Hyacinthe. Assollant Alfred. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Assollant Alfred
Издательство: Bookwire
Серия:
Жанр произведения: Языкознание
Год издания: 0
isbn: 4064066087401
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      DU MÊME AUTEUR

L'AVENTURIER, 2 VOL 6 fr.
UN MILLIONNAIRE, 1 VOL 3 »
RACHEL, 1 VOL 3 »
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LE PUY DE MONTCHAL, 1 VOL 3 »
LÉA, 4 VOL 3 »
LE DOCTEUR JUDASSHON, 1 VOL 3 »
LA CROIX DES PRÊCHES, 2 VOL 6 »
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NINI, 1 VOL 3 »
LE VIEUX JUGE, 1 VOL 3 »
UNE VILLE DE GARNISON, 1 VOL 1 »
UN MARIAGE AU COUVENT, 1 VOL 1 »
DEUX AMIS EN 1792, 1 VOL 1 »

       Table des matières

      PAR

      ALFRED ASSOLLANT

       Table des matières

      PARIS

      E. DENTU, ÉDITEUR

      LIBRAIRIE DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES

      3, PLACE DE VALOIS (Palais-Royal)

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      Alors, c'est-à-dire le 22 mai 1877, mon patron, maître Bouchardy, notaire, homme excellent, justement renommé pour sa finesse, sa gaieté, sa bonne humeur, dans la célèbre ville de Creux-de-Pile et à cinq lieues tout autour, regarda l'heure à sa montre et dit à son confrère:

      —Voyons, mon cher Saumonet, voici quatre heures trois quarts. Le dîner est pour cinq heures. Mihiète est furieuse du moindre retard. Les sauces rousses seront brûlées. Les sauces blanches auront tourné. La dinde truffée sera calcinée, ou sera rôtie en deux fois, c'est-à-dire desséchée. Voulez-vous en finir?

      Maître Saumonet fit signe de la tête qu'il le voulait, mais ne prononça pas une parole.

      —Récapitulons alors, reprit Bouchardy. Vous avez une fille à marier...

      —Une jolie fille, Bouchardy! une très jolie fille, une fille qui n'a pas sa pareille dans tout le voisinage, une fille que nous appelons Hyacinthe, ami Bouchardy, parce qu'elle est née comme une fleur de la plus poétique des mères, madame Rosine Forestier, notre cliente, et du moins poétique des pères, M. Forestier, notre client aussi,—et depuis six ans député de l'arrondissement de Creux-de-Pile!...

      —Ne vous échauffez pas, Saumonet!... Dans cette saison, par cette chaleur épouvantable, on attrape aisément une pleurésie. Si vous avez une jolie fille à mettre en bataille, nous avons, nous, un joli garçon, qui s'appelle Michel, ce qui est un nom d'archange, comme Hyacinthe est un nom de fleur, et qui est né du légitime mariage de M. Louis Bernard, médecin de la Faculté de Paris, avec madame Reine Bernard, aujourd'hui veuve et propriétaire—en y comprenant tous les biens meubles et immeubles de la succession conjugale,—de quatre cent cinquante mille francs au plus bas mot; et nous ne sommes pas veuve à lâcher un centime de nos droits, entendez-vous cela, Saumonet?... Nous n'avons jamais attaché, nous n'attacherons jamais nos chiens avec des saucisses et si par malheur notre fils Michel, parce qu'il est amoureux comme un fou de votre jolie Hyacinthe et parce qu'elle le lui rend bien, voulait subir les conditions d'un contrat inégal...

      Ici, il y eut une suspension. M. Bouchardy tenait sa langue en arrêt comme un bon cavalier tient sa lance. Enfin, il se tourna vers moi et dit:

      —Trapoiseau!...

      (C'est mon nom.)

      .... Dans ton âme de premier clerc, tu as quelquefois autant de bon sens et de connaissance des lois que beaucoup de notaires; tu vas écouter avec soin notre conversation; tu marqueras les concessions que nous ferons de part et d'autre; tu changeras ce qu'il faut changer dans le projet de contrat et tu nous l'apporteras, à la fin du dîner, c'est-à-dire ce soir, vers huit heures... Tu m'entends?

      Je répondis modestement:

      —Oui, monsieur.

      Et je me réjouis au fond de mon âme d'avoir une si belle occasion de contempler dans toute sa magnificence le plus beau salon de Creux-de-Pile, celui où l'esprit coule à pleins bords (suivant le mot de M. le receveur de l'enregistrement). Alors M. Bouchardy, faisant face à son confrère, reprit son discours en ces termes:

      —Oui, Saumonet, si notre bien-aimé fils et unique héritier Michel Bernard subissait un contrat inégal, inique et désastreux, si la future épouse nous apportait en dot moins de 200.000 francs, espèces sonnantes et trébuchantes...

      L'autre notaire se leva et dit:

      Que feriez-vous alors?... Vous refuseriez votre consentement, peut-être?

      —Précisément.

      Oui, mais votre fils a vingt-sept ans; il est plus que majeur. Votre fils est amoureux, votre fils a une fortune indépendante qui lui vient de son père et qu'on ne peut pas lui ôter, votre fils est avocat depuis trois ans et n'a pas besoin de vous pour vivre; il aime, on l'aime et il fera pour épouser notre belle Hyacinthe tous les actes respectueux qu'il faudra faire.

      M. Bouchardy, d'un geste noble, interrompit son confrère:

      —Vous vous trompez, mon ami. Notre fils Michel ne vous fera jamais d'actes respectueux. Il sait trop ce qu'il nous doit...

      —Sait-il aussi, demanda Saumonet en riant, ce que vous lui devez? A-t il demandé des comptes de tutelle?

      —Jamais!

      —Sait-il, qu'au plus bas mot, vous lui devez, vous la mère et tutrice, plus de 80.000 fr., et que cet argent n'est pas perdu, que vous ne l'avez pas prêté aux Turcs ni aux Egyptiens, mais placé en bonnes rentes françaises, qui ne périront pas, car la France entière leur sert d'hypothèque?...

      —Eh bien, Saumonet, est-ce que vous nous faites un crime de notre prudence? Si par une sage administration nous avons augmenté la fortune dont Michel héritera un jour..., après notre mort..., le plus tard possible..., est-ce un motif pour lui de nous manquer de respect et de braver notre volonté maternelle? Faut-il nous dépouiller du fruit de notre économie?... Et enfin, si nos conditions vous paraissent trop dures, si vous comptez sur la folle passion d'un fils