donné à mademoiselle Méserai une paire de
girandoles en diamans de très-grand prix. Dans une de leurs dernières entrevues, mais avant que M. le comte eût laissé paraître aucun signe de refroidissement, il aperçut les girandoles sur la toilette de sa maîtresse, et les prenant dans ses mains: «En vérité, ma chère, vous avez des torts avec moi. Pourquoi ne pas me montrer plus de confiance? Je vous en veux beaucoup de porter des bijoux passés de mode comme ceux-ci.—Comment! mais il n'y a pas six mois que vous me les avez donnés.—Je le sais, mais une femme qui se respecte, une femme de bon goût ne doit rien porter qui ait six mois de date. Je garde les pendans d'oreilles et je vais les faire porter chez Devilliers (c'était le joaillier de M. le comte) pour qu'il les monte comme je l'entends.» M. le comte, bien tendrement remercié pour une attention si délicate, mit les girandoles dans sa poche avec une ou deux parures venant aussi de lui et qui ne lui paraissaient plus assez nouvelles, et la brouillerie éclata avant qu'il eût rien rapporté. Il fit pourtant, dit-on, un dernier cadeau à mademoiselle M… avant de la quitter tout-à-fait; et celui-là, la pauvre fille en souffrit long-temps. Il faut dire toutefois, pour rendre justice aux deux parties, que de son côté M. le comte prétendait que, loin de donner, il avait craint de recevoir, et que c'était cette crainte salutaire qui avait amené la rupture.