Coeur de panthère. Gustave Aimard. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Gustave Aimard
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Зарубежная классика
Год издания: 0
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lui montait au cœur, la sentinelle courait sans s’en douter un danger mortel.

      Tout à coup la porte s’ouvrit avec un bruit sourd, un peloton de soldats apparût; on venait relever le factionnaire. Ce dernier, réveillé en sursaut, sauta sur son fusil et présenta les armes; puis, tous les militaires se groupèrent pour échanger la consigne et le mot d’ordre.

      Le Pawnie profita de ce moment pour se glisser comme un serpent au travers du guichet béant devant lui. Un sentiment d’orgueil gonfla sa poitrine; il était au cœur de la place.

      Mais là il se trouvait en pays inconnu, au milieu des plus épaisses ténèbres. Il était entré dans la citadelle une seule fois peut-être, et alors il n’avait pas songé à en connaître la topographie intérieure, jusque-là sans intérêt pour lui.

      Or, ce n’était pas chose facile de cheminer dans ce dédale tout hérissé de périls et dans lequel il ne savait pas comment faire le premier pas.

      Son ardeur de vengeance était telle qu’il s’arrêta à peine à réfléchir, et qu’il entendit d’une oreille impassible la porte énorme retomber dans son cadre de granit, fermant ainsi toute issue pour la retraite. Pendant quelques secondes le pas cadencé des soldats résonna dans l’esplanade, puis tout retomba dans un lugubre silence.

      Wontum ignorait les usages des camps civilisés; mais son instinct naturel lui révélait que, comme dans un village Indien, les logements les plus beaux devaient être réservés aux chefs: cette première donnée lui suffit pour s’orienter.

      Devant lui s’étendait une double rangée de tentes ou de baraques, dont les formes basses et blanchâtres se profilaient sur les noires profondeurs de l’horizon. A sa droite s’élevaient des maisons dont les apparences étaient plus confortables: il en augura que ce devait être là son but.

      Pour s’en approcher l’Indien était obligé de traverser un espace découvert: mais l’obscurité était si épaisse, qu’en usant de précautions, il ne risquait nullement d’être aperçu.

      L’audacieux espion s’avança donc hardiment, rampant à la manière Indienne, invisible, silencieux, rapide comme un démon de la nuit.

      Partout la nuit noire! Au travers d’un volet mal joint, au rez-de-chaussée, s’échappait un mince filet de lumière: deux ou trois clartés tremblotantes se montraient vaguement aux fenêtres de l’étage supérieur. Pas une voix, pas un son ne troublait le morne silence, si ce n’étaient les pleurs lamentables de la pluie ruisselante et le râlement obstiné du vent.

      Tous dormaient d’un sommeil de plomb, excepté ceux dont le devoir était de veiller ou ceux qui entretenaient les lumières brillant à leurs fenêtres:.... Et si des yeux étaient éveillés, si un cœur était inquiet, pourquoi ne serait-ce pas ceux de Manonie, de Cœur-de-Panthère!

      A ce nom, les muscles de l’Indien se crispèrent dans ses mains brûlantes; l’heure de la vengeance arrivait enfin!!

      Il avançait sans relâche, glissant sur le sol avec lequel se confondaient les teintes brunes de son corps, s’arrêtant souvent pour sonder l’ombre dans une muette immobilité. Bientôt il fût tout près de la fenêtre éclairée au rez-de-chaussée: il se redressa, tout palpitant d’une curiosité farouche. D’épais rideaux interceptaient complétement la vue de l’intérieur; l’Indien ne pût rien apercevoir. Alors il appliqua son oreille contre les vitres et écouta: aucun son ne se fit entendre.

      Après un instant d’observation infructueuse l’audacieux bandit frappa un léger coup sur un carreau: nul mouvement ne répondit.

      – Dors! dors! grommela-t-il; c’était ici la chambre du capitaine, lorsqu’il fût blessé, il y a longtemps: il faut savoir si c’est encore la sienne.

      Et il frappa de nouveau contre les vitres, mais plus fort, cette fois. Aussitôt il se fit du bruit dans l’intérieur. Prompt comme l’éclair, le sauvage recula et se coucha par terre.

