réaliser les premières recherches sur les maladies et lâétat général de la population. 10 La révolution française et la première révolution industrielle (environ 1760 â 1870) avec lâurbanisation quâelle a entraînée, ont favorisé des mesures dâincitation en matière de santé publique.
Le « mouvement sanitaire » est un produit de la seconde révolution industrielle, une nouvelle approche de santé publique développée en Angleterre entre 1830 et 1840. Avec la croissance de lâindustrialisation et de lâurbanisation, la prise de conscience progressive de lâimportance de lâhygiène personnelle et du traitement des déchets humains a conduit, comme choix stratégique pour la lutte contre les maladies infectieuses, à assainir et à nettoyer les villes. Cependant, comme cela a été remarqué par Edwin Chadwich, le nettoyage des villes, au sens littéral, a reçu au cours du temps un sens opposé, et a été perçu comme lâéloignement dâune menace potentielle pour la santé représentée par les « classes dangereuses ». Dâautres villes européennes, telles que Paris et Naples, ont suivi lâexemple et ont entrepris des projets de reconstruction à grande échelle. Même si ces réformes technologiques ont constitué une étape importante incontestable pour la santé publique, elles ont souvent entraîné lâexclusion de réformes économiques et éducatives. 14
Le concept de santé publique a donc élargi ses champs dâapplication et ses domaines dâintérêt au cours du temps, se présentant dâabord comme une action qui sâadresse aux communaux afin dâéviter les maladies et les risques pour la santé et le bien-être des individus et de la population, et est ensuite parvenue à inclure aussi bien la promotion que la protection de la santé15