Le Capitaine Aréna — Tome 2. Dumas Alexandre. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Dumas Alexandre
Издательство: Public Domain
Серия:
Жанр произведения: Зарубежная классика
Год издания: 0
isbn:
Скачать книгу
poussa un cri terrible en entendant ces paroles et essaya de fuir; mais au même instant un air nouveau retentit, et Judith, entraînée par une puissance surnaturelle, se remit à sauter avec une vigueur nouvelle, tout en suppliant maître Térence, par tout ce qu'il avait de plus sacré au monde, de ne point souffrir que le corps et l'âme de sa pauvre femme suivissent un pareil guide; mais le tailleur, sourd aux cris de Judith, comme si souvent Judith avait été sourde aux siens, ouvrit la porte comme le lui avait commandé le gentilhomme cornu; aussitôt le vieillard s'en alla, sautillant sur ses pieds fourchus et tirant une langue rouge comme flamme, suivi par Judith, qui se tordait les bras de désespoir tandis que ses jambes battaient les entrechats les plus immodérés et les bourrées les plus frénétiques. Le tailleur les suivit quelque temps pour voir où ils allaient comme cela, et il les vit d'abord traverser en dansant un petit jardin, puis s'enfoncer dans une ruelle qui donnait sur la mer, puis enfin disparaître dans l'obscurité. Quelque temps encore il entendit le son strident du violon, le rire aigre du vieillard et les cris désespérés de Judith; mais tout à coup, musique, rires, gémissements cessèrent; un bruit, comme celui d'une enclume rougie qu'on plongerait dans l'eau, leur succéda; un éclair rapide et bleuâtre sillonna le ciel, répandant une effroyable odeur de soufre par toute la contrée; puis tout rentra dans le silence et dans l'obscurité. Térence rentra chez lui, referma la porte à double tour, remit pelles, pincettes, tabourets, chaises, ciseaux, épingles et aiguilles à leur place, et alla se coucher en bénissant à la fois Dieu et le diable de ce qui venait de lui arriver.

      Le lendemain, et après avoir dormi comme cela ne lui était pas arrivé depuis dix ans, Térence se leva, et, pour se rendre compte du chemin qu'avait pris sa femme, il suivit les traces du vieux gentilhomme; ce qui était on ne peut plus facile, son pied fourchu ayant laissé son empreinte d'abord dans le jardin, ensuite dans la petite ruelle, et enfin sur le sable du rivage, où il s'était perdu dans la frange d'écume qui bordait la mer.

      Depuis ce moment, Térence le tailleur est l'homme le plus heureux de la terre, et n'a pas manqué un seul jour, à ce qu'il assure, de prier soir et matin pour le digne gentilhomme qui est si généreusement venu à son aide dans son affliction.

      Je ne sais si ce fut Dieu ou le diable qui s'en mêla, mais je fus loin d'avoir une nuit aussi tranquille que celle dont avait joui le bonhomme Térence la nuit du départ de sa femme; aussi à sept heures du matin étais-je dans les rues de Palma.

      Comme je l'avais présumé, il n'y avait absolument rien à voir; toutes les maisons étaient de la veille, et les deux ou trois églises où nous entrâmes datent d'une vingtaine d'années; il est vrai qu'en échange on a du rivage de la mer, réunie dans un seul panorama, la vue de toutes les îles Ioniennes.

      A neuf heures moins un quart nous nous rendîmes chez M. Piglia: le déjeuner était prêt, et au moment où nous entrâmes il donna l'ordre de mettre les mules à la voiture. Nous avions cru d'abord que M. Piglia nous confierait tout bonnement à son cocher; mais point: avec une grâce toute particulière il prétendit avoir à Gioja une affaire pressante, et, quelles que fussent nos instances, il n'y eut pas moyen de l'empêcher de nous accompagner.

      M. Piglia avait raison de dire que nous réparerions le temps perdu: en moins d'une heure nous fîmes les huit milles qui séparent Palma de Gioja. A Gioja nous trouvâmes notre muletier et nos mulets, qui étaient arrivés depuis une demi-heure et qui étaient repus et reposés. L'étape était énorme jusqu'à Monteleone; nous prîmes congé de M. Piglia, nous enfourchâmes nos mules et nous partîmes.

      En sortant de Gioja, au lieu de suivre les bords de la mer qui ne pouvaient guère rien nous offrir de nouveau, nous prîmes la route de la montagne, plus dangereuse, nous assura-t-on, mais aussi plus pittoresque. D'ailleurs, nous étions si familiarisés avec les menaces de danger qui ne se réalisaient jamais sérieusement, que nous avions fini par les regarder comme entièrement chimériques. Au reste, le passage était superbe, partout il conservait un caractère de grandeur sauvage qui s'harmoniait parfaitement avec les rares personnages qui le vivifiaient. Tantôt c'était un médecin faisant ses visites à cheval, avec son fusil en bandoulière et sa giberne autour du corps; tantôt c'était le pâtre calabrais, drapé dans son manteau déguenillé, se tenant debout sur quelque rocher dominant la route, et pareil à une statue qui aurait des yeux vivants, nous regardant passer à ses pieds, sans curiosité et sans menace, insouciant comme tout ce qui est sauvage, puissant comme tout ce qui est libre, calme comme tout ce qui est fort; tantôt enfin c'étaient des familles tout entières dont les trois générations émigraient à la fois: la mère assise sur un âne, tenant d'un bras son enfant et de l'autre une vieille guitare, tandis que les vieillards tiraient l'animal par la bride, et que les jeunes gens, portant sur leurs épaules des instruments de labourage, chassaient devant eux un cochon destiné à succéder probablement aux provisions épuisées. Une fois nous rencontrâmes, à une lieue à peu près d'un de ces groupes qui nous avait paru marcher avec une célérité remarquable, le véritable propriétaire de l'animal immonde, qui nous arrêta pour nous demander si nous n'avions pas rencontré une troupe de bandits calabrais qui emmenaient sa troïa. A la description qu'il nous fit de la pauvre bête qui, selon lui, était près de mettre bas, il nous fut impossible de méconnaître les voleurs dans les derniers bipèdes et le cochon dans le dernier quadrupède que nous avions rencontrés; nous donnâmes au requérant les renseignements que notre conscience ne nous permettait pas de lui taire, et nous le vîmes repartir au galop à la poursuite de la tribu voyageuse.

