L'ancien Figaro. Anonymous. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Anonymous
Издательство: Bookwire
Серия:
Жанр произведения: Языкознание
Год издания: 0
isbn: 4064066079703
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de la Restauration, revient sur les jésuites; il ne faut point s’étonner de cet acharnement, il y aurait même, je crois, injustice à le blâmer.

      «En ce temps-là, disait, dans l’Univers, M. Veuillot, les Siècle et les Constitutionnel mangeaient tous les matins un jésuite à la croque au sel.»

      N’en déplaise à M. Veuillot, on ne faisait que se défendre. Les jésuites et les congréganistes ont ouvert l’abîme sous les pas de Charles X, il y est tombé, précipité par eux. Alors on fit tout pour le clergé, mais il voulait encore davantage. Il fut insatiable.

      Les journaux, témoins des envahissements, des empiétements quotidiens, cherchaient à y mettre une digue. Il y avait tout à craindre de gens dont les passions politiques ont été de tout temps furibondes. Un pays voisin, d’ailleurs, donnait idée de ce que pouvait être la réaction.

      En 1826, un auto-da-fé annoncé depuis longtemps attira à Valence une foule fanatisée. Le 31 juillet 1826, un pauvre israélite, revêtu du san benito, espèce de blouse couverte de peintures représentant des flammes et des diables, fut conduit au bûcher. Il était condamné à être brûlé vif; son crime était l’HÉRÉSIE. Il marcha au supplice entre une haie de dominicains, qui lui dépeignaient en chemin les délices dont il allait jouir dans l’autre vie pour prix de son supplice; ils l’appelaient frère infortuné. Tant que dura le supplice de la victime, les moines hurlèrent des hymnes dont le chant formidable devait étouffer les cris de l’infortuné.

      Je laisse à penser l’épouvante de l’Europe, en apprenant que les feux de l’Inquisition se rallumaient en Espagne; son horreur, lorsque les journaux lui racontèrent ce sacrifice humain, nouvelle insulte à la religion du Christ.

      Et c’est à nos armes, pourtant, que le fanatisme devait cette puissance. Qu’on s’étonne encore des attaques des journaux!

      Quand la mode des auto-da-fé viendra, la Sentinelle de la Religion se mettra en éclaireur.

      *

       * *

      On parle d’établir de Paris à Bruxelles des relais en permanence à l’usage de MM. les agents de change, les financiers, les libraires, etc., qui désireraient faire banqueroute.

      *

       * *

      Un incendie vient de dévorer six arpents de bois dans la forêt d’Evreux, on assure qu’un jésuite y avait mis le feu en la traversant.

      *

       * *

      M. le procureur général a reçu la dénonciation de M. le comte de Montlosier contre les jésuites; le même jour, M. Saintes a envoyé à Montrouge une dénonciation contre M. Montlosier.

      Le comte de Montlosier, dont il va être si souvent question pendant l’année 1826, avait publié un ouvrage ayant pour titre: Mémoire à consulter sur un système religieux et politique tendant à renverser la religion, la société et le trône. L’auteur y dénonçait l’existence de la congrégation et y livrait le secret de ses actes. Sa conclusion était celle-ci:

      «Les quatre grandes calamités signalées au présent mémoire, savoir: la congrégation, le jésuitisme, l’ultramontanisme et le système d’envahissement des prêtres, menacent la sûreté de l’État, celle de la société, celle de la religion. Elles sont notées par nos anciennes lois; ces lois ne sont ni abrogées ni tombées en désuétude; l’infraction qui leur est portée constitue un délit; ce délit, par cela qu’il menace la sûreté du trône, celle de la société et celle de la religion, se classe parmi les crimes de lèse-majesté, crimes pour lesquels l’action en dénonciation civique n’est pas seulement ouverte, mais commandée...»

      L’effet de ce mémoire fut profond, immense. La France s’épouvanta de se voir ainsi enveloppée dans un vaste réseau de sociétés religieuses secrètes, qui comptaient dans leur sein des ministres et des laquais, des rois et des cardinaux, des femmes et des enfants.

      L’alarme retentit d’un bout du royaume à l’autre. On s’effraya de ces missionnaires, de ces moines, qui s’en allaient par toutes les provinces recrutant, à l’aide de la gendarmerie souvent, des néophytes et des affiliés. On frémit en les voyant embrigader les enfants dans la Société des bonnes études, et leur apprendre à chanter les louanges du Seigneur sur des airs d’opéras comiques en vogue:

      Chrétien diligent,

       Quelle ardeur te dévore.

      sur l’air du fameux chœur de Robin des bois, ou encore:

      La religion nous appelle, etc....

      sur l’air du Chant du départ.

      Par les enfants et les domestiques habilement stylés, la congrégation pénétrait presque dans l’intérieur des familles, qu’elle tenait déjà par les femmes.

      Voilà ce que dénonce le mémoire du comte de Montlosier.

      Et l’effet fut d’autant plus grand, que le comte avait passé sa vie à attaquer le nouveau régime et à défendre l’ancien.

      L’auteur du Mémoire tint sa promesse, et, malgré les cris et les menaces de cette toute-puissante congrégation, le 16 juillet 1826, déposa au greffe de la Cour royale la dénonciation annoncée.

      La Cour devait se déclarer incompétente.

      Mlle Adeline a souvent les yeux fixés sur le parterre d’une façon si singulière, que le parterre se met à rougir.

      *

       * *

      M. d’El*** est le premier baron catholique, comme Montmorency fut le premier baron chrétien.

      *

       * *

      M. Montlosier a dit: «Je soutiendrai mon opinion jusqu’à la mort.» Dépêchons-nous donc, ont dit les jésuites.

      *

       * *

      Hier, nous avons vu M. le comte de Bonald, qui se parlait à lui-même.—C’était sans doute pour voir s’il pourrait se comprendre.

      *

       * *

      M. Briffaut a dit, dans son discours académique, que «Louis XIV imposa la gloire à son siècle.» C’est une imposition à laquelle M. de V... n’a point pensé.

      *

       * *

      Un missionnaire observait très-pertinemment que l’infâme Voltaire avait assez écrit pour perdre deux millions d’âmes, et pas assez pour allumer dix bûchers.

      *

       * *

      Les jésuites ont des poignards, M. de Montlosier n’a que sa plume; les armes sont-elles égales?

      Dimanche, 23 juillet 1826.

       ESQUISSE

       L’ACTEUR DE PARIS ET L’ACTEUR DE PROVINCE

       L’ACTEUR DE PARIS.

      Il est midi, il vient de se lever et, revêtu de son élégante robe de chambre, il fait quelques tours dans son appartement, visite ses tableaux et ses fleurs et demande ses journaux. Il sourit agréablement à la lecture de celui-ci, il grimace à la lecture de celui-là. «Jean!» s’écrie-t-il, et Jean accourt: «Tu renouvelleras mon abonnement à cette feuille et tu en prendras un second à celle-ci... A propos, Jean! tu passeras chez M***, l’auteur de la pièce nouvelle, pour lui dire de venir me voir.»

      Après ce préambule, il se met à table, prend son rôle et le parcourt entre la côtelette et le chablis. «C’est pitoyable, dit-il de temps en temps; les auteurs ne travaillent que pour eux, rien pour les acteurs.» On sonne. «Déjà des visites, à cette heure!... Que voulez-vous, bonhomme?—Je suis le