Le Fils des Dragons. Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: Le Temps des Sorciers
Жанр произведения: Книги для детей: прочее
Год издания: 0
isbn: 9781094343204
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tourna à l'angle au hasard à plusieurs reprises, se maudit alors qu'elle et son gardien atterrissaient dans une impasse, une cour tranquille entourée de maisons. Elle se retourna, un homme s'approcha, vêtu de sombre, un couteau à la ceinture, il arborait l'insigne des hommes du Duc Viris ; les sbires de Finnal.

      Lenore aurait dû pousser un soupir de soulagement à la vue de cet homme, acquis à son mari, il ne s'agissait pas d'un voyou susceptible de la voler. Lenore sentit néanmoins une certaine appréhension monter peu à peu.

      "Que faites-vous ici ? Qui êtes-vous ?"

      "Mon nom est Higgis, Votre Altesse," dit l'homme en faisant la révérence. "Un serviteur, votre époux m'a remis des instructions."

      "Quelles instructions ?"

      L'homme acheva sa révérence, le couteau à la main, s'approcha du garde de Lenore qu’il poignarda à deux reprises. Lenore tressaillit et se plaqua contre le bâtiment le plus proche, mais l'homme se posta entre elle et la sortie donnant sur la cour, bloquant toute issue.

      "J'ai été envoyé pour vous sauver des voyous qui vous ont attaquée." Il essuya et rangea son couteau. "Ils ont tué votre garde et vous ont molesté avant de vous détrousser. Tout cela parce que vous n'avez pas suivi les recommandations de votre époux, à savoir, rester à votre place. Il se verra par conséquent contraint de vous emmener hors de la cité durant votre convalescence."

      Le serviteur avança en faisant craquer ses jointures.

      "Vous frapperiez vraiment une princesse ? Je vous ferai pendre."

      "Non, Votre Altesse. Certainement pas, votre mari me récompensera, comme il l'a déjà fait par le passé. Je serais tenté de dire que la chose serait plus aisée si vous vous teniez tranquille, mais je mentirais."

      Il leva son poing, Lenore crut, l'espace d'un instant, que son avenir ne rimait qu’avec douleur. Puis une deuxième silhouette, plus petite, fit irruption devant l'homme dans la cour, s'interposa entre Lenore et son agresseur.

      "Erin ?"

      Sa sœur faisait tournoyer son bâton d'un air désinvolte en attendant. Le serviteur de Finnal se précipita vers elle sans hésiter. Erin attendit le dernier moment avant de s'écarter, puis abattit son bâton dans le ventre, les genoux et sur le crâne de l'homme. L'arme semblait frapper partout à la fois, à telle vitesse qu'un flou s'instaura, ponctué par le craquement du bois sur son bras.

      Le serviteur recula et sortit de nouveau son couteau. Erin s'élança avec son bâton, frappa au niveau du poignet, Lenore entendit distinctement l'os craquer alors que l'arme entrait en contact. L'homme hurla, trébucha, se retourna et courut. Lenore crut que sa sœur le poursuivrait mais elle s'arrêta et se tourna vers elle.

      "Tout va bien ? Il t'a fait mal ?"

      Lenore secoua la tête. "Pas à moi, mais mon garde…" Elle contempla, sous le choc, les yeux vitreux du garde. Un bien pénible souvenir. "Que fais-tu ici, Erin ?"

      "J’ai imaginé te suivre dans la cité. J'ai fait une pause dans mon entraînement avec Odd. J'ai vu cet individu te prendre en filature, je voulais en avoir le cœur net." Elle regarda Lenore droit dans les yeux. "Que se passe-t-il, ma sœur ?"

      "C'est …" Lenore essayait de s'exprimer d'une voix assurée. Elle ne devait pas faire preuve de faiblesse, ne pas trembler ni perdre ses moyens, contrairement à ce que Finnal croyait probablement. "C'est à cause de mon jeune époux."

      "Finnal ?"

      "Il est aussi malveillant que le dit la rumeur, Erin. Il ne se soucie que de ce qu'il peut retirer de notre union, ni de moi. Et … il a mandé cet homme pour me molester parce que j'ai quitté le château sans son accord."

      Le visage d'Erin se fit impénétrable. "Je le tuerai. Je l'étriperai et planterai sa tête sur une pique."

      "Non. C'est impossible. Tuer le fils du Duc Viris ? Ce serait la guerre civile."

