La Pire Espèce. Chiara Zaccardi. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Chiara Zaccardi
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Серия:
Жанр произведения: Ужасы и Мистика
Год издания: 0
isbn: 9788873044697
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premier plan, une enseignante à l’expression sévère agite une feuille sous le nez d’une fillette en pleurs.

      « Je n’ai pas pu me préparer comme il faut... » se justifie la fillette. « Vous voyez, mon oncle est mort et... »

      « Bum » commente la voix féminine et l’autre recouvre la conversation d’un fou rire grossier qu’elle est incapable de contenir.

      « ... Et le mois prochain, qui mourra ? » répond l’enseignante.

      « ELLE, J’ESPÈRE ! » hurle la fillette, dans la classe, les bavardages explosent et la caméra oscille.

      La fillette pleure, au bord de l’hystérie et sourde aux réprimandes qui lui sont adresssées.

      « Vous ne comprenez rien, absolument rien ! » crie-t-elle à l’enseignante. Elle bondit sur ses pieds et court en direction de la porte.

      « Et encore, ce n’est pas sa meilleure performance » commente celui qui est en train de filmer.

      Nouveaux fous rires.

      Quelqu’un applaudit.

      Vidéo numéro 62, postée à 21 : 41.

      « Putain, t’es de plus en plus folle » .

      Le portable passe une porte en verre soufflé, opaque, et entre dans une minuscule salle de bain d’une maison.

      « Ôte-toi de là » dit une fille portant une serviette sur la tête.

      « Allez, montre le résultat ! »

      Une main apparaît devant l’objectif et, d’un geste éclair, attrappe la serviette, la faisant glisser à terre. Une masse de cheveux longs et humides se dégage et retombe sur les épaules de la fille.

      « Bon Dieu, tu les as teints en violet ! C’est le moment d’appeler l’asile pour qu’il vienne te chercher ! »

      « Tu veux bien arrêter ? » elle met ses cheveux d’un côté et commence à les peigner.

      « Et ça, c’est quoi ? C’est nouveau ? »

      Zoom sur l’épaule restée découverte. Un tatouage hurle en noir l’écriture “ R.E.P ”.

      « Pourquoi repose en paix ? »

      « C’est un clin d’oeil à tous ceux qui restent en arrière, qui regardent et qui se mêlent des affaires des autres ! »

      La fille récupère la serviette et commence à toucher la caméra avec celle qui la tient.

      « Allez, laisse-moi avant que je te mette dehors ! »

      « Aïe, aïe, ça va, je m’en vais, arrête ! »

      L’objectif se fige sur la silhouette de la fille.

      Trois tatouages et deux piercings visibles.

      Vidéo numéro 95, postée à 07 : 55.

      « Sam, conduis lentement, sinon on n’y voit rien... »

      Bruits de fond, prise de vue depuis une voiture.

      « Okay, je commence... Bonjour de Sam et Nick et bienvenus à la présentation d’une énième et très excitante journée d’école. Nous remercions la prof. Harris pour nous avoir contraints à montrer notre créativité matinale » .

      S’ensuit un juron d’accompagnement.

      « Derrière nous, vous pouvez admirer le bord de mer, dont nous ne profiterons pas aujourd’hui non plus, et de ce côté, nous entrons dans la cour de l’école, où nous voyons les mêmes gueules renfrognées – aussi enthousiastes que nous qui avons encore un mois à attendre avant les vacances d’été – et des échanges dignes des auto-tamponneuses pour les dernières places de parking libres... Désormais, tout est plein et on pourrait carrément rentrer à la maison, mais avant, vous ne pouvez pas manquer notre terrain de foot... Avance Sam, j’ai dit terrain de foot... »

      La voiture tourne à l’angle du bâtiment.

      « ... C’est-à-dire la seule chose décente de notre sympathique établissement scolaire... Ehi, je suis en train de me tromper ! Voilà un nouveau chef d’oeuvre ! »

      L’objectif est avancé hors de la fenêtre baissée, en même temps qu’un rapide virage à gauche est amorcé : « Hier soir, notre artiste devait être très énervé. On est tous comme toi l’ami » .

      Une paroi immense couvre la moitié d’une façade de cinq étages.

      Immense, la demi-figure d’un crâne encapuchonné se profile devant le terrain de foot et, émergeant de profil dans la brume d’une vallée désolée, associe un sourire à un inquiétant clin d’oeil.

      La signature de l’auteur, d’un jaune brillant qui contraste avec la profondeur du sujet, n’est ni un sigle ni un nom : c’est une phrase entière. Une phrase criarde.

      Vidéo numéro 77, postée à 03 : 02.

      Visage masculin boutonneux en premier plan. Un énorme nez écrasé au centre de l’objectif.

      « Regardez-moi ce spectacle, vous devriez me payer pour ça ! » hurle-t-il d’une voix traînante typique d’une personne ivre pour masquer la musique à plein volume.

      Un rideau rouge est soulevé, dévoilant une petite pièce discrète. Sur un canapé, quattre filles sont en train de se passer des bouteilles de champagne. Elles sont toutes en soutien-gorge.

      « On l’enlève ? » demandent-elles à l’unique et chanceux mâle assis parmi elles.

      « Déshabillez-vous et commencez un autre tour ! »

      Il fait couler le vin sur une des filles, et pendant qu’il en enlace une autre, il se baisse pour lui lécher le sein. Une autre le masse entre les jambes, son jean est déjà à moitié ouvert.

      « Ouah, je sais à quoi je penserai quand je me branl... » le boutonneux n’a pas le temps de finir sa phrase coupée par l’arrivée de deux videurs. Ces énergumènes d’un métre quatre-vingt-dix entrent, demandent aux filles de se rhabiller et essayent de remettre sur pied le type.

      « Dégagez ! C’est pas un lieu de streap tease » gueule l’un des deux traînant le groupe vers la sortie latérale sous les protestations générales.

      « Ehi, ce con est complètement fait » le deuxième gorille montre le garçon avec le jean ouvert. « On devrait appeler une ambulance » .

      « T’es malade ? Pose-le sur le trottoir et basta » .

      Vidéo numéro 80, postée à 09 : 07.

      Voix d’encouragement. Prise de vue d’une salle de musique. Cris féminins, gamins qui se lèvent de leur chaise et applaudissent, enseignante à la leçon qui hurle.

      Une fille lance un clavier Roland à la tête d’une autre. L’autre tombe, se relève, la prend par les cheveux. Injures des deux côtés. Images confuses, sifflements d’approbation. Les filles se giflent et se mordent pendant que l’enseignante tente de les séparer.

      Un type portant des lunettes ouvre la porte de la classe, regarde autour de lui le bordel général, tourne autour de la bagarre et va à côté de la caméra.

      « Qu’est-ce qu’elles fichent cette fois ? » demande-t-il.

      « Elles sont en train de se la mettre parce qu’une des deux est allée au lit avec le mec de l’autre, ou un truc dans le genre » répond le propriétaire du téléphone.

      « Bien, comme ça ils ne marqueront pas mon retard sur le registre » marque le commentaire final.

      Il se déconnecte et finit son café, satisfait de sa distraction.

      Réjoui de ce qu’il a vu.

      Il n’y a rien d’autre à ajouter.