Dans les années 90, lâOrganisation mondiale de la santé a ensuite également déplacé le degré dâattention des systèmes de protection de la santé en concentrant lâattention non plus simplement sur le soin de maladies, mais sur la recherche du bien-être psychophysique des individus et des déterminants environnementaux du bien-être.
Pour organiser les soins de santé, lâhomme a commencé sa lutte contre les maladies et, au XIXe siècle, sâest concentré sur les thérapies contre les maladies infectieuses. Vers la moitié du XIXe siècle, les premiers hôpitaux pavillonnaires se construisent et se montreront rapidement capables dâaccueillir et de lier les activités des différentes spécialités qui commençaient à émerger, notamment les spécialités chirurgicales, en conséquence des avancées scientifiques et des pratiques révolutionnaires dâune époque qui a déterminé les bases de lâanesthésie, de la microbiologie, de lâantisepsie et de lâasepsie, mais également des outils de diagnostic de laboratoire, suivis par le diagnostic radiologique (Röntgen, prix Nobel 1901), auxquels se serait ajouté peu après (Einthoven, 1908) le diagnostic par électrocardiogramme7 .
Pour organiser les soins, au-delà de la gestion du malade grave et donc de lâurgence, il est de plus en plus important de pouvoir gérer la maladie chronique grâce à une vision holistique prévoyant une gestion active de la maladie et, plus souvent encore, des maladies chroniques, avec la prévention comme élément central.
Ces dernières années, le modèle traditionnel et hiérarchique des soins de santé qui sâidentifie par les soins hospitaliers a commencé à être déstabilisé, non seulement de par ses coûts élevés en énergie, en technologie et en gestion, mais également à cause des profondes modifications épidémiologiques des maladies. Traditionnellement, la pathologie grave a vu se développer une médecine dâattente, qui a observé une évolution descendante à lâhôpital, structure de plus en plus dédiée à lâattente, à lâurgence et aux soins intensifs nécessitant une haute technologie. Lâhôpital est devenu inefficace dans le traitement des maladies chroniques qui sont de plus en plus répandues et nécessitent des interventions multidimensionnelles, notamment socio-sanitaires.
Lâaugmentation de lâespérance de vie et le vieillissement progressif de la population a conduit à lâaugmentation des pathologies dégénératives chroniques et invalidantes, pour lesquelles le modèle dâattente traditionnel de lâhôpital est inapproprié.
Il y a eu à plusieurs reprises des essais de création de secteurs ambulatoires pour les activités externes spécialisées au sein de lâhôpital, mais cela sâest montré être un échec, pour plusieurs raisons : les coûts structurels et les coûts de gestion hospitalière sont trop élevés pour ces activités, et les typologies des prestations sont totalement différentes puisque le malade grave doit être pris en charge à lâhôpital alors que le malade chronique doit être pris en charge sur le territoire grâce au renforcement des modes dâorganisation de la prévention.
La confusion entre la gestion des soins pour les maladies graves et la gestion des maladies chroniques, au sein de lâhôpital, a pour conséquence de détourner les ressources de soins de haute technologie et dâurgence destinées aux malades graves. Le centre de gravité dâaide pour les maladies chroniques doit être déplacé sur le territoire, et il est nécessaire dâintervenir de manière plus efficace, également grâce à la prévention. La prévention devient donc le piller du modèle collaboratif des soins dans la médecine de territoire : non seulement pour sa dimension de protection et de promotion de la santé, mais également pour une meilleure utilisation des ressources entrainant une diminution des coûts. Les nouvelles stratégies pour lâintégration des politiques sanitaires doivent absolument tenir compte de la viabilité environnementale.
Après une période dâévolution permanente et dâadaptation de la structure spécifique réalisée pour les soins de plus en plus précis et efficaces, techniquement avancés et positifs pour le pronostic (lâhôpital), lâaccent a été placé sur le territoire pour plusieurs raisons.
Lâhôpital est une structure très sophistiquée et développée du point de vue technologique, avec des coûts de gestion élevés justifiés uniquement pour des prestations intensives de soins aux malades graves en situation dâurgence, et possibles uniquement dans un milieu protégé.
Le territoire devient donc beaucoup plus important, non seulement pour fournir une assistance et des soins peu intensifs en garantissant également la continuité des soins et une amélioration de la condition du patient, mais surtout pour prévenir et anticiper les pathologies (diagnostic précoce !) tout en représentant un important filtre dâentrée et de sélection pour les hospitalisations.
Par vocation, lâhôpital sâoccupe (ou devrait sâoccuper !) de la totalité des malades graves tandis que les soins extra hospitaliers sâoccupent (ou devraient sâoccuper !) surtout des personnes saines et agir pour que ces derniers soient le moins malades possible.
La population cible du territoire est donc constituée à 40 % de personnes saines, pour 40 % dâindividus sains présentant des facteurs de risques et, pour finir, de 20 % de personnes malades (dont 10 % présentant un handicap).
La mission de lâhôpital se situe au niveau le plus élevé des soins de dommages biologiques chez les individus, alors que la mission du territoire est dâéviter, grâce à de multiples stratégies, des effets négatifs sur la santé de la population et, bien avant, dâinformer sur les risques et de sensibiliser aux modes de vie plus sains.
Dans un modèle collaboratif de médecine du territoire, les professionnels de santé et les médecins traitant sont les figures centrales nécessaires à la réalisation dâune médecine proactive. La médecine proactive a pour composante essentielle la promotion de la santé et la prévention. La santé dâune communauté est déterminée par des facteurs socioéconomiques et environnementaux, ainsi que par le mode de vie et lâaccès aux services. Il est évident que seul un modèle de médecine collaborative sur le territoire prévoyant la prévention au centre du système pourrait garantir la mise en Åuvre de cette large gamme dâinitiatives, de projets et de politiques indispensables pour une promotion efficace en matière de santé.
Dès lors, il convient de mettre en place une stratégie intégrée entre les organismes gouvernementaux et non gouvernementaux, dans les domaines dâintervention possibles au niveau territorial : de lâintervention des médecins sur le territoire et dans les écoles, aux interventions de lâadministration publique, par des activités de formation basées sur des données épidémiologiques. Le concept dâintégration est fondamental et doit être développé dans un modèle collaboratif de Territoire Zéro dont les fondements sont la médecine à domicile et la télémédecine : câest-à -dire chercher à ce que les soins de santé soient plus proches des citoyens.
La médecine moderne (à lâexception du malade grave) doit devenir « dâinitiatives », câest-à -dire quâil ne doit plus appartenir au patient de se tourner vers le système hospitalier, mais câest au système Territoire Zéro de prendre en charge la santé du citoyen de manière proactive, en cherchant à prévenir lâévolution