Le Fils des Dragons. Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: Le Temps des Sorciers
Жанр произведения: Книги для детей: прочее
Год издания: 0
isbn: 9781094343204
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en attendant les ordres. D'aucuns étaient assis autour de feux de camp, Finnal s'arrêtait avec certains d'entre eux, blaguait et riait. Il distribua des pièces à certains, probablement pour essayer de s'attirer leur dévouement.

      Erin ne pouvait pas comprendre ce que sa sœur lui trouvait. Oh, il était plutôt séduisant de prime abord, gracieux et élégant, les pommettes hautes, le sourire aux lèvres. Il portait des vêtements sombres bordés d'argent afin d'attirer les regards sur sa silhouette. Tous s'inclinaient assurément sur son passage, tel l'astre solaire émergeant de derrière un nuage. Mais Lenore méritait mieux ; elle méritait un homme qui l'aime d'amour sincère.

      Elle méritait un homme qui n'essaierait pas de l'épouser pour l’emprisonner, n’enverrait pas des malfrats à sa suite simplement parce qu'elle avait osé sortir. Finnal le paierait cher.

      Erin sourit en voyant Finnal se frayer un chemin et traverser le grand salon en direction des écuries. Le château était une vraie fourmilière, trouver l’endroit adéquat pour une embuscade s'avérait délicat mais Erin était sûre d'y parvenir. Elle connaissait le lieu idéal.

      Erin renonça à son idée de demeurer une ombre silencieuse et traversa la cour jusqu'à atteindre l'angle opposé à celui occupé par Finnal. Elle fit demi-tour, gravit une volée de marches en pierre jusqu'au niveau inférieur du mur d'enceinte et se faufila devant l'un des gardes qui veillait sur les îlots de la cité, avança à pas de loup et se glissa sur le toit des écuries.

      Elle s'était cachée ici à maintes reprises dans sa jeunesse, la cachette était idéale pour éviter les leçons d'étiquette que sa mère tenait à lui inculquer, mais également parce qu'un trou ménagé dans la toiture lui permettait de voir les écuries. Erin espionnait les parties de chasse ou les chevaliers se préparant à parcourir le royaume, jalouse qu'ils en aient le droit, et pas elle. Elle s'empara de sa lance et observa, aux aguets.

      Passerait-elle vraiment à l'acte ? La nervosité la gagnait, elle avait déjà tué mais jamais de sang-froid. Comptait-elle vraiment tuer le mari de sa sœur, le laisser pour mort dans les écuries ?

      La réponse était pourtant simple : si elle ne s'en chargeait pas personnellement, alors qui le ferait ? Oh, Lenore avait parlé de sa servante qui tenterait quelque chose, trouverait une preuve qui les convaincraient de se débarrasser de Finnal plus élégamment, mais quelles étaient ses chances de réussite ? A supposer qu'ils obtiennent des preuves susceptibles de convaincre la plupart, Vars accepterait-il d'annuler le mariage ? C'est lui qui avait fait pression pour que la noce ait lieu sans tarder.

      Peut-être, dès lors que leur père se réveillerait, mais son idée était plus rapide, plus expéditive, et … Finnal le méritait. Personne n'avait le droit de menacer la sœur d'Erin.

      Elle attendit jusqu'à ce qu'elle entende des voix en contrebas.

      "…le plus grand cheval bai," dit Finnal, quelque part en bas.

      "Mais monsieur, ce cheval appartient au Prince Rodry."

      "Et je souhaite honorer sa mémoire en l'offrant à sa sœur. Elle distinguait le haut de sa tête aux cheveux bouclés. "N'oubliez pas que je suis son mari et que les terres que je possède comptent désormais … hmm, d'où est originaire votre famille, déjà ?"

      La menace était à peine voilée, ce qui ne fit qu'ajouter à la colère d'Erin. Cet homme faisait preuve de cruauté depuis qu'il exerçait le pouvoir, il avait bien trompé son monde. Pis encore, il essayait de voler son frère mort et menaçait sa sœur. Erin ne le supporterait pas.

      "A moins que je demande au palefrenier."

      "Excellente idée. J'attendrai," décréta Finnal.

      Le garçon d'écurie ne comptait visiblement pas lui poser la question mais n'avait pas le choix, Finnal attendait. Unique avantage : Finnal resta seul dans les écuries, chevaux mis à part, en pleine ligne de mire d'Erin. Erin s'empara du fourreau de sa lance, le cœur battant à tout rompre. Elle pouvait y arriver, elle devait y arriver, pour sa sœur.

