Les Alcooliques anonymes, Quatrième édition. Anonyme. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Anonyme
Издательство: Ingram
Серия:
Жанр произведения: Здоровье
Год издания: 0
isbn: 9781940889009
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la société et, s’il tenait à vivre longtemps, il allait devoir s’enfermer ou avoir recours aux services d’un garde du corps. Ainsi parlait un médecin renommé.

      Mais cet homme vit encore et de plus, il est libre ; il n’est pas enfermé et n’a pas besoin d’un garde du corps. Sur la planète, il peut aller sans danger partout où vont les hommes libres, à la condition qu’il accepte d’adopter une certaine conduite toute simple.

      Certains parmi les alcooliques qui lisent ce livre peuvent croire qu’ils sont capables de s’en sortir sans une aide spirituelle. Voici, pour vous, la suite de la conversation entre notre ami et son médecin.

      « Vous avez l’état d’esprit d’un alcoolique chronique, lui a déclaré le médecin. À ma connaissance, aucune personne atteinte comme vous l’êtes ne s’est jamais rétablie. » Notre ami a eu l’impression que les portes de l’enfer se refermaient brusquement sur lui.

      « N’y a-t-il pas d’exception ? » demanda-t-il au médecin.

      « Oui, répliqua celui-ci, il y en a. Des exceptions à des cas comme le vôtre existent depuis les temps anciens. De temps à autre, des alcooliques ont parfois vécu ce qu’on appelle une expérience spirituelle vitale. Je considère ces événements comme des phénomènes. On pourrait les assimiler à de grands transferts et réaménagements d’ordre émotionnel. Les idées, les émotions et les attitudes qui dictaient jadis à ces hommes leur conduite sont soudainement mises de côté et ils deviennent dominés par un ensemble de conceptions et de principes entièrement nouveaux. J’ai tenté de provoquer ce genre de réaménagement émotionnel en vous. Mes méthodes ont réussi avec beaucoup de personnes mais n’ont jamais donné de résultats dans un cas comme le vôtre. »5

      Ces paroles ont eu pour effet de rassurer un peu notre ami, qui était tout de même, se disait-il, un membre fidèle de l’Église. Cependant, son espoir s’est évanoui lorsque le médecin lui a affirmé qu’en dépit de la qualité de ses convictions religieuses, celles-ci ne pouvaient dans son cas donner lieu à l’expérience spirituelle vitale nécessaire.

      Voilà dans quelle terrible situation se trouvait notre ami lorsqu’il a vécu l’expérience extraordinaire qui, comme nous l’avons dit, a fait de lui un homme libre.

      Nous avons, à notre tour, cherché la même issue, avec l’énergie désespérée de celui qui se noie. Ce qui semblait d’abord être un mince roseau s’est révélé être la main forte et secourable de Dieu. Une nouvelle vie ou plutôt un « mode de vie » vraiment efficace nous a été offert.

      Dans son livre Varieties of Religious Experience, l’éminent psychologue américain William James expose une multitude de démarches qui ont mené les hommes à Dieu. Notre intention n’est pas de convaincre qui que ce soit qu’il n’y a qu’une façon d’acquérir la foi. Si ce que nous avons vu, appris et senti a un sens, nous tous, de quelque race, croyance ou couleur que nous soyons, sommes les enfants d’un Créateur vivant avec qui nous pouvons établir une relation faite de simplicité et de compréhension dès que nous sommes prêts et assez honnêtes pour essayer. Ceux qui appartiennent à une religion n’y trouveront rien de contraire à leurs convictions ou à leur culte. Aucune friction n’existe entre nous sur ces questions.

      Nous croyons que l’appartenance de nos membres à quelque groupe religieux que ce soit ne nous concerne pas. Pour nous, la pratique religieuse est une affaire entièrement personnelle que chacun doit régler à la lumière de ses affiliations passées ou de son choix présent. D’ailleurs, nos membres ne font pas tous partie de groupes religieux mais la plupart d’entre nous sommes en faveur d’une telle appartenance.

      Dans le chapitre suivant, nous décrivons l’alcoolisme tel que nous le comprenons. Suit un chapitre destiné aux agnostiques. Nous comptons parmi nos membres plusieurs personnes qui jadis étaient de ceux-là. Il est pour le moins étonnant de constater que ce n’est pas là un obstacle sérieux à une expérience spirituelle.

