« J’imagine que c’est le cas parfois », dit Rose. « Mais pas avec toi. Avec toi, les choses demeurent plutôt les mêmes…quand il s’agit de moi, tout au moins. »
« Rose, ce n’est pas juste. »
« N’essaie même pas de me dire ce qui est juste maintenant ! Et tu sais quoi, maman ? Oublie simplement pour ça. Cette fois-ci et n’importe quel autre moment où tu voudrais prétendre jouer à la Bonne Mère à l’avenir. Ce n’est pas inscrit dans les cartes pour nous. »
« Rose— »
« Je saisis, maman. Je saisis. Mais est-ce que tu sais combien ça craint d’avoir cette femme en tant que sa mère…une femme dure et géniale avec un travail exigeant ? Une femme que je respecte énormément…mais une femme qui maintes et maintes fois me déçoit ? »
Avery n’avait aucune idée de que dire. Ce qui était tout aussi bien, puisque Rose avait terminé.
« Au revoir, Maman. Merci de me l’avoir fait savoir en avance, par contre. Mieux que de se faire poser un lapin en fin de compte, j’imagine. »
« Rose, je — »
Mais la ligne fut coupée.
Avery enfonça le téléphone dans sa poche et prit une grande inspiration. Une unique larme roula le long de son visage depuis son œil droit et elle l’essuya aussi rapidement qu’elle le put. Elle marcha ensuite avec détermination jusqu’à la zone qui avait été bouclée avec du ruban de scène de crime plus tôt dans la matinée, et la regarda fixement pendant un très long moment.
Du feu, pensa-t-elle. Peut-être est-ce plus que quelque chose que le tueur utilise pour ses actes. Peut-être est-ce symbolique. Peut-être le feu offre-t-il plus d’indices que n’importe quoi d’autre.
Donc pendant qu’elle attendait que le taxi arrive, elle pensa au feu et à quel genre de personnes pourrait l’utiliser pour faire passer une sorte de message. Il était ardu de comprendre cela, toutefois, car elle en savait très peu sur les incendies volontaires.
Je vais avoir besoin d’un deuxième esprit pour travailler sur ça, pensa-t-elle.
Et sur cette pensée, elle tira son téléphone et appela le quartier général du A1. Elle demanda à être mise en contact avec Sloane Miller, la psychologue du A1 et la psy en interne pour les agents et inspecteurs. Si quelqu’un pouvait pénétrer dans l’esprit d’un tueur avec du feu dans la tête, ce serait Sloane.
CHAPITRE SEPT
Avery fut de retour au quartier général du A1 une demi-heure plus tard. En entrant, elle ne prit pas l’ascenseur pour monter à son bureau. À la place, elle resta au rez-de-chaussée et se dirigea vers l’arrière du bâtiment. Elle avait été là-bas auparavant quand elle s’était vue ordonner de discuter avec Sloane Miller, la psychologue sur place, au cours de sa dernière grosse affaire redoutable qui l’avait affectée d’une façon qu’elle n’avait pas encore vraiment acceptée. Mais maintenant elle lui rendait visite pour une autre raison…pour avoir un aperçu de l’esprit d’un tueur. Et, étant dans son élément, la visite paraissait plus naturelle.
Elle arriva au bureau de Sloane et fut soulagée de trouver la porte entrouverte. Sloane n'avait pas vraiment d’emploi du temps déterminé et était plus une sorte de ressource disponible au premier-arrivé-premier-servi pour les forces de police. Quand Avery frappa à sa porte, elle pouvait entendre Sloane taper quelque chose sur son ordinateur.
« Entrez », dit Sloane.
Avery s’exécuta, se sentant bien plus à l’aise que la dernière fois qu’elle avait rencontré Sloane. Ici dans son bureau plutôt que dans le cadre semblable à un vestibule pour les patients, les choses étaient un peu plus formelles.