      L'angle n'était pas idéal, Erin changea de position sur le toit, ou du moins, essaya. Son pied traversa le toit de chaume, elle lutta pour ne pas crier, elle avait failli tomber. Elle parvint à se rétablir en plantant sa lance dans le chaume.

      Erin s'accroupit hors de sa vue de longues secondes. Elle entendait marcher sur le mur d'enceinte mais savait que les gardes ne pourraient pas la voir de là où ils étaient. Elle était plus préoccupée par la probabilité d'avoir effrayé Finnal. Elle osa malgré tout regarder par l'interstice ménagé dans le toit des écuries, il était toujours là, à observer les chevaux comme s'il essayait de déterminer auquel prétendre.

      Erin brandit sa lance, ajusta sa prise, prête à tirer. La lance était courte, mais elle ne doutait pas de réussir à la propulser d'ici et atteindre Finnal en plein cœur. Erin inspira profondément, stabilisa sa main, sentit la tension monter et—

      Une main se referma sur la hampe de la lance, arrêtant son geste.

      "Vous comptez le tuer en plein jour ?" murmura Odd, désapprobateur.

      Erin lui tournait le dos. L'ancien chevalier portait toujours l'habit de moine de l'Ile de Leveros, son épée en travers du dos. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il se déplace aussi silencieusement.

      "Il doit mourir," siffla Erin, Finnal s'éloignait alors même qu'elle jetait un œil par l'ouverture.

      "Que se passera-t-il lorsque vous l'aurez tué ?" demanda Odd. Il n'avait toujours pas lâché son arme. "Primo, votre lance sera fichée dans sa poitrine. Princesse ou pas, on ne peut tuer le fils d'un duc impunément. Vous seriez pendue !"

      "Même Vars n'oserait pas me faire pendre," déclara Erin. "Et pour protéger Lenore—”

      "Pour protéger votre sœur, vous devez rester en vie !" aboya Odd en écartant Erin. "Faites en sorte de ne pas vous retrouver à moisir dans un cachot, et déclencher une guerre civile qui nous tuera tous."

      "Tuer ce … cet individu mettra fin aux problèmes, au contraire," insista Erin.

      "Pas quand la moitié des nobles le soutiennent, lui et son père. Cela montrerait au royaume que la monarchie essaie de gouverner sans prendre le moindre avis, ni faire preuve de modération. Faites preuve de sagesse, Erin."

      "Vous êtes donc tant au fait ?" lâcha Erin, en regardant Odd et les chevaliers. "Croyez-vous que je ne sache pas qui vous êtes, qui vous étiez ? Vous n'avez certes pas hérité du surnom de Sire Oderick le Sage !"

      "Non, ils m'ont surnommé le fou." Il dégaina son épée étincelante du fourreau en un éclair, Erin esquiva de justesse avec sa lance. "Ils m'ont traité de fou. Ils disaient que j'étais un monstre."

      Il frappa encore et encore, forçant Erin à reculer, pas à pas.

      "Vous croyez que la colère est bonne conseillère ? Je ne connais que ça, la colère." Il frappa encore et encore, Erin était suffisamment hors d’elle pour riposter. Elle avança d'un pas et …

      … sauf qu'il n'y eut pas de "et", Erin était au bord du toit. Elle chuta, lâchant sa lance. Elle crut se briser les os sur les pavés plus bas. Sauf qu'Odd ne l'avait pas seulement poussée vers le bord du toit, mais vers le seul endroit avec un point d'eau juste en-dessous. Erin atterrit dans une gerbe d'eau, fut brièvement submergée et ressortit en crachotant.

      Odd était déjà en bas, lui tendait sa lance.

      "Ça va mieux ?"

      "Je me demande ce qui me retient de vous tuer," dit Erin, face à son regard lourd de sens. "Mais … pas encore. Vous avez raison. Je ne peux pas simplement le tuer, n'est-ce pas ?"

      Odd secoua la tête et lui lança sa lance. "Nous trouverons un autre moyen. Votre sœur a contracté une union dangereuse, elle a moins d'amis qu'elle ne le pense."

      "Elle m'a moi," rétorqua Erin en sortant de l'eau.

      "Nous", rectifia Odd.

      Erin n'en doutait pas ; elle était reconnaissante de bénéficier de l'aide d'un guerrier aussi vaillant. Finnal pouvait