Aristophane; Traduction nouvelle, tome second. Аристофан. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Аристофан
Издательство: Public Domain
Серия:
Жанр произведения: Драматургия
Год издания: 0
isbn:
Скачать книгу
que ce maudit papyrus?

LE VENDEUR DE DÉCRETS

      Je suis Vendeur de décrets, et je viens ici vous vendre les lois nouvelles.

PISTHÉTÆROS

      Lesquelles?

LE VENDEUR DE DÉCRETS

      «Ordre aux Néphélokokkygiens d'user des mesures, des poids et des décrets prescrits aux Olophyxiens.»

PISTHÉTÆROS

      Et toi tu vas user tout de suite de ceux qui sont prescrits aux Ototyxiens.

LE VENDEUR DE DÉCRETS

      Hé! l'homme! que fais-tu?

PISTHÉTÆROS

      Remporte-moi ces lois! Je t'en ferai voir aujourd'hui de rudes.

L'INSPECTEUR, revenant

      J'assigne Pisthétæros, pour fait d'outrages, au mois de Mounykhiôn.

PISTHÉTÆROS

      Vraiment, l'homme! Tu es encore ici?

LE VENDEUR DE DÉCRETS

      «Et si quelqu'un chasse les magistrats et ne les reçoit pas, conformément à la stèle…»

PISTHÉTÆROS

      Ah! quelle misère! Et toi aussi te voilà encore!

L'INSPECTEUR

      Je te mettrai à mal, et je te fais condamner à dix mille drakhmes.

PISTHÉTÆROS

      Et moi je vais briser tes urnes.

L'INSPECTEUR

      Souviens-toi du moment où tu as fait tes ordures près de la stèle, le soir.

PISTHÉTÆROS

      Fi! Qu'on le saisisse! Eh bien! tu ne restes pas?

LE PRÊTRE

      Allons-nous-en d'ici au plus vite; et à l'intérieur sacrifions le bouc aux dieux.

LE CHOEUR

      Désormais c'est à moi, qui vois tout, qui domine tout, que tous les mortels offriront des sacrifices et de solennelles prières. Car mes regards embrassent la terre entière; je préserve les fruits en fleur, en détruisant la race des bêtes de toute espèce, qui, dans la terre, dévorent de leurs mâchoires insatiables les germes sortant du calice, et sur les arbres les fruits qui s'y étalent; je tue celles qui, dans les jardins embaumés, portent le ravage de leur contact funeste: les reptiles et les animaux voraces qui tombent sous mon aile périssent tous jusqu'au dernier.

      Aujourd'hui, plus que jamais, on proclame cet édit: «Celui de vous qui tuera Diagoras de Mèlos, recevra un talent; si quelqu'un tue quelqu'un des tyrans morts, il recevra un talent.» Nous aussi, nous voulons aujourd'hui promulguer ce décret: «Si quelqu'un de vous tue Philokratès le Strouthien, il recevra un talent; s'il l'amène vif, il en aura quatre; car c'est lui qui, faisant des paquets de pinsons, en vend sept pour une obole; puis il souffle les grives, les étale et les torture; aux merles, il passe des plumes dans les narines; il rassemble des pigeons et les tient clos, puis il les contraint à servir d'appelants, enfermés dans le filet.» Voilà le décret que nous voulons publier; et si quelqu'un de vous nourrit des oiseaux captifs dans sa cour, nous lui disons de leur donner la volée. Si vous n'obéissez pas, saisis par les oiseaux, enchaînés aussitôt, vous servirez d'appelants.

      Heureuse la gent ailée! L'hiver, ils ne s'enveloppent point de lænas; l'été, le rayon lumineux ne nous accable pas d'une chaleur suffocante. Mais c'est dans des prés fleuris que j'habite, au sein des feuillages, lorsque la divine cigale, folle de soleil, émet son chant strident à la chaleur de midi: j'hiverne dans les antres creux, jouant avec les nymphes des montagnes; au printemps, nous paissons le myrte virginal, aux baies blanches, et les fruits du jardin des Kharites.

