« Non », dit-elle. « Je pense que je vais retourner sur la scène de crime. »
« Kirkley Street ? », dit-il.
« Ouais. Tu peux prendre la voiture pour accomplir la mission que Connelly t’a assigné. J’attraperai un taxi pour rentrer au quartier général. »
« Tu es sûre ? »
« Ouais. Ce n’est pas comme si j’avais quoi que ce soit d’autre à — »
« Merde ! »
« Qu’est-ce qu’il y a ? », demanda Ramirez, inquiet.
« Rose. J’étais censée sortir avec Rose cet après-midi. J’ai fait toute une histoire à propos d’une sortie entre filles. Et on dirait que cela ne va pas avoir lieu. Je vais devoir la laisser tomber encore une fois. »
« Elle comprendra », dit Ramirez.
« Non. Non, elle ne comprendra pas. Je lui fais toujours ça. »
Ramirez n’avait pas de réponse à cela. La voiture demeura silencieuse jusqu’à ce qu’ils atteignent Kirkley Street. Ramirez gara la voiture au bord de la rue directement en face de la scène de crime du matin.
« Sois prudente », dit Ramirez.
« Je le serais », dit-elle. Elle se surprit elle-même quand elle se pencha et l’embrassa brièvement sur la bouche.
Elle sortit ensuite de la voiture et commença immédiatement étudier la scène de crime. Elle était si concentrée et absorbée qu’elle remarqua à peine quand Ramirez s’éloigna derrière elle.
CHAPITRE SIX
Après avoir observé la scène pendant un moment, Avery se tourna et regarda le long de la rue. Ses yeux suivirent le chemin que Donald Greer avait dû emprunter, jusque vers sa droite, où Kirkley croisait Spring Street. Elle descendit la rue, arriva à l’intersection, et ensuite se retourna.
Plusieurs pensées lui vinrent à l’esprit tandis qu’elle commençait à avancer. Le tueur avait-il été à pied tout le temps ? Et si oui, pourquoi était-il venu depuis Spring Street – une rue aussi vide et désolée que Kirkley ? Ou peut-être était-il venu en voiture. Si c’était le cas, où se serait-il garé ? Si le brouillard avait été assez épais, il aurait pu stationner n’importe où le long de Kirkley et sa voiture aurait pu passer inaperçue.
Si l’homme au long manteau noir était en effet leur tueur, il avait marché le long de ce même chemin il y avait de cela moins de huit heures. Elle essaya d’imaginer la scène enveloppée dans l’épais brouillard matinal. Parce qu’il s’agissait d’une partie si désolée de la ville, ce n’était pas malaisé. Tout en marchant lentement vers le terrain où les os et les éclats avaient été trouvés, elle garda les yeux ouverts pour des endroits potentiels ou l’homme aurait pu se dérober à la vue.
Il y en avait bien assez, pour sûr. Il y avait six terrains vides et deux rues adjacentes où l’homme aurait pu se dissimuler. Si le brouillard avait été assez épais, n’importe lequel de ces lieux aurait constitué une couverture suffisante.
Cela soulevait une idée intéressante. Si l’homme s’était caché dans une de ces zones, il avait laissé Donald Greer passer sans l’importuner. Cela éliminait la possibilité que le meurtre ait été un acte de pure violence. La plupart des personnes capables de cette sorte de violence n’auraient pas laissé passer Donald si aisément. En fait, Donald serait devenu une victime dans la plupart des cas.
Si elle avait besoin de preuves supplémentaires que le corps avait été brûlé ailleurs, cette pensée les lui donna. Peut-être, alors, l’objet que l’homme avait déplacé sous son manteau avait été un récipient contenant les restes qu’il avait déposés sur le terrain.
Cela semblait sensé et elle commença lentement à éprouver un sentiment intensifié de réussite. Maintenant elle arrivait à quelque chose.
Elle marcha vers le terrain où les restes avaient été trouvés. Toujours efficace et rapide, O’Malley avait déjà renvoyé la police de la scène. Elle supposa qu’il l’avait fait dès que la scientifique était venue et avait collecté la dépouille.
Elle alla jusqu’à l’endroit où les os et les cendres avaient été placés et se tint simplement là, regardant aux alentours. La zone marécageuse derrière le terrain était plus visible que jamais à présent. Elle était si proche et bien moins ouverte que la propriété. Donc pourquoi quelqu’un jetterait-il les os au milieu plutôt que dans un ruisseau envahi par les mauvaises herbes ? Pourquoi placerait-il les restes au vu et au su de tous plus tôt que de les abandonner dans la boue et l’eau stagnante ?
C’était une question qu’ils avaient déjà abordée. Et dans son esprit, la réponse était la preuve qu’ils avaient affaire à un tueur en série.
Parce qu’il veut que les gens voient son travail. Il est fier et peut-être un peu arrogant.
Elle pensait qu’il pourrait être intelligent, aussi. L’utilisation du brouillard pour se dissimuler indiquait qu’il avait très bien planifié des choses. Il avait dû être persévérant dans la vérification du temps pour s’assurer qu’il aurait assez de brouillard. Il devait aussi connaître assez bien la zone. Cela avait dû nécessiter une sérieuse organisation.
Et le feu…et bien le feu. Pour brûler un corps aussi proprement sans carboniser ou autrement endommager les os indiquait du dévouement et de la patience. Le tueur devait vraiment en connaître beaucoup sur le feu et le processus de crémation.
Brûler, pensa-t-elle. Feu.
Tandis qu’elle étudiait la scène de crime et imaginait le tueur debout à cet endroit même, elle avait l’impression qu’elle était en train de manquer quelque chose – qu’un indice crucial était sous son nez. Mais tout ce qu’il y avait à voir était la zone marécageuse et boueuse à l’arrière de la propriété ainsi que le petit carré d’espace ou une pauvre victime avait été jetée comme si elle n’était rien de plus qu’un tas d’ordures.
Elle parcourut du regard le terrain vague et se demanda si peut-être l’emplacement de la dépouille n’était pas aussi important qu’elle le pensait. Si le tueur utilisait le feu comme moyen de faire passer un message à quelqu’un (soit la victime, soit la police), peut-être était-ce ce sur quoi elle devait se concentrer.
Avec une idée qui était en train de germer dans son esprit, elle sortit son téléphone et appela la compagnie de taxis la plus proche pour partir de là. Après que l’appel eut été passé et que le taxi eut été demandé, elle parcourut ses contacts et regarda fixement le nom de sa fille pendant cinq secondes.
Je suis tellement désolée, Rose, pensa-t-elle.
Elle appuya sur APPELER et porta le téléphone à son oreille tandis que son cœur se brisait un peu.
Rose répondit à la troisième sonnerie. Sur-le-champ elle parut heureuse. Avery pouvait entendre la musique jouer doucement en fond. Elle pouvait imaginer Rose se préparant pour leur après-midi et se détesta un peu.
« Salut, Maman. »
« Salut, Rose » dit Avery.
« Qu’est-ce qu’il y a ? »
« Rose… », dit-elle. Elle sentait les larmes venir. Elle regarda vers le terrain vague derrière elle, essayant de se convaincre elle-même qu’elle devait faire cela et qu’un jour, Rose comprendrait.
Sans qu’Avery ait eu à dire un autre mot, Rose saisit apparemment le sentiment. Elle laissa échapper un petit rire énervé. « Parfait », dit Rose, dont la joie avait maintenant disparu de sa voix. « Maman, est-ce que tu es putain de sérieuse là maintenant ? »
Avery avait déjà entendu Rose jurer