"J'aime le chant," dit Nina.
"Et moi l'équitation. On prend toutes les deux des cours le dimanche," précisa Venetia.
"C'est génial," déclara Cassie, elle imaginait leur cadre de vie. Non seulement ces jeunes filles étaient motivées et douées pour les études, mais elles exerçaient des activités que Cassie n'avait jamais pu se permettre.
Cette famille, avec sa ravissante maison moderne, ressemblait pile poil à celles des magazines de luxe qu'on trouvait chez le coiffeur. L'élite, les côtoyer était passionnant et impressionnant à la fois.
Le seul défaut de leur vie parfaite était ce divorce, Cassie se demandait à quoi ressemblait le mari de Mme Rossi. L'empire Rossi était aux mains de sa famille, elle avait vraisemblablement repris son nom de jeune fille après le divorce, à moins qu'elle ne l'ait jamais quitté. Elle se demandait si les enfants avaient été traumatisées par le divorce, si elles voyaient leur père. Elle poserait ces questions à Mme Rossi ou aux enfants en temps voulu.
Cassie réalisa, à sa grande stupéfaction, qu'elle envisageait déjà l'avenir, comme si elle avait accepté le poste.
Les enfants la regardaient avec impatience. Elles n'avaient pas bougé d'un pouce, comme attendant la permission, Cassie était impressionnée par leur self-control.
"Merci beaucoup de m'avoir accordé de votre temps. Je suis ravie d'avoir fait votre connaissance. Il vous reste des devoirs, je suppose ?"
"Allez, les enfants," dit Mme Rossi, elles disparurent dans leurs chambres.
Cassie ne put s'empêcher de la féliciter tandis qu'elles rebroussaient chemin.
"Elles sont incroyables. Je n'ai jamais vu d'enfants si obéissantes et bien élevées. Et douées pour les études, vous pouvez être fière."
Mme Rossi déclara, visiblement satisfaite "Elles sont en plein apprentissage, comme tout enfant, d'ailleurs. Elles hériteront de l'entreprise un jour, je m'efforce de leur inculquer le sens des valeurs."
Elles descendirent le grand escalier et regagnèrent son bureau.
"Vous avez rencontré la famille, nous allons discuter du poste. Vous êtes la première—Abigail s'est emmêlé les pinceaux, nous n'avons pas pu contacter les autres candidats. Vous semblez convenir, les enfants vous ont apprécié. Le poste est à vous s'il vous intéresse. Vous devrez passer du temps avec elles après l'école et le dimanche. Elles ont classe de huit heures à treize heures trente, sauf lors des activités l'après-midi."
Cassie prit une profonde inspiration. Elle reprenait confiance, Mme Rossi estimait qu'elle avait les épaules suffisamment larges pour s'occuper de ses deux filles exceptionnelles. Elle n'avait même pas demandé à contacter les précédents employeurs pour vérifier les références de Cassie.
"Toute opportunité qui se présente est une porte sur l'avenir," poursuivit Mme Rossi. "Ce poste offre des perspectives d'évolution selon vos capacités. Nous avons régulièrement des postes de stagiaires disponibles, si vous souhaitez rester en Italie après la fin de cette mission et travailler dans le monde de la mode, c'est envisageable."
Le cœur de Cassie s'emballa. Elle lui offrait bien plus qu'un travail temporaire. Une nouvelle carrière s'offrait peut-être à elle, un moyen d'améliorer ses chances de retrouver Jacqui et renouer.
Elle s'imaginait avec sa sœur, toutes deux à des postes enviables dans l'univers de la mode, habitant un magnifique appartement dans un quartier chic et pittoresque. Le soir, elles discuteraient de leurs journées respectives et cuisineraient à tour de rôle, avant d'aller en boîte et faire la fiesta en ville.
Plus Cassie y réfléchissait, plus la mission l'enchantait. Il ne s'agissait pas d'un simple poste de fille au pair, elle ne pouvait pas refuser. Elle devait s'impliquer, être parfaite, cette opportunité pouvait changer sa vie.
