Salle de Crise. Джек Марс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Джек Марс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия:
Жанр произведения: Триллеры
Год издания: 0
isbn: 9781094313023
Скачать книгу
recula de trois mètres et le regarda. Li était affaissé sur sa chaise, la tête penchée en avant, les bras attachés derrière le dos, le corps tremblant. On aurait dit que chaque partie de son corps réagissait de manière indépendante. Il n’y avait aucune coordination. Luke remarqua que l’entrejambe de Li était humide. Il s’était également pissé dessus.

      Luke prit une profonde inspiration. Ils allaient devoir demander à quelqu’un de venir le nettoyer.

      « Li ? » dit-il.

      Li regardait toujours le sol. Il se mit à parler, mais sa voix semblait venir d’outre-tombe. « Il y a un entrepôt. Un petit entrepôt, avec un bureau. Un importateur d’objets chinois. Dans le bureau, tout est expliqué. »

      « C’est le bureau de qui ? » demanda Luke.

      « Le mien. »

      « C’est une façade ? » demanda Ed.

      Li essaya de hausser les épaules, mais son corps ne cessait de trembler. « Plus ou moins. Il fallait tout de même que ce soit opérationnel, sinon ça ne pouvait pas servir de couverture. »

      « Où se trouve ce bureau ? »

      Li murmura quelque chose.

      « Quoi ? » demanda Luke. « Je ne t’ai pas entendu. Si tu me fais perdre mon temps, on va passer à la manière dure. Tu crois qu’Ed n’a plus envie de jouer avec toi ? Alors réfléchis bien. »

      « Il se trouve à Atlanta, » dit Li, sur un ton qui trahissait le soulagement. « L’entrepôt est à Atlanta. C’est là que j’étais basé. »

      Luke sourit.

      « OK, donne-nous l’adresse. On reviendra dans quelques heures. » Il posa sa main sur l’épaule de Li. « Et que dieu te vienne en aide s’il s’avère que tu nous as menti. »

      *

      « C’était du bon boulot, Swann, » dit Luke. « Même si j’avais écrit le script moi-même, je n’aurais pas pu faire mieux. »

      « Je ne vous ai jamais dit que je jouais au théâtre à l’école ? »

      « Eh bien, tu as raté ta vocation, » dit Luke. « Tu aurais pu travailler à Hollywood, avec ce dont tu es capable. »

      Ils traversèrent le trottoir en direction du SUV noir qui les attendait. Deux hommes en combinaison FEMA venaient juste d’en sortir et se dirigeaient vers la cabane. Luke regarda autour de lui. Il n’y avait que des clôtures et des fils barbelés. Derrière la tour de guet la plus proche, une colline escarpée se dressait vers les montagnes de Géorgie.

      Swann sourit. « J’ai essayé d’y mettre une touche crédible d’indignation. »

      « En tout cas, je t’ai cru, » dit Ed.

      « Mais au fond, je n’ai pas vraiment eu besoin de jouer la comédie. Je ne suis pas du tout un fan de la torture. »

      « Nous non plus, » dit Ed. « En tout cas, pas tout le temps. »

      « Est-ce que vous avez fini par le faire ? » demanda Swann.

      Luke sourit. « Qu’est-ce que tu penses ? »

      Swann secoua la tête. « J’étais parti depuis seulement dix minutes quand vous êtes sortis de la cabane, alors je pense que vous ne l’avez pas fait. »

      Ed lui donna une tape dans le dos. « Vas-y, continue à te poser la question, l’analyste. »

      « Alors, vous l’avez fait ou pas ? » demanda Swann.

      Quelques minutes plus tard, ils se retrouvaient dans l’hélico qui s’élevait au-dessus de la forêt dense, en direction d’Atlanta.

