Mowgli (FR). Kipling Rudyard. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Kipling Rudyard
Издательство: Проспект
Серия:
Жанр произведения: Иностранные языки
Год издания: 0
isbn: 9785392043828
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qu’ils nous braillaient à la dernière lune, mais nous n’y avons pas fait attention. Ils disent n’importe quoi… même, par exemple, que tu as perdu tes dents, et que tu n’oses affronter rien de plus gros qu’un chevreau, parce que (ils n’ont vraiment aucune pudeur, ces Bandar-Log)… parce que tu crains les cornes des boucs, continua suavement Bagheera.

      Or, un serpent, et surtout un vieux python circonspect de l’espèce de Kaa, montre rarement qu’il est en colère, mais Baloo et Bagheera purent voir les gros muscles engloutisseurs onduler et se gonfler des deux côtés de sa gorge.

      – Les Bandar-Log ont changé de terrain, dit-il tranquillement. Quand je suis monté ici au soleil, aujourd’hui, j’ai entendu leurs huées parmi les cimes des arbres.

      – Ce sont… ce sont les Bandar-Log que nous suivons en ce moment…, dit Baloo.

      Mais les mots s’étranglaient dans sa gorge, car c’était la première fois, à son souvenir, qu’un animal de la jungle avouait s’intéresser aux actes des singes.

      – Sans doute, alors, que ce n’est point une petite affaire qui met deux tels chasseurs… chefs dans leur propre jungle, j’en suis certain…, sur la piste des Bandar-Log, – répondit Kaa courtoisement, en enflant de curiosité.

      – À vrai dire, commença Baloo, je ne suis rien de plus que le vieux et parfois imprévoyant Professeur de Loi des louveteaux de Seeonee, et Bagheera ici…

      – Est Bagheera, dit la panthère noire.

      

      Et ses mâchoires se fermèrent avec un bruit sec, car l’humilité n’était pas son fait.

      – Voici l’affaire, Kaa : ces voleurs de noix et ramasseurs de palmes ont emporté notre petit d’homme dont tu as peut-être entendu parler.

      – J’ai entendu raconter par Sahi (ses piquants le rendent présomptueux) qu’une sorte d’homme était entré dans un clan de loups, mais je ne l’ai pas cru. Sahi est plein d’histoires à moitié entendues et très mal répétées.

      – Eh bien, c’est vrai. Il s’agit d’un petit d’homme comme on n’en a jamais vu, dit Baloo. Le meilleur, le plus sage et le plus hardi des petits d’homme… mon propre élève, qui rendra fameux le nom de Baloo à travers toutes les jungles ; et de plus, je… nous… l’aimons, Kaa.

      

      – Ts ! Ts ! – dit Kaa, en balançant sa tête d’un mouvement de navette.– Moi aussi, j’ai connu la tendresse. Il y a des histoires que je pourrais dire…

      – Qu’il faudrait une nuit claire et l’estomac garni pour louer dignement, dit Bagheera avec vivacité. Notre petit d’homme est à l’heure qu’il est entre les mains des Bandar-Log, et nous savons que, de tout le peuple de la jungle, Kaa est le seul qu’ils redoutent.

      – Je suis lu seul qu’ils redoutent…Ils ont bien raison, dit Kaa. Bavardage, folie, vanité… Vanité, folie et bavardage ! voilà les singes. Mais, pour une chose humaine, c’est un mauvais hasard de tomber entre leurs mains. Ils se fatiguent vite des noix qu’ils cueillent, et les jettent. Ils promènent une branche une demi-journée, avec l’intention d’en faire de grandes choses, et, tout à coup, ils la cassent en deux. Cet hommeau n’est pas à envier. Ils m’ont appelé aussi Poisson jaune, n’est-ce pas ?

      – Ver… ver… ver de terre, dit Bagheera… et bien d’autres choses que je ne peux maintenant répéter, par pudeur.

      – Ils ont besoin qu’on leur rapprenne à parler de leur maître, Aaa-ssp ! Ils ont besoin qu’on aide à leur manque de mémoire. En ce moment, où sont ils allés avec le petit ?

      – La jungle seule le sait. Vers le soleil couchant je crois, dit Baloo. Nous avions pensé que tu saurais, Kaa.