      Plus loin dans le livre, nous expliquons très clairement comment nous nous sommes rétablis. Viennent ensuite quarante-deux témoignages.

      Chaque alcoolique y relate, dans ses propres mots et selon son propre point de vue, la façon dont il s’est mis en contact avec Dieu. Les auteurs de ces récits sont représentatifs de nos membres et donnent une description fidèle de ce qui s’est produit dans leur vie.

      Nous espérons que ces révélations intimes ne seront pas jugées de mauvais goût. Nous voudrions que nombre d’alcooliques, hommes et femmes, qui ont désespérément besoin d’aide, lisent ces pages, et nous croyons que c’est seulement en nous ouvrant complètement et en dévoilant nos problèmes que nous les amènerons à dire : « Oui, je suis comme eux, moi aussi ; il faut que j’aie ce qu’ils ont. »

      4 Pour plus de détails, voir l’annexe II.

      5 Ce point est traité plus en profondeur à l’annexe II.

      Chapitre 3

      AUTRES DONNÉES SUR L’ALCOOLISME

      La plupart d’entre nous avons été réticents à admettre que nous étions de véritables alcooliques. Personne ne trouve agréable de penser que mentalement et physiquement on est différent des autres. Il n’est donc pas étonnant que nos vies de buveurs aient été marquées par d’innombrables et inutiles tentatives pour prouver que nous pouvions boire comme tout le monde. La grande obsession de tout buveur anormal est qu’un jour, il ne sait trop comment, il parviendra à se contrôler et à prendre plaisir à boire. Il est renversant de constater à quel point cette illusion peut persister. Nombreux sont ceux qui s’y accrochent jusqu’aux portes de la folie ou de la mort.

      Nous avons appris à accepter, jusqu’au plus profond de notre être, que nous étions alcooliques. C’est la première étape vers le rétablissement. Toute illusion que nous sommes comme les autres ou qu’un jour nous le deviendrons doit être dissipée.

      Nous, les alcooliques, sommes des hommes et des femmes qui avons perdu la faculté de maîtriser notre consommation d’alcool. Nous savons que jamais un alcoolique véritable ne retrouve cette maîtrise. Nous avons tous eu, à un moment donné, l’impression de nous ressaisir ; mais ces sursis, généralement courts, étaient suivis d’un manque de contrôle encore plus grand qui menait, éventuellement, à un découragement pitoyable et incompréhensible. Nous sommes tous convaincus que les alcooliques de notre catégorie sont aux prises avec une maladie progressive. À la longue, notre condition va sans cesse en s’aggravant, elle ne s’améliore jamais.

      Nous ressemblons à des personnes qui n’ont plus de jambes : elles ne repousseront jamais. Il ne semble exister aucun traitement qui permette à des alcooliques comme nous de ressembler aux autres. Nous avons essayé tous les remèdes possibles. Parfois certains nous ont apporté un bref moment de répit, qui était toujours suivi par une récidive encore plus grave. Les médecins qui connaissent l’alcoolisme s’accordent à dire qu’il est impossible pour un alcoolique de redevenir un buveur normal. Peut-être un jour la science apportera-t-elle la solution, mais ce n’est pas encore fait.

      Malgré ce que nous pouvons dire, nombreux sont les vrais alcooliques qui ne croiront pas appartenir à cette catégorie. En se leurrant eux-mêmes et par toutes sortes de moyens, ils tenteront de se prouver qu’ils sont des exceptions à la règle et que par conséquent, ils ne sont pas alcooliques. Nous sommes prêts à lever notre chapeau à la personne qui, s’étant révélée un jour incapable de se maîtriser devant l’alcool, réussit ensuite à consommer normalement. Dieu sait les nombreux et pénibles efforts que nous avons faits pour tenter de boire comme tout le monde !

      Voici quelques-unes des méthodes que nous avons essayées : boire seulement de la bière ; limiter le nombre de consommations ; ne jamais boire seul ; ne jamais boire le matin ; boire seulement à la maison ; ne pas garder d’alcool chez soi ; ne pas boire durant les heures de travail ; boire seulement en société ; laisser le scotch pour le cognac ; ne boire que du vin ; accepter de donner notre démission