La fabrique de mariages, Vol. II. Féval Paul. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Féval Paul
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Зарубежная классика
Год издания: 0
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une fille.

      Elle écrivit à Roger, qui ne lui répondit point.

      Il y avait pour elle, dans ce quartier des Invalides où elle avait loué une chambrette, tout un monde de souvenirs. Au temps où son Roger, tambour, lui faisait les doux yeux, ils étaient casernés tous deux à l'École militaire. Que d'hommages en ce temps-là! et comme elle était bien la petite reine de ce brave régiment! – Le colonel lui-même avait pour elle des sourires, et les officiers disaient quand elle passait:

      – Bonjour, petite Perlette.

      Où sont les jeunes fleurs du printemps, quand vient le vent d'automne?

      Tout cela était mort, il n'en restait plus rien.

      Elle allait, avec sa petite fille dans ses bras et tenant par la main son Vital chéri, sur les terre-pleins de ce Champ de Mars où tant de fois elle avait suivi la septième demi-brigade parmi les nuages de poussière poudroyant au soleil.

      C'étaient d'autres soldats qui tenaient l'École. Ils ne la connaissaient plus. Seulement, comme Vital était habillé en enfant de troupe, les vieux lui faisaient signe de la tête en disant:

      – Salut, la petite mère.

      Quelques-uns lui demandaient si son homme était mort. Sa tristesse profonde parlait de veuvage mieux qu'une robe de deuil.

      Un soir qu'elle était seule avec ses deux enfants dans sa chambrette, on frappa à sa porte. – Cela n'arrivait pas souvent.

      Vital dormait dans son berceau; la petite Béatrice pendait au sein.

      Marguerite ouvrit; ce fut Garnier qui entra. Il avait le costume de sergent-major.

      Il y a des choses honteuses et hideuses qu'on ne peut point raconter en détail. Garnier trouva Marguerite plus belle dans ses larmes. Il parla d'amour, ou plutôt il proposa un marché infâme. Il dit à Marguerite:

      – Si vous voulez, Roger vous rappellera près de lui, je me charge de cela.

      Les dédains de la jeune femme le rendirent furieux.

      Nous connaissons Marguerite: elle le chassa.

      En s'en allant, Garnier dit:

      – Je me vengerai.

      Et il se vengea tout de suite, car il ajouta:

      – Roger veut un de ses enfants. Préparez-vous, car je repars dans huit jours, et c'est moi qui le lui mènerai.

      Quand il fut sorti, Marguerite s'affaissa sur elle-même. Elle n'avait point prévu cette nouvelle torture. – Choisir entre ses deux enfants.

      La petite Béatrice souriait déjà, et si vous saviez comme elle était jolie! Mais Vital, le premier-né, Vital, qui était le cœur même de sa mère!

      Ce fut une nuit de larmes et de sanglots. Vital dormait, le cher enfant! Béatrice pleurait, parce que le sein qui l'allaitait venait de se tarir sous le coup de cette immense douleur. Marguerite regardait tour à tour Vital et Béatrice.

      Comment se séparer de celle-ci, qui avait tant besoin de sa mère? – Mais une chose encore plus impossible, c'était d'abandonner Vital!

      A force de pleurer, Béatrice ferma les yeux et s'endormit. Marguerite, engourdie par l'angoisse, resta jusqu'au jour entre les deux berceaux.

      Elle se disait:

      – Il faut choisir!.. il faut choisir!

      Et, chaque fois qu'elle voulait faire ce choix navrant, son âme se déchirait.

      Dès le matin, elle alla consulter un homme de loi pour savoir si son mari avait le droit de lui enlever un de ses enfants. L'homme de loi lui fit une réponse très-catégorique, appuyée sur des textes nombreux. De cette réponse, il résultait que certaines cours avaient décidé l'affirmative, tandis que d'autres avaient consacré la négative.

      La loi, disait l'avocat, était plus claire que le jour, —luce clarior; – mais on pouvait l'appliquer de différentes manières, – selon le point de vue.

      Pour obtenir les enfants jusqu'à l'âge de sept ans, la première chose à faire était de provoquer un jugement en séparation de corps; – ensuite…

      Marguerite n'attendit pas le reste. Elle paya l'avocat et retourna toujours courant à sa chambrette, où les deux petits avaient pu s'éveiller en son absence.

      Le lait ne revint pas. Béatrice fut ainsi sevrée.

      La Perlette quitta sa petite chambre et alla se cacher ailleurs.

      Mais elle ne voulait point désobéir à son mari; c'était seulement pour éviter l'entrevue de cet odieux Garnier. – Le jour et la nuit, la Perlette pleurait entre les deux berceaux, se répétant à elle-même comme une pauvre folle:

      – Il faut choisir!.. il faut choisir!

      La chambre où elle avait cherché un refuge était dans les combles du no 81, rue de l'Université. Garnier lui avait appris que son mari, passé lieutenant, était de retour en France et tenait garnison à Bordeaux. La Perlette mit Béatrice dans un petit berceau bien blanc et la descendit chez M. Rodelet, qui faisait partir chaque semaine des voyageurs pour le Midi. C'était un brave homme que ce père Rodelet. Il fut touché de la situation de Marguerite. Non-seulement il se chargea de faire voyager le petit ange qui était dans le berceau, mais encore il obtint pour Marguerite le poste de concierge de la maison.

      A dater de cet instant, Marguerite Vital n'entendit plus parler de son mari. – Mais elle devait avoir encore, et cela bien souvent, des nouvelles de l'ami Garnier.

      Ce fut lors de ce voyage de Bordeaux à Paris que Garnier se trouva dans le coche avec cette petite Flavie, fille d'un courtier de commerce, qui devait jouer plus tard un si lugubre rôle sous le nom de marquise de Sainte-Croix.

      Garnier, par suite de sa liaison avec la marquise, quitta bientôt l'état militaire et s'établit décidément à Paris.

      Il cessa toutes relations avec Roger, qu'il avait toujours haï et jalousé du meilleur de son cœur, – et n'eut pas mieux demandé que d'oublier la Perlette, qui était maintenant beaucoup trop au-dessous de lui, si le hasard ne l'eût jetée de temps en temps sur son chemin comme une menace vivante de châtiment.

      XI

      – La première femme du comte Achille. —

      Pendant les premières années de la Restauration, vous n'auriez certes pas reconnu Flavie, cette pâle et maigre petite fille qui avait, un beau jour, déserté la maison de son père, sans regret comme sans entraînement de cœur. La puberté l'avait agrandie en tous sens. Elle était belle, non point de cette beauté régulière qui charme par les lignes et l'harmonie des contours, mais de cette splendeur, si l'on peut ainsi s'exprimer, qui rayonne au front des filles du soleil.

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