Masques De Cristal. Terry Salvini. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Terry Salvini
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Серия:
Жанр произведения: Зарубежные детективы
Год издания: 0
isbn: 9788835411376
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soit déjà bien avancée, elle avait encore sommeil: il lui avait été impossible de dormir tranquillement cette nuit, entre alarmes qui sonnaient avec insistance, pas pressés dans les couloirs, voix chuchotantes et lumières allumées.

      Une main se posa sur son bras. C'était une infirmière.

      «Mademoiselle Lehmann, vous devez venir avec moi: le médecin voudrait vous parler. Vous savez, pour la sortie.

      –Oh! Je pars, alors!

      –Le médecin vous expliquera tout.» Elle se pencha pour l'aider à descendre du lit.

      Bien qu'elle ait la tête douloureuse et le genou gonflé, Loreley refusa son aide et la suivit en boitant.

      Tandis qu'elles avançaient, elle entendit une discussion provenir d'une pièce le long du couloir.

      «Je ne comprends pas, il doit y avoir eu une erreur…

      –Docteur Duval, je vous avais demandé de contrôler les résultats des examens, en particulier la valeur des hCG; et c'est justement ce qu'il manque.»

      Elle avait déjà entendu cette voix.

      «Voilà… Entrez ici, Madame» lui dit l'infirmière en indiquant la porte entrouverte de la pièce dont provenaient les voix. Elle l'ouvrit en grand pour faciliter son passage.

      Une odeur de désinfectant au chlore flottait dans la petite pièce. La personne assise derrière le bureau ne leva même pas les yeux des feuilles qu'elle examinait; Loreley ne remarqua que ses cheveux courts et bruns, les larges épaules sous la chemise blanche et les mains à la peau légèrement dorée. L'image de ce médecin lui causa un sentiment d'inquiétude, à la différence de sa voix, qui arrivait à la rassurer.

      La jeune doctoresse blonde debout à ses côtés lui lança un rapide coup d'oeil et l'invita à s'asseoir.

      «Miss Lehmann, il semble que vous soyez en bonne santé et…, lui dit-il dans un anglais à peine compréhensible.

      –Malheureusement, il nous manque une analyse, le coupa l'autre.

      –Vous pouvez rentrer chez vous, Miss Lehmann. Dès que nous aurons les résultats, nous les insérerons dans le dossier» poursuivit l'homme en levant la tête et en regardant Loreley.

      Elle vit alors ses traits, les yeux bleu foncé, comme le ciel au crépuscule.

      «S'il y a quoi que ce soit de nouveau, nous vous informerons: laissez-nous votre adresse email et… Miss Lehmann, quelque chose ne va pas?

      –Jack? Jack Leroy? cria Loreley.

      –Excusez-moi?»

      Elle le fixa en silence. Mon Dieu, on dirait vraiment lui! Il était le sosie du frère d'Ester, avec la barbe…

      Le médecin se leva avec un air inquiet et s'approcha, puis il se tourna vers sa collègue. «Appelez le Docteur Julies.

      –Tout de suite, Docteur Legrand» répondit-elle en soulevant le cornet du téléphone.

      Docteur Legrand? Était-elle stupide! pensa Loreley déçue. Jack parlait un anglais parfait: cet inconnu se débrouillait, mais sa prononciation des voyelles était fermée, le r traînant et le son plus doux.

      Ressentant son inquiétude, elle l'arrêta: «Je vais bien, je vous assure. J'ai juste eu l'impression de vous avoir déjà vu… de vous connaître, bref: je me suis trompée.

      –On peut donc procéder à la sortie.» Il retourna s'asseoir, prit le stylo que la doctoresse lui passa et gribouilla quelque chose sur des papiers. «Vous pouvez prévenir quelqu'un de venir vous chercher?»

      Loreley se raidit, serra les mains et baissa les yeux sur le tas de dossiers aux couleurs pastel sur un côté du bureau.

      «Miss Lehmann» la rappela-t-il.

      Elle leva à nouveau les yeux et rencontra ceux de l'homme, qui l'observaient attentivement; elle tenta d'adopter une attitude plus détendue.

      «Vous êtes venue seule à Paris? Quelqu'un peut vous aider ici?