« Ah, Inspectrice Black », dit Sloane avec une gaieté sincère tandis qu’elle levait les yeux de son ordinateur. « C’est si bon de vous voir ! J’ai été très heureuse d’avoir de vos nouvelles quand vous avez appelé. Comment allez-vous ? »
« Les choses vont bien », dit Avery. Mais au fond d’elle-même, elle savait que Sloane sauterait sur l’opportunité d’analyser ses problèmes avec Rose et sa relation compliquée avec Ramirez.
« Que puis-je faire pour vous aujourd’hui ? », demanda Sloane.
« Eh bien, j’espérais avoir vos lumières sur un type de personnalité particulier. Je mène une affaire impliquant un homme dont nous sommes assez certains qu’il brûle ses victimes. Il n’a laissé que des os et des cendres derrière sur la scène de crime – des os propres, sans calcination ou dégâts. Il y a aussi un tas de cendres et une légère odeur chimique dans l’air…provenant des cendres, je pense. Il est assez évident qu’il sait ce qu’il fait. Il sait comment brûler un corps, qui semble être un savoir assez spécifique à posséder. Mais je ne pense pas qu’il utilise le feu seulement comme un outil pour ses actes. J’ai besoin de savoir quelle sorte de personne emploierait non seulement le feu d’une telle manière mais aussi l’utiliserai comme une sorte de symbole. »
« L’idée qu’il utilise le feu comme une espèce de symbole est une excellente déduction », dit Sloane. « Dans une affaire telle que celle-ci, je peux presque vous garantir ce qui est en train de se passer. Au cœur de cela, je pense que vous pourriez avoir affaire avec quelqu’un qui a un intérêt ou peut-être même des antécédents d’incendie volontaire. Peut-être avait-il autrefois un travail ou un loisir qui incluait le feu. Des études ont montré assez fermement que même des enfants qui sont fascinés par les feux de camp ou les allumettes montrent des signes d’intérêt dans les actes liés aux incendies volontaires. »
« Pouvez-vous me dire quoi que ce soit à propos de ce genre de personnalité qui pourrait nous aider à attraper ce gars le plus tôt possible ? »
« Je peux certainement essayer », dit Sloane. « Tout d’abord, il va y avoir une sorte de problème mental, mais rien de très profond. Cela pourrait être seulement quelque chose d’aussi simple qu’une tendance à la colère même dans les situations les plus innocentes. Il sera aussi probablement peu instruit. La plupart des pyromanes récidivistes n’ont pas passé le brevet au collège. Certains le voient comme une manière de se rebeller contre un système qui n’a jamais pu les comprendre – toutes les inepties telles que certains hommes veulent juste regarder le monde brûler. Certains affirmeront qu’ils ont déclenché des incendies comme acte de vengeance mais ne peuvent jamais définir ce contre quoi ils cherchent à chez se venger. »
« Ils se sentent d’ordinaire isolés ou exclus du monde. Donc il y a de bonnes chances que vous soyez à la recherche soit d’un homme célibataire, soit d’un homme qui est dans un mariage sans amour. Je présumerais qu’il vit seul dans une petite maison – qu’il passe probablement beaucoup de temps dans un bureau à domicile, un sous-sol, un garage de quelque sorte. »
« Et que se passe-t-il quand vous mélangez tout cela avec quelqu’un qui n’a à l’évidence aucun problème avec le fait de tuer des gens ? »
« Cela rend les choses épineuses », admit Sloane. « Mais je pense que les mêmes règles s’appliquent. Les pyromanes sont habituellement très intéressés que les gens voient ce qu’ils ont fait. Allumer des feux est une manière d’attirer l’attention. Ils en sont presque fiers, comme s’il s’agissait de quelque chose qu’ils avaient créé. Quand à votre suspect qui laisse la dépouille…c’en est un d’étrange. Je suppose que cela pourrait être mis en lien avec les rapports mentionnant des pyromanes visitant le site de leurs feux pour regarder les pompiers les éteindre. Le pyromane voit les pompiers travaillant dur et a l’impression d’avoir fait en sorte que