Entre les lignes, on peut lire lâidéal dâune santé publique qui nâest pas seulement la « science et lâart de prévenir les maladies » mais également la promotion de la qualité de vie, du maintien et de lâallongement de lâétat de santé et des capacités physiques, et dans ce contexte le rôle participatif de toute la communauté devient fondamental. Dans ce modèle « collaboratif » de santé publique, la communauté assume, bien que cela soit passif, un rôle directeur pour assurer le maintien des niveaux de vie adaptés et appropriés pour lâallongement de lâétat de santé.
Parmi les grandes lignes dâaction du document, on retrouve lâéducation du patient aux mesures communes de prévention et aux règles élémentaires dâhygiène, ainsi que la prévention de la salubrité de lâenvironnement.
La santé publique devient ainsi un « système de soins » qui commence à affirmer un cadre organisationnel tangible et initialement structuré en centres de pouvoir et de contrôle et en systèmes de prestations de santé. Câest-à -dire que, comme nous le verrons avec lâévolution historique de ces modèles publiques dans plusieurs pays, lâimpossibilité de maintenir une séparation et une distinction entre les rôles centraux (centre de pouvoir et de contrôle) et le rôle fournisseur a lourdement contribué à la crise du système.
Le concept de nouvelle santé publique16 émerge actuellement. Selon ce dernier, la santé représente un investissement pour la vie de la communauté. La nouvelle santé publique se concentre sur le comportement des individus dans leur environnement ainsi que sur les conditions qui influencent ce comportement.
Le champ dâapplication de la santé publique nâinclut pas uniquement le champ scientifique, mais également les champs socioculturels et politiques.
En plus de la notion classique de prévention des maladies, le travail de santé publique sâoccupe de promouvoir la santé physique et mentale des individus. Ces objectifs se concrétisent dans la tentative dâinfluencer les habitudes et les conditions de vie, ainsi que dans la promotion de lâestime de soi, de la dignité humaine et du respect.
La santé publique est lâensemble des actions réalisées par la société pour améliorer la santé dâune population.
Une classification généralement acceptée par les systèmes de santé se base sur les modalités de financement et utilise une distinction entre les systèmes basés sur lâassurance (Social Health Insurance) et les systèmes sur une base fiscale (General taxation).
Les systèmes de santé apparaissant comme les plus solides en Europe sont : le modèle Beveridge, le modèle Bismarck, le modèle Mixte, le modèle Semashko.
Alors que les deux derniers présentent des caractéristiques hybrides, nous pouvons identifier des différences importantes entre les deux premiers.
Le modèle mixte prévoit la présence simultanée dâun mécanisme dâimpôts et de formes dâassurance sociale, garantissant la couverture de toute la population.
Enfin, le modèle Semashko est typique des pays qui vivent ou qui ont vécu au cours des dix dernières années un scénario politique et social de transition (lâEurope centrale et les pays de lâex Union soviétique). Un tel système peut être comparé au modèle Bismarck, notamment pour les connotations liées aux mécanismes dâassurance sociale, bien que cela soit financé par des retenues directes sur le revenu.
Pour le modèle Beveridge, les systèmes de santé sont majoritairement financés par les recettes fiscales et devraient proposer lâintégralité des prestations. La taxation peut être directe ou indirecte, nationale ou locale.
La couverture dâassurance publique britannique (National Health Service, NHS) a été fondée en 1948 dans le but de dispenser des soins de santé gratuits à toute la population britannique. Il sâagit du premier système de santé national de type « Beveridge », universel, gratuit, financé par les taxes générales17 .
La première tentative de « déverticalisation » du système de santé a été réalisée en Grande-Bretagne, en 1990 avec le NHS et le Community Care Act, plus connu sous le nom de la réforme Thatcher.
Lâhistoire, dès les premières réformes, et lâévolution du système de santé selon la théorie de Darwin, ne semblent pas avoir favorisé des modèles organisationnels verticalement intégrés, centralisés ni monocratiques pour la régulation de lâoffre et de la demande, mais ils ont dévié vers des formes plus « collaboratives » de gestion et de distribution des soins de santé. En ce qui concerne la réforme Thatcher, celle-ci visait des objectifs précis pour inciter à lâefficience des services, tout cela en cassant le modèle hiérarchique et monolithique en faveur dâun modèle de séparation entre lâacquéreur et le distributeur. Cela implique également lâintroduction de mécanismes de concurrence entre les producteurs, tout en conservant cependant les principes de solidarité sous-jacents au financement et à lâaccès aux services dâun système publique.
à la fin des années 80, la proposition de lâéconomiste Enthoven (1988) de réformer les systèmes de soins européens à la lumière de lâexpérience américaine des OSSI (Organisations de soins de santé intégrés) est largement soutenue par les gouvernements conservateurs, comme ceux de Reagan et, notamment, de Thatcher. Avec la réforme de 1990, lâAngleterre adopte une variante des marchés mixtes appelée marchés uniques (internal markets) au sein desquels la compétition entre les producteurs publiques ou privés est activée par des agences publiques spécifiques qui jouent le rôle des représentants des patients (sponsors) et qui, à partir dâun financement prédéfini, achètent chez les producteurs les services de santé pour la population par le biais dâappels dâoffres. Lâidée des marchés mixtes passe de lâAngleterre au reste de lâEurope, avec des applications variées dans les différents systèmes de santé européens, variant entre les deux pôles opposés de la programmation totale et du marché libre, tout en adoptant des formes hybrides intermédiaires dâorganisation sanitaire avec différentes combinaisons entre mécanismes hiérarchiques de contrôle et de concurrence18 .
Dans le modèle Bismark, conçu en Allemagne en 1883 et introduit par le chancelier Otto von Bismarck pour favoriser la réduction de la mortalité et des accidents de travail, ainsi que pour mettre en place une première forme de sécurité sociale, les systèmes sont financés par les assurances sociales. Le modèle Bismark, de type privé, est caractérisé dâun côté par des contributions stables généralement basées sur les revenus, et dâun autre côté, par les organismes appelés caisses dâassurance maladie, qui sont les structures administratives du système et les organismes payeurs des soins. Le nombre de caisses et leur dimension varient beaucoup en fonction du nombre dâinscrits et de leur situation, tandis que les taux de cotisation sont déterminés