      CHAPITRE SIX

      10h05

      Observatoire Naval des États-Unis – Washington DC

      « Monsieur le député, merci d’être venu. »

      Susan tendit la main pour serrer celle de l’homme de grande taille en costume bleu foncé qui se trouvait devant elle. C’était le représentant de l’Ohio, Michael Parowski. Il avait des cheveux blancs précoces et de petits yeux plissés bleu pâle. Il avait cinquante-cinq ans et c’était un homme beau et solide, dans le sens un peu sauvage du terme. Né et élevé dans une famille d’ouvriers, il avait de grandes mains solides et les larges épaules d’un homme qui avait commencé sa carrière en tant que ferronnier.

      Susan connaissait son histoire. C’était un célibataire endurci. Il avait grandi à Akron et il était le fils d’immigrés polonais. Quand il était adolescent, il était boxeur amateur. Les cités industrielles du Nord, Youngstown, Akron et Cleveland, étaient son bastion. Le soutien qu’il avait là-bas était inébranlable. C’était presque devenu une légende, un mythe. Il en était à son neuvième mandat au sein du congrès et ses réélections avaient chaque fois été une formalité.

      Est-ce que Michael Parowski allait être réélu dans le Nord de l’Ohio ? Est-ce que le soleil se lèverait demain ? Est-ce que la Terre continuerait à tourner sur son axe ? Si je laissais tomber un œuf, est-ce qu’il allait s’écraser sur le sol de la cuisine ? Michael Parowski était devenu aussi incontournable que les lois de la physique.

      Susan l’avait vu sur des vidéos faisant des bains de foule lors de manifestations syndicales, de fêtes ou au cours de festivals ethniques (où il ne discriminait personne – Polonais, Grecs, Portoricains, Italiens, Afro-américains, Irlandais, Mexicains, Vietnamiens – si vous aviez une origine ethnique, Michael Parowski était votre homme). Il serrait les mains de tout le monde, donnait de grandes tapes dans le dos, saluait des deux mains et serrait les gens dans ses bras. On le voyait souvent murmurer quelque chose à l’oreille des dames, c’était typique de lui.

      En plein milieu de la foule et du chaos, avec des dizaines ou même des centaines de personnes se pressant contre lui, il prenait immanquablement une vieille dame à part et lui murmurait quelque chose à l’oreille. Il arrivait parfois que les femmes rient, rougissent ou qu’elles agitent leur doigt d’un air réprobateur. La foule adorait ces moments et aucune des femmes n’a jamais répété ce qu’il lui avait dit. C’était une vraie mise en scène politique de haut niveau. Le genre de mise en scène que Susan adorait.

      Ici, à Washington, c’était un syndicaliste convaincu. Au Capitole, il était l’un des plus grands défenseurs de la condition ouvrière. Il était plus hésitant sur certains autres sujets qui tenaient à cœur à Susan, comme le droit des femmes et des homosexuels, ou la protection de l’environnement. Mais pas au point qu’ils ne puissent pas s’entendre. En fait, dans un sens, ses points forts venaient compléter ceux de Susan. Elle pouvait parler de manière passionnée au sujet de la pureté de l’air ou de la santé des femmes, et il pouvait l’égaler en passion quand il parlait de la détresse du travailleur américain.

      Mais même ainsi, Susan n’était pas sûre qu’il soit la personne idéale, bien que les aînés du parti lui aient assuré le contraire. Ils voulaient vraiment que ce soit lui. Pour dire vrai, ils avaient pratiquement pris la décision pour elle. Et ce qu’ils voulaient de lui, en plus de sa popularité, c’était sa ténacité. Il était l’image même de la solidité. Il ne buvait pas, il ne fumait pas et on avait l’impression qu’il ne dormait pas beaucoup. Il passait sa vie en avion et faisait continuellement des aller-retours entre Washington et son district. On pouvait le voir à des réunions de comité ou à des votes au Capitole à des heures tardives, et six heures plus tard, le retrouver dans un cimetière de Youngstown, frais et dispos, les larmes aux yeux, entourant de ses bras la mère d’un mécanicien qui venait de mourir tragiquement.

      Bien que ses ennemis affirment qu’il soit resté ami avec certains truands, avec lesquels il avait grandi dans son quartier… eh bien, ça ne faisait qu’en ajouter à son image. C’était un homme doux