      Aux juges nous voulons dire un mot sur la victoire: nos biens, s'ils nous l'accordent, nous les leur donnerons à tous, présents plus précieux que ceux qui furent offerts à Alexandros. Et d'abord, chose que tout juge souhaite le plus, les chouettes ne vous manqueront jamais, celles du Laurion: elles logeront chez vous, elles nicheront dans vos bourses, et pondront de la petite monnaie. En outre, vous habiterez comme dans des temples, vu que nous élèverons le faîte de vos maisons en forme d'aigle. Si vous exercez une modeste magistrature, et si vous voulez y rapiner quelque chose, nous donnerons à vos mains les serres de l'épervier. Si vous dînez quelque part, nous vous enverrons un vaste jabot. Mais si vous ne nous accordez pas le prix, faites-vous forger des ombrelles de cuivre, et portez-les comme on en met aux statues. Gare à celui de vous qui n'en aura pas: quand vous aurez une khlamyde blanche, vous éprouverez alors notre pire vengeance: tous les oiseaux foireront sur vous.

PISTHÉTÆROS

      Oiseaux, nos sacrifices ont été favorables. Mais je m'étonne qu'il ne vienne des remparts aucun messager nous annoncer comment s'y passent les affaires. En voici un pourtant qui accourt, hors d'haleine, comme le long de l'Alphéios.

UN PREMIER MESSAGER

      Où, où est-il, où? Où, où est-il, où? Où, où est-il, où? Où est Pisthétæros, notre chef?

PISTHÉTÆROS

      Le voici.

PREMIER MESSAGER

      On a bâti la muraille.

PISTHÉTÆROS

      Bonne nouvelle!

PREMIER MESSAGER

      Très bel ouvrage et des plus magnifiques! En haut, elle est si large que Proxénidès le Vautour et Théagénès, sur deux chars qui se croiseraient, feraient courir leur attelage, les chevaux en fussent-ils grands comme le Cheval de bois.

PISTHÉTÆROS

      Par Hèraklès!

PREMIER MESSAGER

      La longueur, je l'ai mesurée moi-même, est de cent stades.

PISTHÉTÆROS

      Par Poséidôn! c'est ce qui s'appelle grand. Et quels ouvriers ont bâti cette oeuvre gigantesque?

PREMIER MESSAGER

      Les oiseaux. Nul autre qu'eux n'était là: ni tuilier ægyptien, ni tailleur de pierre, ni charpentier: ils ont tout fait de leurs mains: aussi suis-je émerveillé. De la Libyè sont venues trente mille grues, qui avaient avalé les pierres d'assises; les râles les ont équarries de leurs becs: dix mille cigognes façonnaient les briques, tandis que l'eau était portée en l'air par les pluviers et les autres oiseaux de rivière.

PISTHÉTÆROS

      Qui leur préparait le mortier?

PREMIER MESSAGER

      Des hérons dans des auges.

PISTHÉTÆROS

      Et comment transportaient-ils ce mortier?

PREMIER MESSAGER

      Voici, mon bon, une invention des plus ingénieuses. Les oies, se servant de leurs pattes comme de pelles, battaient le mortier et l'entassaient dans les auges.

PISTHÉTÆROS

      Ah! vraiment, que ne ferait-on pas avec les pattes?

PREMIER MESSAGER

      En même temps, de par Zeus! les canes, la ceinture serrée, portaient des briques; en haut, la truelle au dos, comme des mères leurs enfants, le mortier au bec, voltigeaient les hirondelles.

PISTHÉTÆROS

      Quel besoin, après cela, de salarier des mercenaires? Voyons, maintenant, quels oiseaux ont construit la charpente du mur?

PREMIER MESSAGER

      Comme charpentiers des plus habiles étaient les pélicans, qui, de leurs becs, équarrissaient les portes: on eût dit le bruit des haches dans un chantier naval. Et maintenant tout est garni de portes, verrouillé et bien gardé; on fait la ronde, la cloche circule, partout sont posées des sentinelles et des feux allumés sur les tours. Mais je cours vite me laver: à toi à présent de faire le reste.

LE CHOEUR

      Eh bien, que fais-tu? Tu t'étonnes de ce que la muraille a été bâtie si vite?

PISTHÉTÆROS

      Oui, par les dieux! et cela en vaut la peine; car, en vérité, tout cela me paraît mensonges. Mais voici un garde qui nous arrive de la ville en messager; il a l'oeil tout en feu.

DEUXIÈME MESSAGER

      Iou Iou! Iou Iou! Iou Iou!

PISTHÉTÆROS

      Qu'y a-t-il?

DEUXIÈME MESSAGER

      Le