      Elle pensa à Johnny, mais chassa cette idée sur le champ. Il était peut-être déjà à New York. Elle ajusta une mèche de cheveu derrière son oreille.

      –Vous venez de dire que je peux sortir. Je n'ai besoin de rien, ni de personne» affirma-t-elle d'un ton déterminé.

      Elle vit apparaître sur son visage une expression entre la surprise et le scepticisme. Mentir à quelqu'un qui a un regard si intense et perspicace lui fut très difficile. L'attitude de défense qu'elle avait prise la trahissait déjà. Mais n'était-ce pas à elle de décider pour elle-même en fin de compte?

      «Je vous assure que je vous dis la vérité. Je n'ai personne à contacter et je peux me débrouiller seule.

      Un ange passa.

      –D'accord, vous sortirez comme prévu, dit le médecin. Entretemps, je vous prescris une thérapie à faire à la maison.» Il lui tendit la main pour lui donner quelques documents.

      Elle les prit et les plia sans même leur accorder un coup d'oeil. Elle voulait se soustraire le plus vite possible à cette situation qui la mettait mal à l'aise.

      «Il n'y a heureusement pas de séquelles et l'enfant va bien; mais restez au moins deux jours au repos, poursuivit-il. Pour les points au crâne, vous pourrez vous les faire enlever dans une semaine, dans n'importe quel hôpital. Et gardez la genouillère pendant minimum quatorze jours.

      –Bien sûr, je le ferai.

      –Ce serait mieux que vous reveniez ici pour une visite de contrôle, avant de partir: c'est une précaution que je me sens obligé de vous conseiller.

      –J'y penserai. Je devrai aussi contacter l'assurance santé. Je vous remercie, Docteur Legrand.» Elle prit congé et se leva en se tenant à l'accoudoir de la chaise. Elle posa les yeux sur l'autre médecin: «Docteur…»

      Elle se força à lui sourire, la saluant d'un signe de tête, puis se tourna pour quitter l'infirmerie avec l'esprit comme vidé de toute pensée, mais avec une colère qu'elle n'avait jamais éprouvée, envers John et elle-même. À cause de son état émotionnel, elle ne fit pas attention et appuya son poids sur la mauvaise jambe. Elle tendit les bras en avant à la recherche d'un appui, mais ils heurtèrent un récipient en métal en forme de haricot qui s'écrasa au sol dans un bruit assourdissant, répandant tout son contenu. Sur son genou sain, les paumes des mains sur le sol, Loreley regarda les dégâts, ne sachant si elle devait rire ou pleurer.

      Elle sentit deux mains fortes sur ses épaules, qui l'aidèrent à se relever, tandis qu'un infirmier accourait pour remettre seringues, tubes de pommade, gaze et ciseaux dans le récipient.

      «Tout va bien, Miss Lehmann? lui demanda le docteur.

      –Oui, ce n'est rien. Merci, j'ai juste oublié que j'avais une jambe douloureuse: j'ai toujours été un peu maladroite. Vous pouvez rire, si vous voulez» plaisanta-t-elle.

      Le visage du médecin se détendit et ses lèvres s'écartèrent dans un sourire.

      7

      Loreley enfila une paire d'épais jeans, un pull à col roulé, un manteau en tissu semi-imperméable et des bottines avec un petit talon. Elle se couvrit la tête d'un béret en laine peignée, de façon à cacher son pansement, et protégea son cou d'une écharpe de la même étoffe.

      Après s'être assurée qu'elle n'avait rien oublié dans la salle de bain et dans la chambre, elle descendit dans le hall, paya l'addition et laissa son bagage à la consigne, pour se rendre à l'hôpital sans poids. Elle avait cinq heures devant elle pour se soumettre à la visite de contrôle, récupérer sa valise et arriver à l’aéroport.

      Elle se fit appeler un taxi et l'attendit assise dans un fauteuil.

      Pour être certaine d'être capable d'affronter le voyage, elle était restée à l'hôtel plus que prévu, et avait tenté de vaincre l'ennui en lisant et en regardant la télévision. Elle ne sortait de la chambre que pour descendre au restaurant. Le personnel