Masques De Cristal. Terry Salvini. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Terry Salvini
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Серия:
Жанр произведения: Зарубежные детективы
Год издания: 0
isbn: 9788835411376
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me permets de vous écrire pour savoir comment se passe votre convalescence. La blessure à la tête? Et le genou? Gardez le soutien jusqu'à ce qu'il soit complètement dégonflé et que vous ne ressentez plus aucune douleur quand vous pesez de votre poids sur votre jambe.

      Je réfléchis à la possibilité de prendre quelques jours de vacances à l'étranger. Qui sait! J'espère que votre offre tient toujours. Jacques Legrand.

      Elle sourit. Tout pouvait arriver.

      «De bonnes nouvelles?» lui demanda Sarah en entrant dans la pièce.

      Loreley leva les yeux de l'ordinateur. La secrétaire l'observait depuis le seuil, un classeur qui semblait plus grand qu'elle, menue et frêle, serré contre la poitrine.

      «Qu'est-ce que tu m'apportes?

      Sarah baissa le regard sur les dossiers qu'elle tenait à la main.

      –Oh non. Ils sont pour le patron. J'ai vu que tu souriais et j'ai été curieuse; on te voit rarement le faire ces derniers temps.

      –Ce n'est pas une bonne période, avoua-t-elle.

      –Je l'avais compris. Ethan est inquiet pour toi.»

      Loreley se sentit scrutée par ces yeux si sombres que l'on avait du mal à distinguer la pupille de l'iris. Quelques instants de silence suivirent.

      «Si tu as besoin de moi, je suis…, lui dit son amie en réajustant ses grandes lunettes de lecture sur son nez.

      –Merci, j'y penserai.»

      Quand Sarah sortit, Loreley se laissa aller contre le dossier du fauteuil. Vu les propos de la secrétaire, elle soupçonna qu'Ethan était au courant de la situation entre John et elle. Peut-être qu'il savait aussi où il se trouvait. Elle lui extorquerait l'information à tout prix; mais elle devait le surprendre quand il était seul.

      Elle eut l'occasion de se trouver en tête à tête avec lui le jour suivant. Il venait d'entrer pour lui montrer l'article dans le New York Times, qui parlait de l'affaire Wallace: l'opinion publique semblait l'avoir déjà condamné, lui infligeant la peine la plus lourde possible, avant même que le procès ne commence.

      Loreley secoua la tête en lisant la nouvelle. Si elle le condamnait elle aussi au fond d'elle-même, comment espérer que le jury croie cet homme? C'était à elle de le défendre et elle ne le faisait pas de la bonne façon et dans le bon état d'esprit.

      Elle décida qu'elle irait parler à la famille Wallace pour obtenir le plus d'informations possible sur le passé et la personne de Peter. Oui, elle devait creuser dans leur vie.

      «Loreley, tu es là? lui demanda Ethan, debout face au bureau.

      Elle ferma la page du journal et le lui rendit.

      –Désolée, j'ai été distraite en lisant l'article.

      –Je te disais que si tu veux que je t'aide avec cette affaire, je le ferai.

      –Tu es gentil, mais tu as déjà beaucoup à faire et je veux me débrouiller seule.»

      Elle lut dans le regard de l'homme un insistant message d'indulgence, mélangée à de la compassion, qui la mit mal à l'aise. Elle se leva du fauteuil et l'affronta, s'appuyant sur le bord du bureau, les bras croisés.

      «Au lieu de me regarder de cette façon, pourquoi tu ne me dis pas ce que tu penses vraiment?

      –Je ne comprends pas.

      –Allons, tu sais bien que John a quitté la maison… Et tu en connais peut-être même la raison.» Elle lui forçait la main, mais elle n'avait pas le choix si elle voulait lui soutirer quelque chose.

      Elle le vit se gratter la tête, un geste qu'il répétait chaque fois qu'il se sentait en difficulté.

      «Vas-y, Ethan! S'il te plaît.

      L'homme soupira.

      –Que veux-tu que je te dise? Je ne sais pas quoi penser et ce n'est pas à moi de juger: j'ai autant de problèmes que toi dans ma vie sentimentale, et ça me suffit.