      "Que crois-tu que ça me fasse ?

      "Ça me fait quelque chose à moi. Non, nous devons la jouer fine."

      "Nous ?"

      “Orianne, ma servante, connait bien Finnal. Elle nous aidera. Les autres aussi, Devin notamment.”

      Lenore ignorait pourquoi son nom lui vint à l'esprit, et pourtant.

      "C'est tout ? » demanda Erin, pensive. "C'est un bon début. Nous pourrions aller voir Vars."

      "Il s'en fiche. Je trouverais le moyen de divorcer de Finnal si seulement Vars voulait bien m'écouter."

      "Nous trouverons quelque chose qui saura le faire plier," renchérit Erin.

      Lenore secoua la tête. "Ça ne sera pas facile."

      Erin soupira. "Je sais. Mais je te jure, Lenore, que Finnal ne te fera plus jamais de mal. Plus personne. Désormais, j'irai où tu iras, et si on t'attaque … je serai à tes côtés et lui arracherai le cœur si besoin est."

      CHAPITRE QUATRE

      Nerra s'agenouilla près des eaux de la fontaine du temple, parmi les os des morts qui y avaient bu avant elle. Au-dessus, les flancs du volcan semblaient la regarder avec colère, lui interdisant de tenter ce qu'elle s'apprêtait de faire. Elle contemplait, sur ses bras, les plaques aux zébrures sombres provoquées par la maladie de l'homme de la pierre.

      Elle refusait de mourir comme Lina. Mieux valait boire à cette source mortelle qu'attendre que la maladie ne réclame son tribut, sur l'île où l'avait amenée son dragon. Voir mourir son amie était le catalyseur qui l'avait forcée à atteindre ce temple, jusqu'à la fontaine qu'elle avait promis de ne pas approcher à Kleos, le gardien de l'île.

      Elle boirait de son eau. Elle but l'eau d'un long trait dans ses mains en coupe. Inutile de se contenter d'en boire une gorgée, le moindre contact avec cette eau était censé donner la mort.

      Elle n'osait espérer que cela puisse signifier autre chose.

      "Ils ne l'auraient pas appelé fontaine de guérison pour rien," dit Nerra à voix haute, comme pour s'en persuader. "Ils n'auraient pas construit tout ça."

      Pourquoi édifier un temple en pleine nature si le seul but était de tuer ceux qui y venaient ? Pourquoi s'ennuyer avec une fontaine, ou avec cette étrange sensation qui semblait la repousser de ces lieux après avoir gravi les flancs du volcan ? Kleos, le gardien des malades, lui avait dit que boire signerait sa mort, que tout cela n'était qu'un moyen de laisser les individus atteints par la maladie du dragon s'éteindre à petit feu, Nerra espérait qu'il avait tort, qu'il mentait, ou les deux.

      Ça devait marcher. Il fallait que ça marche.

      Nerra se leva et contempla l'île autour d'elle, si proche du continent de Sarras, sans en faire toutefois totalement partie. Elle regarda le paysage volcanique déchiqueté qu'elle avait traversé, la forêt environnante. D'ici, elle n'apercevait pas le petit village qui essayait d'abriter les malades et les mourants, ceux que la maladie transformerait peu à peu en créatures monstrueuses ne connaissant que la faim et la mort. Ne valait-il pas mieux essayer, plutôt que demeurer assise à attendre le triste sort du couteau de Kleos, lorsque son corps serait trop informe ?

      Nerra demeurait dans l'expectative, essayait d'imaginer l'eau faire son ouvrage. Aurait-elle déjà dû en ressentir les effets ? Elle connaissait suffisamment bien les herbes pour savoir que les effets étaient rarement instantanés, mais elle s'attendait à ce que les eaux curatives soient toutefois—

      Nerra poussa un cri de douleur, une douleur si forte et dévorante qui la poussa à s'agenouiller de nouveau. Elle serra ses mains sur son ventre tandis que son corps se contorsionnait de douleur, ses cris se succédaient à un rythme si rapide qu'elle fut bientôt à bout de souffle.

      Kleos n'avait pas menti ; la fontaine était empoisonnée. Nerra ressentait désormais les effets de l'eau, se frayer un chemin tel un serpent hérissé d'épines, brûler sa trachée comme si elle avalait du magma, et non de l'eau. Elle essaya de vomir, en pure verte ; elle n'arrivait pas à se dominer suffisamment pour y parvenir.

      "Pitié