Je ferai fournir trois mille quintaux de blé aux Grisons, à condition qu'ils nous donneront des chevaux en paiement. J'ai, à votre demande, fait détruire le fort de........ Je vous enverrai tout ce que vous demandez. Il est nécessaire que vous ayez la plus grande surveillance du côté de la Valteline, pour connaître les mouvemens que Beaulieu pourrait faire, et m'en prévenir à temps.
Il me serait facile de vous faire passer quelques milliers de fusils de chasse; mais cela serait-il bien employé dans les mains de nos amis, et s'il est vrai que les chefs des ligues sont vendus à la maison d'Autriche, ne serait-il pas dangereux d'accroître leurs moyens de nuire?
BONAPARTE.
Au quartier-général à Milan, le 23 prairial an 4 (11 juin 1796).
Au directoire exécutif.
Le général Laharpe était du canton de Berne: les autorités de ce canton lui ont confisqué ses biens au commencement de la révolution. Je vous prie de vous intéresser pour les faire rendre à ses enfans.
Les Suisses nous ont fait demander la circulation de quelques milliers de riz, nous ne leur avons accordé qu'à condition que le canton de Berne restituerait au jeune Laharpe les biens de son père. J'espère que vous approuverez cette mesure.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Milan, le 23 prairial an 4 (11 juin 1796).
Au citoyen Barthélémy, ambassadeur à Bâle.
Le canton de Berne a confisqué, au commencement de la révolution, les biens de feu le général Laharpe; je vous prie de vous intéresser pour les faire rendre à son fils.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Milan, le 23 prairial an 4 (11 juin 1796).
Au général Moreau.
Je vous fais passer un million que vous tirerez sur Bâle, des mains du citoyen Barthélémy, ambassadeur de la république à Gênes, à qui je donne ordre de l'adresser.
L'armée d'Italie a demandé au directoire la permission de vous faire passer cet argent, provenant des contributions de guerre, afin de soulager nos frères d'armes de l'armée du Rhin. Je suis flatté que cette occasion, etc.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Pavie, le 24 prairial an 4 (12 juin 1796).
Au chef de l'état-major.
Vous donnerez les ordres pour que l'on établisse dans le château de Pavie deux mille lits, avec des fournitures complètes. Le commissaire des guerres requerra, à cet effet, de la ville, les matelas, couvertures et draps nécessaires.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Tortone, le 25 prairial an 4 (13 juin 1796).
Le général en chef porte plainte à la commission militaire, contre le seigneur d'Arcquata, M. Augustin Spinola, comme étant le chef de la rébellion qui a eu lieu à Arcquata, où il a été assassiné plusieurs soldats, déchiré la cocarde tricolore, pillé les effets de la république, et arboré l'étendard impérial.
Le seigneur d'Arcquata et sa femme se sont toujours livrés à leurs instigations perfides.
Je demande que la commission militaire le juge conformément aux lois militaires.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Tortone, le 25 prairial an 4 (13 juin 1796).
Au gouverneur d'Alexandrie.
Les officiers et soldats de la garnison de Serravalle ont pris part à la dernière rébellion des fiefs impériaux; ils ont encouragé les paysans, en leur fournissant des munitions de guerre.
Cette conduite est très-éloignée d'être conforme aux intentions du roi et de M. le duc d'Aoste.
Je vous demande de faire punir sévèrement la conduite indigne de ces militaires.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Tortone, le 26 prairial an 4 (14 Juin 1796).
Au chef de l'état-major.
Vous donnerez l'ordre au vingt-deuxième régiment de chasseurs à cheval de se rendre à Vérone, au quartier-général du général Masséna, où il sera à sa disposition.
Vous donnerez l'ordre à toutes les compagnies de grenadiers ou détachemens de demi-brigades qui composent la division du général Masséna, de les rejoindre de suite.
Vous donnerez l'ordre au troisième bataillon de la deuxième demi-brigade de rejoindre sa demi-brigade.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Tortone, le 26 prairial an 4 (14 juin 1796).
Au sénat de la république de Gênes.
La ville de Gênes est le foyer d'où partent les scélérats qui infestent les grandes routes, assassinant les Français et interceptant nos convois, autant qu'il est en eux.
C'est de Gênes que l'on a soufflé l'esprit de rébellion dans les fiefs impériaux. M. Girola, qui demeure dans cette ville, leur a publiquement envoyé des munitions de guerre; il accueille tous les jours les chefs des assassins, encore dégoûttans du sang français.
C'est sur le territoire de la république de Gênes que se commettent une partie de ces horreurs, sans que le gouvernement prenne aucune mesure; il paraît au contraire, par son silence et l'asile qu'il accorde, sourire aux assassins.
Malheur aux communes qui voient avec joie et même avec indifférence ces crimes qui se commettent sur leur territoire, et le sang français répandu par des assassins!
Il est indispensable que ce mal ait un terme, et que les hommes qui, par leur conduite, protègent les brigands, soient très-sévèrement punis.
Le gouverneur de Novi les protège, je demande que le gouvernement en fasse un exemple sévère.
M. Girola, qui a fait de Gênes une place d'armes contre les Français, doit être arrêté, ou au moins chassé de la ville de Gênes.
Ces satisfactions préalables sont dues aux mânes de mes frères d'armes, égorgés sur votre territoire.
Pour l'avenir, je vous demande une explication catégorique. Pouvez-vous ou non purger le territoire de la république des assassins qui le remplissent? Si vous ne prenez pas des mesures, j'en prendrai: je ferai brûler les villes et les villages sur lesquels il sera commis l'assassinat d'un seul Français.
Je ferai brûler les maisons qui donneront refuge aux assassins. Je punirai les magistrats négligens qui auraient transgressé le premier principe de la neutralité, en accordant asile aux brigands.
L'assassinat d'un Français doit porter malheur aux communes entières qui ne l'auraient pas protégé.
La république française sera inviolablement attachée aux principes de la neutralité; mais que la république de Gênes ne soit pas le refuge de tous les brigands.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Tortone, le 27 prairial an 4 (15 juin 1796).
Au citoyen Faypoult, ministre à Gênes.
Je vous envoie le général Murat, mon aide-de-camp. Je désire que vous le présentiez de suite au sénat pour lui remettre lui-même la note qu'il vous communiquera. Si vous la présentiez, il faudrait quinze jours pour avoir la réponse, et il est nécessaire d'établir une communication plus prompte, qui électrise ces messieurs.
L'armée du Rhin a battu les ennemis. Le général Berthier doit vous avoir envoyé le bulletin de Bâle.
Tout va bien; je vous embrasse. Les nouvelles de Paris