La Pire Espèce. Chiara Zaccardi. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Chiara Zaccardi
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Серия:
Жанр произведения: Ужасы и Мистика
Год издания: 0
isbn: 9788873044697
Скачать книгу
du lycée, de la ville et de l’univers tout entier, mais elle fait l’erreur de refermer la porte, après être entrée, d’un coup sonore que sa mère a appris à détecter à des milles de distance.

      « Tu ne dois pas étudier ? Où as-tu été ? » madame Patter apparaît depuis le corridor des escaliers, au premier étage, et regarde en bas en direction de sa fille.

      « Trésor, ne sois pas aussi sévère » le père sort de son bureau et s’approche de sa femme. « Il faut bien aussi un peu de loisirs en dehors des études » dit-il, en regardant Polly monter les escaliers. « C’est pas vrai, Schtroumpfette ? » il lui ébouriffe les cheveux alors que Polly se glisse entre eux et se dirige vers sa chambre, sans prêter attention à l’un ni à l’autre.

      « Oh, Perry, je ne suis pas sûre que la permissivité soit une bonne solution... »

      Polly laisse ses parents discuter dans le couloir et continue à monter jusqu’au deuxième étage. Une fois dans sa chambre, elle réouvre la chemise et pose ses dessins au pied de l’armoire, excepté le dernier qu’elle pose sur la table, à côté d’elle : elle reviendra dessus, pour l’affiner et le colorier, après s’être occupée de l’annonce. Elle veut imprimer quelques exemplaires ce soir pour pouvoir en accrocher un le lendemain matin à l’école, et pourquoi pas faire un tour dans d’autres établissements.

      Son père, qui avait apparemment réussi à se libérer de sa femme, entre sans frapper, comme à son habitude.

      « Je te dérange, schtroumpfette ? »

      Polly bougonne un “ uhmm ”flou et ne prend même pas la peine de faire semblant de faire ses devoirs : elle allume l’ordinateur.

      « Ehi, qu’est-ce que c’est ça ? le père voit l’album ouvert à côté d’elle, et se penche pour l’examiner. « Tu l’as fait aujourd’hui ? »

      « Il n’est pas fini... » répond distraitement la fille, insérant son mot de passe sur l’écran.

      « Cela n’a pas d’importance, il est déjà très beau ! » s’exclame-t-il, enthousiaste. « Quel nom pensais-tu lui donner ? »

      Polly pivote sur son siège et lève la tête pour regarder son père en face : « Allez papa, dis-moi ce que tu veux » .

      « Oh oui, quel étourdi, j’étais venu te faire une proposition très alléchante ! » monsieur Patter sourit. « Ça te plairait de m’aider à préparer ma prochaine exposition ? »

      « Et, tu l’organises où cette fois ? Dans la salle paroissiale de l’église ? »

      « Non, non, non, j’ai pensé à un lieu plus accessible pour donner plus de visibilité aux oeuvres. Tu me crois si je te dis qu’un espace spécifique sera amenagé au centre commercial ? »

      Polly palpe son dos pour s’assurer que le coup de poignard qu’elle vient de recevoir est seulement moral et non physique.

      « Tu as convaincu le directeur d’exposer ton travail à l’intérieur du Cinq Étoiles ? » demande-t-elle, sceptique.

      « Exactement ! C’est pas merveilleux ? »

      « C’est maman qui a payé ? »

      « Oui, maman m’a donné un coup de main, et je voudrais que, toi aussi, tu me soutiennes... »

      Polly sent le poignard remuait dans son dos, s’enfonçant de plus en plus. Sa mère a financé une autre des idées stupéfiantes de son père. Elle ne veut pas dépenser un sous pour l’envoyer à Londres, mais quand il s’agit de faire confiance au pauvre Perry, elle est prête à depenser une fortune. Une fortune destinée à l’homme qui, une demi-heure plus tôt, a donné l’ordre de l’humilier et de la chasser de son esplanade sans intérêt.

      « Je parie que, cette fois-ci, aucun agent ne demandera à mon père une autorisation. Au contraire, il sentira probablement l’odeur des dollars et l’invitera à dîner ! » se dit-elle.