      –Tu parles de ta femme? Combien de temps encore tu vas lui permettre d'utiliser votre fils comme arme de chantage? Tu ne dois plus la laisser faire.

      –Si seulement c'était si simple! Si je ne fais pas attention à mon comportement et à ce que je dis avec Stephany, je risque de faire souffrir Lukas. Et moi aussi. J'ai peur qu'elle ne l'emmène de New York pour retourner dans sa ville.

      –Ne cède pas. Ne lui donne pas encore plus d'argent, elle te saigne déjà à blanc. Essaie de lui dire de faire ce qu'elle veut: je veux voir si elle partira d'ici. Et pour faire quoi ensuite?»

      Elle le vit secouer la tête et rester silencieux. Elle éprouva de la tristesse pour lui et laissa tomber le sujet.

      «Tu sais que Johnny m'a quittée à Paris, en me laissant là toute seule? Elle indiqua sa blessure à la tête. Je me suis fait ça en lui courant derrière. Je suis tombée dans les escaliers.

      –Je me suis demandé comment tu t'étais blessée, en effet.

      –Kilmer le savait. Mais revenons au sujet qui m'intéresse le plus en ce moment: Johnny a quitté la maison sans même un coup de fil pour m'informer de ses intentions, ou me donner la possibilité de me défendre. Elle mit ses mains sur ses hanches. Tu sais quoi? Je ne sais pas s'il mérite une explication, ou même si c'est juste de lui donner une seconde occasion de remédier à son comportement!

      –Rien n'est juste dans tout ça et je n'ai aucune envie de prendre le parti d'un de vous deux. Il serra les lèvres et prit une profonde respiration. Écoute, je vous aime tous les deux et ça me fait mal de vous voir comme ça. Il ne va pas bien non plus, je t'assure. Désolé, mais je ne peux rien te dire de plus; parle avec John.

      –Et je fais comment pour lui parler si je ne sais même pas où il est?»

      Ethan ne répondit pas tout de suite: il semblait compter les carreaux du sol avec de petits pas nerveux, en avant et en arrière, les mains dans les poches; jusqu'à ce qu'il s'arrête à nouveau face à elle et la regarde droit dans les yeux. «John est à Los Angeles.

      –Merci, Ethan.

      –Bonne chance!»

***

      La maison des Wallace était une construction de trois étages en briques rouges dans la soixante-et-onzième rue, proche du croisement avec la West End Avenue. Loreley ne dut même pas prendre la voiture pour s'y rendre, parce qu'elle était distante d'à peine un peu plus de deux cents mètres de chez elle. Elle était rentrée du bureau à la maison pour se rafraîchir et changer de chemisier avant de se rendre chez les parents de son client.

      La dame qui lui ouvrit la regarda comme si elle était contrariée et Loreley comprit que son fils ne l'avait pas prévenue de son arrivée. Ce ne fut que lorsqu'elle se fut présentée et eut expliqué la raison de sa visite qu'elle put la voir sourire et entrer.

      Le salon dans lequel elle fut accueillie était meublé sobrement, avec une tendance vers l'ancien: aucun signe d'extravagance, même dans les couleurs de la tapisserie ou dans un objet. Tout semblait à sa place, dans un ordre presque maniaque.

      La maîtresse de maison la fit s'installer sur un canapé de velours crème, avec une série de coussins de la même couleur appuyés contre le dossier.

      «Je peux vous offrir un thé, Mademoiselle Lehmann?» lui demanda la femme, debout, dans une posture raide.

      Loreley l'examina: robe noire, juste sous le genou, escarpins à talon moyen et des cheveux châtains lisses ramenés sur la nuque. Elle n'avait pas une trace de maquillage, mais semblait prête pour sortir. Et vite encore! Ses manières plutôt expéditives le confirmaient.

      «Non, merci, Madame Wallace; ça va comme ça.»

      Elle entendit la serrure de la porte d'entrée se déverrouiller, et des pas. Peu après, un jeune homme grand et mince apparut sur le seuil. D'aspect, il semblait avoir une trentaine d'années et ressemblait à madame Wallace, Loreley en déduisit donc qu'il s'agissait de Michael. Il ne semblait pas du tout être le frère