      Конец ознакомительного фрагмента.

      Текст предоставлен ООО «ЛитРес».

      Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию на ЛитРес.

      Безопасно оплатить книгу можно банковской картой Visa, MasterCard, Maestro, со счета мобильного телефона, с платежного терминала, в салоне МТС или Связной, через PayPal, WebMoney, Яндекс.Деньги, QIWI Кошелек, бонусными картами или другим удобным Вам способом.

/9j/4AAQSkZJRgABAQEASABIAAD/2wBDAAMCAgMCAgMDAwMEAwMEBQgFBQQEBQoHBwYIDAoMDAsK CwsNDhIQDQ4RDgsLEBYQERMUFRUVDA8XGBYUGBIUFRT/2wBDAQMEBAUEBQkFBQkUDQsNFBQUFBQU FBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBT/wAARCAMeAjoDAREA AhEBAxEB/8QAHQAAAwABBQEAAAAAAAAAAAAAAAECBgMFBwgJBP/EAGgQAAEDAgQEAwUDBQgIEQoD CQECESEAMQMEEkEFBlFhByJxEzKBkaEIQrEJFBVSwRYjJCVicoLRF3ODkqKz4fAmJzM0NTY3VWNk dZOUstLT8RgZQ0RTdISjtMI4RVRWZUZmlaRHV4X/xAAcAQEBAQADAQEBAAAAAAAAAAAAAQIDBAUG Bwj/xABIEQACAQIDBAYHBAcHBAMBAQEAARECIQMxQQRRYXEFEoGRsfAGEyIyUqHBFDPR4RU0QmJy krIWIzVTgsLxJEOi0iVE4lRjc//aAAwDAQACEQMRAD8A4nIfE90BXvE7tEV8Rof1BFxBRIdrh0hu 1NSJsbJGpmZLt3M1SwtNPzFoSFMLAv8AHpQkJMsAQGAJLk9LRUNcBpT7tg4B9BFMipEqSzKYCDpi hlrXuHpZRA8wBf1L2oWLjCWJBAs5PyihctCAl2U0kPawiKGVvEHWUlKQ590ANEPVJnEdnIpSGILA gPpDXu9RFaiGUQnUwsDJO82oasJIUpQ+68+giKBJjV5HIAt5e3WiDsJYDqID9J3misSpSAYAwNL3 G5egUaZDJGklnhyG+lCuIKHcOSHPpUNEGCCAAo2AFhFUxy8oA2hxsIfemo0sNQAcXAn1vQPcAT5p YvJ9IoWLiAJNg/3QejChM/oUEpZJi7gA3vUNQrMk76me5HziqZ5gC5UopgSXH0qF3uBpB0sBJkdh FApggsCggCzJLQbVTNrMoYatLlNtj8ajZpJ5lJSAfMx3JZnExVKlvJSZDCT9BFQiGUsAxBIECqI3 AoJCSClxb1M1A4iA0yREX73iqIBL6hAf0sHFQqmQJYhhO3e1UjEltLABQtqO9AgMPBZMqbe9CMpA 87MH3jZ6FSuSfeSIJs/aKmgyceYGIFgdh6daDISUOqwawJ+E1Qk5AomGaA/eKBq4i0H7pIkdYoZt 57AKHACgA8nZooWJzGUnENmd/hehYkQF9LQWZt+tCch6IkRvG8UksWuOAjvDtULZIQBVsEkgy1oq mYkGcFgGaE9DNBy85gQHgOAT8TNBbTyxgbM/mcl7GIoWABdLJglyA1g1BpYTgykMAWSG9aEmboCw LsGSSR1UZoHny+YCVEWlz87VC52Ka4dh6bRFBwJAkMJsAekVSa28qwyXSdLHYDr1oXkGkBRsAL9V XoMmIBvea0ltnoRcRXUAA5aB2iqTUCGc6XAj+dUDGpICTqAJ3LetEV5XAJJA0gFzsLCKFh6AlALF hpECL0ZElmUojUwAIH1qFbuK6VhRgCfrFC6NMekpLqDTJGwlqDmQQXgRtWjDW4nU6gkpgM/rEU0E y4ZQeDuRfpFQt2CvM7dS0ervRB3E5jYA/wCE9Cee0byHu7vbpFCjfWwsCAT9IpkM4DVEOFEX6RQs 95QXMAAOwfrULN7CIRpuALq9Yq3JYEsoMzEsTNrUIoauL3lBkSRDbRTIZsFh9jIOntBeiFSkoAJJ LEpFu5eoaUaZEE6mDmZPa0VTOfnkMYaQVXdYNzaKSOqr8RnzOzgFwB85qFzyHh+8wLgOwHV6rFOd hgTE/tNC20BZILEWn/JUK7Eo1KPe7jpFGRSCQ4DApcDSNgKpEvyESxUQHD+X1mhmd3nMEAt7z+Zz 69KFWWY0yQwAJ67WoVDdJKVJu