Et si sur un tel rivage
On rencontre quelqu’un
Et on lui parle
Alors cet échange
Serait une conversation au paradis.
froid clôture nuit longer
Aujourd’hui je ne me souviens plus
Quelle était cette ville —
Kharkov ? Varsovie ?
Ou une autre
Métropole
À l’ouest de la Russie ?
Peut-être Vilnius.
Peut-être Lvov.
Je me souviens seulement qu’il faisait
Un froid sévère,
Inhabituel pour ces contrées-là
Même en hiver.
C’était en début de soirée,
Mais l’obscurité était déjà complète, noire,
Celle que l’on peut voir en Ukraine et en Pologne.
Je l’explique par une qualité spécifique de l’air
Et le fuseau horaire
Où il fait nuit très tôt.
Le tram longe la clôture du jardin de la ville.
Barres de fer massives toutes givrées,
Et derrière la clôture, des rangées d’arbres,
Leurs branches couvertes
De gelée blanche
Dans la lumière des réverbères.
Il me semble toujours
Que derrière ce souvenir
Glacé et muet
Doit se cacher une histoire.
Mais je n’arrive pas à en saisir
Ni le déroulement,
Ni les personnages.
géographie totalement chanter trésor
Une chanson fut diffusée à la radio
Dans une langue qui m’était totalement inconnue.
Les mots de la chanson ne ressemblaient à rien.
On pouvait distinguer seulement
Des noms géographiques :
Angleterre, Amérique,
Australie, Afrique,
Et chaque couplet se concluait
Par un triste refrain :
Addis Abyaba,
Addis Abyaba…
La voix du chanteur était cordiale et sincère.
Alors je pus saisir le sens de la chanson :
Cet émigré d’Éthiopie
Avait parcouru tous les continents,
Mais il n’en a cure.
Dans le monde entier, il n’a qu’un seul trésor —
Laissée au loin
Son Addis-Abeba natale.
tarder entendre lac foudre
Nous étions au bord du lac
Par une nuit d’été.
L’air était lourd, l’orage approchait.
Je devais rentrer sous la tente
Avant qu’il n’éclate,
Mais je tardais.
La veille, j’avais entendu
Quelqu’un en ma présence
Lire à voix haute l’évangile,
Et maintenant je voulais voir de mes yeux
La foudre briller
D’un bord à l’autre du ciel.
aube mots monde sérénité
Un jour, en Bulgarie,
Nous décidâmes d’aller à la mer
Pour observer le lever du soleil.
Mon smartphone l’annonçait à 6h48.
Nous quittâmes l’hôtel à 6h43.
Il n’y avait que trois cents pas à faire jusqu’à la plage.
Sur le chemin, nous n’échangeâmes
Que peu de mots.
Le calme du matin. Sérénité.
De ce côté de la mer Noire
Le pays du soleil levant
Était la Géorgie.
De là, du côté de Poti ou de Soukhoumi,
À la minute indiquée apparut
Le bord du soleil.
Le soleil se leva vite.
Il avait la couleur d’une rose bulgare
Ou du logo de la compagnie aérienne Wizzair.
Un nouveau monde du matin,
Rose et grand,
Se créa dans le ciel.
Pour nous ce fut
L’aube d’une nouvelle vie,
Notre première aube
Dans une existence où
Il y avait plus eu de soirs
Que de matins.
tissu pastèque chez-soi neige
Je ne sais plus dans quel poème
Ou récit que j’ai lu,
Il était question d’une pastèque brisée dans la neige :
Vert et rouge sur blanc.
Le petit garçon l’avait prise
Et l’avait emportée chez lui.
Maintenant cela me revient :
C’était une histoire de guerre et de famine.
Des souvenirs de ces temps-là
Ont toujours des couleurs ternes,
Tel un tissu délavé,
Mais dans celui-ci, les couleurs étaient étonnamment vives.
couleurs pas route gris
Lorsque je faisais mes premiers pas
Sur la route de la vie,
De quelles couleurs le monde était-il fait?
La