Mowgli (FR). Kipling Rudyard. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Kipling Rudyard
Издательство: Проспект
Серия:
Жанр произведения: Иностранные языки
Год издания: 0
isbn: 9785392043828
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jusqu'à la fin de ma vie) ; je sens la vérité de vos paroles. Aussi, je ne vous appelle plus mes frères, mais sag (chiens), comme vous appellerait un homme… Ce que vous ferez, et ce que vous ne ferez pas, ce n'est pas à vous de le dire. C'est moi que cela regarde ; et afin que nous puissions tirer la chose au clair, moi, l'homme, j'ai apporté ici un peu de la Fleur Rouge que vous, chiens, vous craignez.

      Il jeta le pot sur le sol, et quelques charbons rouges allumèrent une touffe de mousse sèche qui flamba, tandis que tout le Conseil reculait de terreur devant les sauts de la flamme.

      Mowgli enfonça la branche morte dans le feu jusqu'à ce qu'il vît des brindilles se tordre et crépiter, puis il la fit tournoyer au-dessus de sa tête au milieu des loups qui rampaient de terreur.

      – Tu es le maître ! fit Bagheera à voix basse. Sauve Akela de la mort. Il a toujours été ton ami.

      Akela, le vieux loup farouche, qui n'avait jamais imploré de merci dans sa vie, jeta un regard suppliant à Mowgli, debout près de lui, tout nu, sa longue chevelure noire flottant sur ses épaules, dans la lumière de la branche flamboyante qui faisait danser et vaciller les ombres.

      – Bien ! dit Mowgli, en promenant avec lenteur un regard circulaire. Je vois que vous êtes des chiens. Je vous quitte pour retourner à mes pareils… si vraiment ils sont mes pareils… La Jungle m'est fermée, je dois oublier votre langue et votre compagnie ; mais je serai plus miséricordieux que vous : parce que j'ai été votre frère en tout, sauf par le sang, je promets, lorsque je serai un homme parmi les hommes, de ne pas vous trahir auprès d'eux comme vous m'avez trahi.

      Il donna un coup de pied dans le feu, et les étincelles volèrent.

      – Il n'y aura point de guerre entre aucun de nous dans le Clan. Mais il y a une dette qu'il me faut payer avant de partir.

      Il marcha à grands pas vers l'endroit où Shere Khan couché clignait de l'œil stupidement aux flammes, et le prit, par la touffe de poils, sous le menton. Bagheera suivait, en cas d'accident.

      – Debout, chien ! cria Mowgli. Debout quand un homme parle, ou je mets le feu à ta robe !

      Les oreilles de Shere Khan s'aplatirent sur sa tête, et il ferma les yeux, car la branche flamboyante était tout près de lui.

      – Cet égorgeur de bétail a dit qu'il me tuerait en plein Conseil, parce qu'il ne m'avait pas tué quand j'étais petit. Voici… et voilà… comment nous, les hommes, nous battons les chiens. Remue seulement une moustache, Lungri, et je t'enfonce la Fleur Rouge dans la gorge !

      Il frappa Shere Khan de sa branche sur la tête, tandis que le tigre geignait et pleurnichait en une agonie d'épouvante.

      – Peuh ! chat de jungle roussi, va-t'en, maintenant, mais souviens-toi de mes paroles : la première fois que je reviendrai au Rocher du Conseil, comme il sied que vienne un homme, ce sera coiffé de la peau de Shere Khan. Quant au reste, Akela est libre de vivre comme il lui plaît. Vous ne le tuerez pas, parce que je le défends. J'ai idée, d'ailleurs, que vous n'allez pas rester ici plus longtemps, à laisser pendre vos langues comme si vous étiez quelqu'un, au lieu d'être des chiens que je chasse… ainsi… Allez !

      Le feu brûlait furieusement au bout de la branche, et Mowgli frappait de droite et de gauche autour du cercle, et les loups s'enfuyaient en hurlant sous les étincelles qui brûlaient leur fourrure. À la fin, il ne resta plus que le vieil Akela, Bagheera et peut-être dix loups qui avaient pris le parti de Mowgli. Alors, Mowgli commença de sentir quelque chose de douloureux au fond de lui-même, quelque chose qu'il ne se rappelait pas avoir jamais senti jusqu'à ce jour ; il reprit haleine et sanglota, et les larmes coulèrent sur son visage.

      – Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est ? dit-il. Je n'ai pas envie de quitter la Jungle… et je ne sais pas ce que j'ai. Vais-je mourir, Bagheera ?

      – Non, Petit Frère. Ce ne sont que des larmes, comme il arrive aux hommes, dit Bagheera. Maintenant, je vois que tu es un homme, et non plus un petit d'homme. Oui, la Jungle t'est bien fermée désormais… Laisse-les couler, Mowgli. Ce sont seulement des larmes.

      Alors Mowgli s'assit et pleura comme si son cœur allait se briser ; il n'avait jamais pleuré auparavant, de toute sa vie.

      – À présent, dit-il, je vais aller vers les hommes. Mais d'abord il faut que je dise adieu à ma mère.

      Et il se rendit à la caverne où elle habitait avec Père Loup, et il pleura dans sa fourrure, tandis que les autres petits hurlaient misérablement.

      – Vous ne m'oublierez pas, dit Mowgli.

      – Jamais, tant que nous pourrons suivre une piste ! dirent les petits. Viens au pied de la colline quand tu seras un homme, et nous te parlerons ; et nous viendrons dans les labours pour jouer avec toi la nuit.

      – Reviens bientôt ! dit Père Loup. Ô sage petite Grenouille ; reviens-nous bientôt, car nous sommes vieux, ta mère et moi.

      – Reviens bientôt ! dit Mère Louve, mon petit tout nu ; car, écoute, enfant de l'homme, je t'aimais plus que je n'ai jamais aimé les miens.

      – Je reviendrai sûrement, dit Mowgli ; et quand je reviendrai, ce sera pour étaler la peau de Shere Khan sur le Rocher du Conseil. Ne m'oubliez pas ! Dites-leur, dans la Jungle, de ne jamais m'oublier !

      L'aurore commençait à poindre quand Mowgli descendit la colline tout seul, en route vers ces êtres mystérieux qu'on appelle les hommes.

      

      

      Chanson de chasse du clan de Seeonee

      À la pointe de l'aube, un sambhur meugla —

      Un, deux, puis encore !

      Un daim bondit, un daim bondit à travers

      Les taillis de la mare où boivent les cerfs.

      Moi seul, battant le bois, j'ai vu cela, —

      Un, deux, puis encore !

      À la pointe de l'aube un sambhur meugla —

      Un, deux, puis encore !

      À pas de veloux, à pas de veloux,

      Va porter la nouvelle au clan des loups,

      Cherchez, trouvez, et puis de la gorge tous !

      Un, deux, puis encore !

      À la pointe de l'aube le clan hurla —

      Un, deux, puis encore !

      Pied qui, sans laisser de marque, fuit,

      Œil qui sait percer la nuit – la nuit !

      Donnez de la voix ! Écoutez le bruit !

      Un, deux, puis encore !

      La chasse de Kaa

      

      Ses taches sont l’orgueil du chat-pard, ses cornes du buffle sont l’honneur.

      Sois net, car à l’éclat de la robe on connaît la force du chasseur.

      Que le sambhur ait la corne aiguë, et le taureau les muscles puissants,

      Ne prends pas le soin de nous l’apprendre : on savait cela depuis dix ans.

      Ne moleste jamais les petits d’autrui, mais nomme-les Sœur et Frère.

      Sans doute ils sont faibles et balourds, mais peut-être que l’Ourse est leur mère.

      La jeunesse dit : « Qui donc me vaut ! » en l’orgueil de son premier gibier ;

      Mais la Jungle est grande et le jeune est petit.Il doit se taire et méditer.

      Maximes de Baloo.

      Tout ce que nous allons dire ici arriva quelque temps avant que Mowgli eût été banni du clan des loups de Seeonee, ou se fût vengé sur Shere Khan, le tigre.

      C’était aux jours où Baloo lui enseignait la