en général, ces jours-là fatigants, mais elle y était à côté de son mari… Elle le voyait, l'entendait, et pour elle, ce charme du cœur se répandait sur tout ce qui l'entourait. Pouvant difficilement s'asseoir, elle allait d'un groupe à l'autre, écoutait et revenait près de la cheminée, où bientôt elle était entourée à son tour, et M. Necker le premier était attentif à tout ce qu'elle disait, et recueillait avec une religieuse et scrupuleuse attention les anecdotes qu'elle racontait avec une grâce charmante. Il est faux qu'elle fût
guindée dans sa conversation… Son maintien était raide, et puis cette malheureuse attitude, cette difficulté de s'asseoir était un des plus grands obstacles au charme du
laisser-aller, qui était surtout alors ce qui dominait dans une société intime et de la haute classe; mais madame Necker suppléait autant que possible à ce laisser-aller, par une finesse d'idée qui plaisait. Celle offerte par elle vous plaisait aussi par la manière dont elle la présentait… il semblait qu'elle était, depuis longtemps, au bord de votre pensée… Enfin, on se trouvait peut-être mieux avec elle qu'avec sa fille, malgré le brillant génie et la faconde toute sublime de madame de Staël… Elle inspirait tout d'abord une grande méfiance de soi-même… Ce sentiment est pénible…