      Quoiqu’on fût au mois de septembre et que les journées fussent encore chaudes, les nuits commençaient à être fraîches, surtout celle qu’avait choisie Wontum, à cause de la tempête. Les volets étaient donc fermés; mais celui près duquel s’était arrêté Wontum, s’ouvrit en dedans de la croisée, et une forme humaine se montra derrière les vitres dans une espèce d’auréole lumineuse. Il était impossible de distinguer si c’était un homme ou une femme.

      Au même instant, une fenêtre située directement au-dessus s’ouvrit, la tête d’une femme apparut, et une voix féminine s’écria:

      – N’avez-vous pas entendu un bruit inusité, lieutenant Blair?

      – Oui, Manonie. Avez-vous remarqué quelque chose de suspect?

      – Certainement! je ne dormais pas et j’écoutais avec attention pour savoir si je n’entendais pas arriver mon mari que j’attends cette nuit. Eh bien! je jure qu’un individu ou un objet quelconque a frappé à votre volet.

      – Moi, au contraire, j’estime que nous nous sommes trompés tous deux. Ce sera le clapotement de la pluie ou le grincement des volets qui nous aura inquiétés.

      – Non! non! mon oreille a été attentive aux moindres bruits depuis la chûte du jour, elle n’avait rien entendu de semblable jusqu’à ce moment. Je ne serais pas du tout surprise que les Indiens fussent en train de rôder par ici.

      – Vous me paraissez dans l’erreur, Manonie. Vous êtes dans une agitation nerveuse occasionnée par l’absence de votre mari. Il serait impossible à un Sauvage d’entrer ici sans être aperçu. Je vous conseille de vous reposer; cet état d’attente et de vigilance forcée vous fait mal.

      – Il me serait impossible de prendre du repos, alors même que je le voudrais. D’ailleurs, mon petit Harry a eu la fièvre et a passé une partie de la nuit dans l’insomnie. Il dort à cette heure.

      – Sans doute vos inquiétudes l’ont agité. Croyez-moi, remettez-vous au lit, sans vous tourmenter davantage de tout cela. Si, par hasard, le bruit se renouvelait, je sortirais aussitôt pour faire une ronde sévère, et vérifier ce qui se passe.

      – Vous n’avez rien entendu dire sur le sort de mon mari et de nos amis, n’est-ce pas?

      – Pas encore; mais je n’ai aucune crainte à leur sujet.

      – Je n’en puis dire autant: tout ce que je vois depuis quelques jours me donne à penser que les Sauvages préparent quelque méchanceté. J’en ai aperçu bon nombre errant dans les environs, et leur apparition en ces lieux ne présage rien de bon. Je suis tourmentée de l’idée que mon mari n’était pas escorté de forces suffisantes.

      – Oh! nous lui avons encore envoyé cent hommes de renfort. Demain, sans doute, nous les verrons arriver sains et saufs.

      – Dieu le veuille! bonsoir, lieutenant Blair.

      Sur ce propos Manonie ferma ses contrevents.

      Le jeune officier resta encore un moment occupé à sonder les obscurités de la nuit, puis il referma sa fenêtre et alla se coucher.

      Wontum se releva d’un seul bond.

      Si quelque spectateur invisible avait pu apercevoir le visage de l’Indien, il aurait été épouvanté de l’infernale et triomphante expression qui se peignait sur ses traits de bronze. Le démon rouge savait maintenant tout ce qu’il voulait: Manonie était enfin trouvée; sa chambre était connue; l’absence de son mari, l’absence des meilleurs soldats du Fort, la faiblesse numérique de la garnison, tout venait d’être révélé à l’audacieux espion.

      Il eût peine à retenir le cri de joie qui gonflait sa poitrine.

      Son premier mouvement fût de rejoindre ses guerriers et de donner immédiatement l’assaut; une réflexion l’arrêta: le jour allait se lever dans peu d’heures, trop tôt peut-être pour que les Indiens eussent le temps d’être prêts à l’attaque. Or il ne fallait pas se risquer à un combat douteux qui pût aboutir à une défaite.

      D’autre