Mesdames Nos Aïeules: dix siècles d'élégances. Albert Robida. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Albert Robida
Издательство: Bookwire
Серия:
Жанр произведения: Документальная литература
Год издания: 0
isbn: 4064066074562
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      NOBLE DAME, FIN DU XIVe SIÈCLE.

      L'architecture et la toilette mettent de côté, en même temps, le pompeux et le solennel; toilette rococo, architecture à falbalas, c'est tout un.

      Sous le Grand Roi.

      Plus tard, les gens de la Révolution et de l'Empire se costumant à la grecque et à la romaine, édifices et maisons font de même. Puis les modes et les édifices sont absolument sans style et de toute banalité de 1840 à 1860, époque de transition et d'attente.

      De nos jours enfin, époque de recherches et de fouilles archéologiques, d'essais et de reconstitutions, temps d'érudition plus que d'imagination et de création, nous voyons la mode et l'architecture, marchant toujours de conserve, fouiller ensemble dans les cartons du passé, essayer également l'un après l'autre tous les styles, s'éprendre successivement de toutes les époques, en adopter les formes pour les rejeter vite l'une après l'autre... Soyons donc de notre temps et plongeons nous aussi dans les cartons du passé à la recherche des jolies choses et des originalités de jadis.

      Au delà d'une certaine époque, les documents certains n'abondent pas et nous devons nous contenter de suppositions. Qui nous dira vraiment ce qu'étaient le costume et la mode, et par cela l'aspect de la vie, aux temps mérovingiens et carlovingiens, lorsque:

      Quatre bœufs attelés, d'un pas tranquille et lent,

       Promenaient dans Paris le monarque indolent.

      Qui nous dépeindra les élégances de ces époques nébuleuses? car, en dépit de la rudesse et de la barbarie, il devait s'en trouver tout de même, puisqu'en maints passages de leurs écrits, déjà les vieux chroniqueurs, évêques ou moines, fulminent contre le luxe effréné des femmes.

      Sous Louis XV.

      Qui nous dépeindra les contemporaines de Charlemagne et nous renseignera un peu sur les élégances du Xe siècle? Quelques statues peut-être, parvenues jusqu'à nous plus ou moins écornées, seront nos seuls documents; nous devrons nous en contenter et les rapprocher des vagues renseignements contenus dans les barbares illustrations des manuscrits d'alors, encore si éloignées des magnifiques miniatures que les enlumineurs du moyen âge prodigueront plus tard.

      Le premier journal de modes, c'est donc pour nous quelque portail de cathédrale ou quelque statue tombale échappée par miracle aux ravages du temps et au marteau des iconoclastes huguenots ou sans-culottes.

      Plus tard, les miniatures, les vitraux, les tapisseries nous apporteront des renseignements plus complets et plus certains, des figures bien plus précises; le document abondera.

      D'ailleurs, dès le XIVe siècle, le vrai journal de modes existe; il n'a pas encore adopté la forme gazette que nous lui connaissons depuis cent ans seulement, mais c'est le journal de modes tout de même, le renseignement voyageant sous la forme de poupées qui portent des modèles de costumes d'un pays à un autre, de Paris surtout.

      Car Paris tenait déjà le sceptre et gouvernait la mode, non pas, il est vrai, comme aujourd'hui, d'un pôle à l'autre, des confins de l'Amérique glaciale à l'Australie, vouée encore aux petits os passés dans les narines pour toute coquetterie, il y a cinquante ans à peine, de la cour des Radjahs d'Asie au sérail du Grand Turc et au palais de S. M. l'impératrice du Nippon fleuri.

      Au moyen âge, des grandes dames, en notre cher petit coin d'Europe, s'envoyaient de petites poupées habillées à la dernière mode du jour par des coupeurs de robes, des couturières ou des couturiers dont le nom n'est point passé à la postérité.

      Dans son château lointain, perdu dans les landes bretonnes ou perché sur quelque roc des bords du Rhin, la duchesse ou la margrave avait ainsi dans les grandes occasions, communication plus ou moins rapide des élégances à la mode dans les grands centres de luxe comme la cour de Paris ou la cour de Bourgogne, rivales en faste et en éblouissements, et dont les comptes remis au jour nous révèlent les grandes dépenses avec tous les détails de ces somptuosités dont les contemporains étaient éblouis et que tous les chroniqueurs ont rapportées.

      Certaines villes importantes recevaient aussi de la même façon les décrets de la mode, puisque nous voyons, pendant des siècles, Venise, autre centre d'arts somptuaires, trait d'union entre le négoce de l'Orient et le luxe de l'Occident, recevoir chaque année une poupée parisienne. Dans la ville des doges, c'était un usage immémorial d'exposer, le jour de l'Ascension, sous les arcades de la Merceria, au bout de la place Saint-Marc, la toilette de l'année, cette image d'une parisienne à la dernière mode, pour l'édification des nobles vénitiennes qui se portaient en foule à l'exhibition.

      Sous Louis XII.

      L'Escoffion.

       MOYEN AGE

       Table des matières

      Les Gauloises teintes et tatouées.—Premiers corsets et premières fausses-nattes.—Premiers édits somptuaires.—Influence byzantine.—Bliauds, surcots, cottes hardies.—Les robes historiées et armoriées.—Les ordonnances de Philippe le Bel.—Hennins et Escoffions.—La croisade de frère Thomas Connecte contre les Hennins.—La dame de Beauté.

      Il faut avoir le courage de l'avouer, ici même, dans ce Parisis qui porte et fait triompher partout l'étendard de l'élégance, les aïeules de Mesdames les Parisiennes, il y a quelque deux mille ans, se promenaient un peu attifées à la mode des élégantes Néo-Zélandaises d'aujourd'hui, dans la grande et sombre forêt qui des bords de la Seine remontait aux rives de l'Oise et s'en allait toucher aux Ardennes en un vaste et inextricable bois de Boulogne.

      Ces Gauloises, belles et rudes, allant épaules découvertes et bras nus, étaient peinturlurées et probablement tatouées; dans tous les cas il est certain qu'elles se teignaient les cheveux.

      Les nombreux bijoux parvenus jusqu'à nous, fibules, torques ou colliers, bracelets, agrafes en bronze et quelquefois en argent ou en or, témoignent que ces demi-sauvagesses primitives connaissaient un certain luxe. Tous ces objets présentent dans leur style une grande analogie avec le style d'ornementation qui s'est perpétué jusqu'à nos jours dans la Bretagne actuelle.

      La vieille Gaule barbare devenue la Gaule romaine, les Gauloises se montrèrent vite, à l'imitation des Romaines, très raffinées en civilisation et en luxe. Le corset, mesdames, date de cette époque, corselet d'étoffe moulant le corps plutôt qu'instrument de torture violentant les lignes.

      Le goût primitif pour la peinture éclatante ne se perdit pas tout à fait, la teinture devint du simple fard; déjà les essences pour entretenir la fraîcheur du visage étaient inventées et aussi les fausses nattes. Ces tresses d'un blond ardent,—couleur dès longtemps à la mode, on le voit,—étaient achetées aux paysannes de la Germanie, aux Gretchens du temps d'Arminius.

      Un retour à la barbarie et à la simplicité suivit les invasions de ces Francs,