L’information au sujet de César Diaz clignota sur l’écran.
Elles lurent ensemble la dernière mise à jour, puis marquèrent une pause et se regardèrent l’une l’autre.
C’était énorme.
« Cesar Diaz a été libéré sur parole il y a quelques mois, » dit Shelley, à voix haute.
« César Diaz est dans les rues, et cherche peut-être à se venger. Ça expliquerait pour Callie. Faire disparaître les choses auxquelles Clay tenait, pour annoncer son retour avec retentissement, montrer qu’il ne s’est pas adouci. Qu’il est toujours aux commandes.
– Mais qu’en est-il de John Dowling ? Cela n’a toujours pas de sens pour moi. » Shelley fronça les sourcils. « Y a-t-il un lien entre John et Cesar ? »
Zoe parcourut la page, à la recherche de tout ce qui pouvait en ressortir. Visiblement, sans succès. Sur un coup de tête, elle revint à l’affichage précédent, accédant au profil de Clay Jackson.
Sous son nom et son image, ainsi que ses données d’état civil, se trouvaient quelques liens qui menaient à des sections plus conséquentes. L’un de ces liens concernait les affiliations connues, et Zoe cliqua sur celui-ci pour continuer à parcourir le texte.
« Attends une seconde, » dit-elle, remarquant quelque chose qui lui revint en mémoire. « Alicia Smith. Ça semble être un nom banal, mais…
Elle se leva, récupérant le dossier de John Dowling sur la table du milieu, là où elles l’avaient laissé. Elle feuilleta quelques pages avant de trouver enfin ce qu’elle cherchait.
« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Shelley, la regardant d’un air anxieux, ses doigts jouant avec le sautoir en forme de flèche qui pendait autour de son cou.
« Alicia Smith. Interrogée il y a quelques jours par des officiers en uniforme dans le cadre de l’enquête sur la mort de John Dowling.
– Quel est son lien ? »
Zoe sourit, quelque peu victorieuse. « Alicia Smith est la mère de John Dowling.
– Mais que… » Shelley se pencha en avant, examinant à nouveau l’écran. « Attends. Alicia Smith est aussi la tante de Clay Jackson, du côté de sa mère.
– John Dowling est le cousin de Clay Jackson. C’est ainsi qu’il est lié à Callie Everard. »
Et d’un coup, toutes les pièces se mettaient en place.
Shelley se mit en action, tapant sur l’écran de Zoe et déplaçant la souris avec frénésie, tandis que la page se rechargeait. « J’ai les détails de la libération conditionnelle de Cesar Diaz. On ferait mieux d’aller lui rendre visite.
CHAPITRE DIX
Zoe regardait du côté de la pièce où elle s’était rendue pour examiner ostensiblement les certificats accrochés au mur. De là, elle pouvait voir et écouter, mais elle ne se sentait pas de prendre part à la conversation avant d’en être prête.
Craig Lopez ne ressemblait pas à un agent de libération conditionnelle ordinaire, du moins pas à l’image qui venait à l’esprit en évoquant le terme. Il était costaud, mesurait un mètre quatre-vingt-treize et pesait environ quatre-vingt-dix kilos. Par ailleurs, la plupart des muscles qui dépassaient du polo qu’il portait étaient abondamment tatoués. Des gribouillis aux œuvres d’art élaborées, il apparaissait évident qu’il s’imbibait d’encre depuis très longtemps.
Puis il y avait la cicatrice irrégulière sur le côté de son cou, là où une balle avait autrefois traversé sa chair sans le tuer.
De toute évidence, il avait été embauché en raison de son profile unique. Ayant été membre de plusieurs gangs dans sa jeunesse, il pouvait s’adresser à ceux qui y trempaient encore, d’égal à égal. Il connaissait leurs codes.
« César a de nouveau des ennuis, » demanda-t-il, l’air grave et déçu. « Il m’a juré qu’il allait arrêter. Quitter le gang pour quelque chose de mieux.
– Nous n’en sommes pas encore sûres, précisa Shelley. Nous devons l’interroger. »
Craig ouvrit le tiroir d’un classeur et en feuilleta le contenu, avant d’en extraire une feuille de papier. « Voici son adresse de libération conditionnelle. Vous devez procéder avec prudence. S’il est à nouveau mêlé à des affaires de gang, il aura probablement une garde rapprochée. Il a fait de la prison à leur place, il a par conséquent acquis un certain prestige. Ils voudront le protéger. Si vous y allez toutes griffes dehors, ils pourraient mal réagir.
– Compris, dit Shelley. Si nous y allons seules, juste nous deux ? Montrer que nous voulons uniquement discuter ? »
Craig inclina la tête. « C’est plus sûr. Mais assurez-vous que quelqu’un sache où vous êtes. Juste au cas où. »
Shelley inspira de façon saccadée, en hochant la tête. Zoe le remarqua, en se disant que Shelley ne s’était probablement jamais retrouvée dans ce genre de situation auparavant. Avec la façon dont elle se comportait, on en oubliait facilement qu’elle n’avait quitté Quantico que depuis peu. Il y avait beaucoup de situations qui allaient encore lui sembler déstabilisantes, insolites et nouvelles.
Zoe elle-même ne pouvait pas dire qu’elle était totalement à l’aise vis-à-vis des gangs.
« Vous êtes en quelque sorte un expert local de ces gangs ? » demanda Zoe, adressant sa question à Craig.
Il leva les yeux, surpris – c’était la première fois qu’elle prenait la parole depuis le début de la conversation – et haussa les épaules. « Je suppose qu’on peut dire ça. C’est du moins ce qui s’en approche le plus, de ce côté de la loi. Pourquoi ? Vous avez besoin d’informations ?
– Il s’agit de Clay Jackson, l’homme que Cesar a probablement tué, dit Zoe.
– Oh, il l’a tué. Il l’a juste fait assez proprement pour qu’ils ne puissent pas l’attraper, dit Craig. Je l’ai quasiment entendu se confesser, bien qu’il soit trop malin pour clairement l’avouer. »
Zoe hocha la tête, satisfaite d’avoir au moins obtenu la confirmation. « Sa tante, Alicia Smith. Elle a été interrogée sur le meurtre, à l’époque. »
Craig plissa des yeux et les leva vers le plafond, en réfléchissant. « Je ne suis pas sûr que ce nom me dise quelque chose.
– Son fils, John Dowling, est l’une des victimes de meurtres sur lesquelles nous enquêtons actuellement.
Craig comprit l’allusion. « Vous me questionnez sur leur relation. Si Cesar allait assassiner ce John Dowling une fois en liberté, pour faire un coup d’éclat.
– Précisément. »
Craig mordilla ses lèvres, en faisant claquer ses doigts sur son bureau. « Je ne le conçois pas. Clay Jackson était à l’image de ces gars. Le gang était sa famille. Les vrais liens du sang n’étaient pas aussi importants. Autant que je me souvienne, il avait perdu le contact avec la plupart de ses proches. Ses parents ne voulaient rien avoir affaire avec un fils qui était membre d’un gang. »
C’était intéressant. C’était un vide dans leur théorie, mais encore une fois, ce n’était pas une preuve. Craig connaissait ces hommes, mais il ne faisait pas partie des gangs. Plus maintenant. Il y avait des choses qu’ils pouvaient peut-être cacher à ses soupçons.
« Merci, » dit Shelley, en s’approchant pour lui serrer la main. « Nous vous contacterons si nous avons besoin d’autre chose. »
L’adresse