      – Moi ? Comment ?… Je les prends quand ils tombent sur ma route, mais je ne chasse pas les Bandar-Log, pas plus que les grenouilles, ni que l’écume verte sur les trous d’eau… quant à cela. Hsss !

      – Ici, en haut ! En haut, en haut ! Hillo ! Illo ! Illo, regardez en l’air, Baloo du Clan des loups de Seeonee.

      

      Baloo leva les yeux pour voir d’où venait la voix, et Chil le Vautour apparut. Il descendait en balayant les airs, et le soleil brillait sur les franges relevées de ses ailes. C’était presque l’heure du coucher pour Chil, mais il avait battu toute l’étendue de la jungle à la recherche de l’Ours, sans pouvoir le découvrir sous l’épais feuillage »

      – Qu’est-ce que c’est ? dit Baloo.

      – J’ai vu Mowgli au milieu des Bandar-Log. Il m’a prié dé vous le dire. J’ai veillé. Les Bandar-Log l’ont emporté au delà de la rivière, à la cité des singes… aux Grottes froides.Il est possible qu’ils y restent une nuit, dix nuits, une heure. J’ai dit aux chauves-souris de les guetter pendant les heures obscures. Voilà mon message. Bonne chasse, vous tous en bas !

      – Pleine gorge et profond sommeil, Chil, cria Bagheera. Je me souviendrai de toi à ma prochaine prise et mettrai de côté la tête pour toi seul… ô le meilleur des vautours !

      – Pas la peine… Pas la peine… L’enfant avait le Maître Mot. Je ne pouvais rien faire de moins.

      Et Chil remonta en décrivant un cercle pour regagner son aire.

      – Il n’a pas oublié de se servir de sa langue – dit Baloo avec un petit rire d’orgueil. —Si jeune et se souvenir du Maître Mot même des oiseaux tandis qu’on est traîné à travers les arbres !

      – On le lui avait enfoncé assez ferme dans la tête, dit Bagheera. Mais je suis fière de lui… Et maintenant, il nous faut aller aux Grottes froides.

      Ils savaient tous où se trouvait l’endroit, mais peu y étaient jamais allés parmi le peuple de la jungle. Ce qu’ils appelaient en effet les Grottes froides était une vieille ville abandonnée, perdue et enfouie dans la jungle ; et les bêtes fréquentent rarement un endroit que les hommes ont déjà fréquenté. Il arrive bien au sanglier de le faire, mais jamais les tribus qui chassent. En outre, les singes y habitaient, autant qu’ils peuvent passer pour habiter quelque part, et nul animal qui se respecte n’en aurait approché à portée de regard, sauf en temps de sécheresse, quand les citernes et les réservoirs à demi ruinés contenaient encore un peu d’eau.

      – C’est un voyage d’une demi-nuit,… à toute vitesse, dit Bagheera.

      Et Baloo prit un air préoccupé :

      – J’irai aussi vite que je peux, dit-il anxieusement.

      – Nous n’osons pas t’attendre. Suis-nous,Baloo. Il nous faut filer d’un pied leste… Kaa et moi.

      – Avec ou sans pieds, je marcherai de pair avec toi sur tes quatre, dit Kaa sèchement.

      Baloo fit un effort pour se hâter, mais il dut s’asseoir en soufflant, aussi, le laissèrent-ils venir plus tard, et Bagheera pressa-t-elle vers le but son rapide galop de panthère. Kaa ne disait rien, mais quelque effort que fît Bagheera, l’énorme Python de rocher se tenait à son niveau. Au passage d’un torrent de montagne, Bagheera prit de l’avance, parce qu’elle le franchit d’un bond tandis que Kaa traversait à la nage, la tête et deux pieds de cou hors de l’eau, mais, sur terrain égal, Kaa rattrapa la distance.

      – Par la Serrure brisée qui m’a faite libre, – dit Bagheera, lorsque fut descendu le crépuscule, – tu n’es pas un petit marcheur !

      – J’ai faim, dit Kaa. En outre, ils m’ont appelé grenouille mouchetée.

      – Ver… ver de terre,… et jaune, par-dessus le marché.

      – C’est tout un. Allons.

      Et Kaa semblait se répandre lui-même sur le sol où ses yeux sûrs choisissaient