      « Alors schroumpfette, ça te va ? Ton aide me serait précieuse ! » son père cherche à la distraire.

      « Combien de tes toiles sont prêtes ? »

      « J’en ai rassemblé quatre ! »

      « Quatre ? » Polly lui lance un regard noir. « Dans ce cas, tu n’as pas besoin de mon aide pour les transporter jusqu’au Cinq Étoiles, tu peux très bien le faire tout seul... » répondit-elle, se demandant si le mot exposition était bien choisi pour quatre misérables tableaux.

      « Oh, mais tu ne te limiterais pas à ça ! Par exemple, même si ce n’est encore qu’une esquisse, je suis sûr que ton dessin serait très bien au centre commercial ! Sans compter les autres que tu as ici dans ta chambre ! »

      « Ça ne me plaît pas beaucoup d’associer mon nom à un événement autofinancé... Je voudrais que les gens apprennent à me connaître à travers un concours, ou quelque chose dans ce genre-là... »

      « Je partage ton idée, schtroumpfette, mais tu pourrais essayer. Nous mettrions tout sous l’acronyme P. Patter, comme ça, si ça ne devait pas fonctionner, tu serais dans tous les cas à l’abri d’une mauvaise réputation et d’un mauvais... départ artistique ! Ça ne te semble pas être une idée parfaite ? »

      Polly est sur le point de rétorquer quelque chose. Puis, elle se fige.

      Elle reste silencieuse.

      Une idée parfaite ? UNE IDÉE PARFAITE ?

      « Et comment, papa » dit-elle d’une voix monotone. « Une idée absolument parfaite » .

      « Ça me fait plaisir que tu l’apprécies, schtroumpf... »

      « Oui, j’apprécie énormément le fait qu’avec ton petit nom générique tu puisses vendre comme étant les tiennes, les oeuvres que moi j’ai réalisées ! » explose la fille. « En te présentant comme Perry Patter, personne ne remarquera la différence entre toi et moi, comme ça mon nom sera astucieusement caché par ton P., pas vrai ? ! » elle se lève brusquement de la chaise et le pousse pour pouvoir sortir de sa chambre. « TU ES IGNOBLE ! » hurle-t-elle. « N’ESSAIE PAS DE T’APPROCHER DE MES AFFAIRES, OU JE TE LE FERAI REGRETTER ! » elle claque la porte pour ne pas entendre de justifications stupides et dévale les escaliers.

      « Pollyanna, pourquoi tu cries ? » sa mère la croise dans le couloir au premier étage. « Où tu vas ? »

      « DEHORS ! » aboie Polly sans s’arrêter. Elle est aussi furieuse contre elle, d’avoir permis une telle mascarade. Elle passe l’entrée, ouvre la Chrysler avec la télécommande, saute dedans et part sur les chapeaux de roues en marche arrière jusque sur la route principale.

      Elle attendra que la nuit tombe à Garden Park.

      Elle doit absolument se décharger de la situation absurde dans laquelle elle se trouve, et elle sait déjà quoi faire pour cela.

      Parce qu’elle a déjà fait.

      Elle choisit le Garden Park pour deux bonnes raisons : la première, parce qu’il bénéficie de la présence du meilleur kiosque à hot dog de tout l’État ; la deuxième, parce que le Garden se situe pratiquement devant la maison du garçon de ses rêves, et en s’installant juste à côté, elle aura plus de chances de le rencontrer “ par hasard ”.

      Non pas que tous les deux soient amis. Lui, il ne la connaît même pas, et elle, elle n’a jamais eu le courage de se présenter, mais le voir est de toute façon une dose d’adrénaline. Ou du moins, une belle consolation.

      Assise par terre, le dos contre un arbre, accompagnée de son premier sandwich de la journée, Polly se demande ce que Lake Pierce est en train de faire en ce moment.

      RECRUTEMENT

      MERCREDI 13 MARS.

      HIGHWAY 22, À 26 MILLES DE CLES, CALIFORNIE.