"J'aimerais vraiment faire un stage à l'avenir, ça a l'air passionnant. J'accepte le poste avec joie. Merci infiniment."
Mme Rossi esquissa un petit sourire.
"Vous êtes engagée. Vous avez vos bagages ?"
"Ils sont dans ma voiture."
"Une domestique vous aidera à les porter dans votre chambre. Ce soir, les enfants et moi sommes chez ma mère, nous dînerons chez elle. C'est le soir de congé de notre cuisinière mais nous avons un service de livraison à domicile. Les menus sont dans le tiroir de la cuisine. Commandez ce que vous voulez et appelez depuis le poste fixe. Ils livrent dans la demi-heure et le mettent sur notre compte."
"Merci," déclara Cassie.
"Je dois vous informer d'une règle importante."
Elle se pencha vers Cassie, qui fit de même.
"Ne laissez personne entrer dans la maison sans savoir son identité. Nous vivons dans un quartier aisé mais malheureusement non exempt de criminalité. Nous avons déjà été la cible de voleurs et cambrioleurs. L'enlèvement et le trafic d'enfants constituent une menace, surtout avec deux fillettes, je tenais à vous en faire part. Ne laissez personne entrer, à moins qu'il ne s'agisse d'une livraison. Est-ce clair ?"
Cassie acquiesça, nerveuse à l'idée que les enfants soient prises pour cible. Sa récente expérience dans le centre de Milan était la preuve que la menace était bien réelle.
"Limpide. Je redoublerai de prudence."
"Bien. A demain," conclut Mme Rossi.
Elle décrocha un interphone, appuya sur un bouton, parla brièvement à toute vitesse en italien avant de raccrocher.
“La bonne arrive,” annonça-t-elle à Cassie.
Le portable de Mme Rossi sonna.
“Ciao,” répondit-elle, impatiente visiblement.
Ecouter la conversation serait impoli, Cassie se leva précipitamment et attendit la bonne à l'extérieur.
Alors qu'elle sortait, elle entendit Mme Rossi dire sévèrement, "Abigail ?"
Cassie se souvint de la femme qui lui avait annoncé par erreur que le poste était pourvu.
Il y eut une pause, Cassie l'entendait parler fort, visiblement en colère.
"Vous vous êtes plantée, Abigail. C'est inacceptable, je me fiche de vos excuses. Inutile de venir demain. Vous êtes virée !"
CHAPITRE SEPT
Cassie s'éloigna du bureau, elle espérait que Mme Rossi ne l'avait pas vue épier la conversation. Elle était profondément choquée. La jeune employée avait été licenciée suite au malentendu concernant le poste ?
Il devait s'agir d'autre chose, elle avait dû faire une sottise, Cassie l'espérait du moins. Elle réalisa avec effroi que tel était le prix à payer pour bâtir un empire, raison pour laquelle si peu réussissaient. Les erreurs et les excuses étaient inacceptables. Elle devrait être constamment sur le qui-vive et faire de son mieux pour ne pas se tromper.
Imaginons qu'elle fasse une erreur, que Mme Rossi le lui reproche de façon véhémente, lui demande de faire ses valises et partir. Elle était furieuse, complètement différente. Cassie ne pouvait pas s'empêcher d'avoir pitié de la pauvre Abigail, mais elle ne pouvait pas juger, ne connaissant pas le contexte.
Cassie fut contente de voir la bonne arriver, et mettre ainsi un terme au monologue qui allait bon train dans le bureau. La femme en uniforme parlait italien mais elles communiquèrent par gestes.
Elles se rendirent sur le parking, la femme indiqua à Cassie où elle devait se garer, dans un box couvert derrière la villa. Elle lui remit la clé de la porte d'entrée avec la télécommande du portail, puis l'aida à porter ses sacs à l'étage.
Cassie prit automatiquement à droite, vers les chambres des enfants, mais la femme de ménage la rappela à l'ordre.
"Non ! Cassie était heureuse de constater que le mot était similaire en italien.
La