Iris Maria vom Hof
Couscous Crème fraîche
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Inhaltsverzeichnis
Avant-propos
+++ Je suis Couscous Crème fraîche – c’est l’histoire émouvante de Katy Ben Ali. Née au Havre en 1959, Katy en voit de toutes les couleurs dès sa plus tendre enfance. Victime d’abus sexuels au sein de la famille, Katy connaîtra la drogue et la vie dans la rue ; elle se réfugie dans le milieu de la nuit parisienne, et travaillera dans un club de Pigalle – Katy connaît des hauts et des bas, et son destin ne prévoit pas de happy end… jusqu’à ce que, finalement, tout s’arrange.
+++ Le récit de la vie de Katy n’est pas toujours chronologique. Certains souvenirs se recoupent. Certains événements se rencontrent alors qu’ils se sont passés à des époques bien différentes. Le passé a sa propre logique.
Traduction française : Stéphanie Lux
+++ www.roman-couscous.fr = pour trouver l’audio livre et l’appli
L’agression manquée
Montreuil, novembre 2012 +++++ Une soirée froide et pluvieuse, station de métro Mairie de Montreuil. Putain, elle en a vraiment marre de cette merde. Le métro est bondé, et elle veut rentrer chez elle le plus vite possible. Katy force le passage, joue des coudes jusqu’aux portes automatiques et parvient de justesse à sortir de la rame. Sur le quai, toujours le même tableau. Putain d’asociaux. Des mecs à l’air indifférent, le bonnet enfoncé sur le visage, le portable collé à l’oreille : « Hein ?? – Nan, dans le métro, dans le métro !!! Hein ?? Mais oui, j’ai la caisse de bière ! Hein ? » Bien fort, sans gêne, tout dans le pantalon et rien dans le crâne. Peu importe l’heure à laquelle on passe, la racaille est toujours là. Katy a passé la plus grande partie de sa vie à se battre contre ce genre de dingues. Mais maintenant, elle a pigé. A 54 ans, on n’est plus innocent, elle a rayé de sa vie ce type de personnes. Oh oui. Elle aurait bien envie de faire un doigt d’honneur au premier idiot venu. Les bonnes femmes apathiques chargées de sacs en plastique avec trois ou quatre pleurnichards accrochés à leurs jupes font chier elles aussi. Elles se sont foutues là-dedans toutes seules. Des putes transformées en esclaves domestiques. Katy n’est pas tendre. Mais le pire, ce sont les dealers africains avec leur cour de prostituées dans le besoin et autres petits branleurs. Katy ne supporte pas ça. Quelle bande de criminels ! Les seuls qu’elle plaint un peu, ce sont les types qui jouent de la musique au coin des rues, qui ont froid, et pas d’endroit où se laver. Mais à part ça ? A moi non plus, on ne m’a pas fait de cadeaux, se dit-elle en se frayant un passage dans la foule. +++ Il s’en passe des choses dans le métro, même si ce n’est pas visible pour tout le monde. Le va-et-vient des passagers est propice au trafic de drogue. Certains serrent entre leurs doigts des billets roulés qu’ils échangent à toute vitesse contre un petit sachet emballé dans un papier quelconque ou une barre de shit. Ceux qui repartent les mains vides tirent la tronche. C’est quand même dingue, cette vie en marge. Quelle est cette mélancolie qui entraîne autant de gens dans ce cauchemar éveillé ? On continue à se piquer, à avaler des trucs, à fumer. Héroïne, cocaïne, amphétamines, tranquillisants, tout dépend des moyens qu’on a. Seringues, cuillères, aiguilles, tout est là. Mais quand tu n’as pas un centime en poche, tu fais comment ? Ceux qui ont les moyens recherchent en général l’excitation du plaisir interdit. Chichon, shit, drogues récréatives, aucun problème, tu peux tout avoir. En poudre, en comprimés, en cristaux, en liquide. Mais comment tu fais pour te camer à mort quand t’as pas un rond ? Quand tu ne peux même pas te payer un huitième de gramme de coke ? Si tu as de la chance, tu peux aider à préparer les sachets, contre un peu de dope peut-être. C’est un début, mais à la longue ça ne te suffira plus. Et après ? Quand tu as touché le fond, tu le fais pour 10 ou 15 euros. Et tu peux t’estimer heureuse si ton client accepte de mettre une capote. C’est comme ça que ça se passe. +++ Moi, c’est pas ma tasse de thé. Le visage de Katy s’éclaire d’un sourire. Grâce à des petits boulots réguliers avec des personnes âgées, Katy arrive à mettre suffisamment de côté pour remplir chaque jour le Tupperware qu’elle garde dans son sac en bandoulière. De l’herbe impec, de super qualité. En réserve, toujours un peu