« Et pourquoi a-t-elle attendu jusqu’à maintenant pour remettre cette histoire sur le tapis ? » demanda Mackenzie.
« Parce que c’est le truc à la mode ces jours-ci, » répondit Ellington, d’un ton énervé. Puis il secoua la tête et soupira. « Désolé. C’était vraiment un commentaire déplacé. »
« Oui, effectivement. Est-ce que tu m’as vraiment tout raconté ? C’est tout ce qui s’est passé ? »
« Oui, c’est tout, » dit-il. « Je te le jure. »
« Tu étais marié, non ? Quand c’est arrivé ? »
Il hocha la tête. « Ce n’est pas un des moments dont je suis le plus fier. »
Mackenzie pensa à la première fois qu’elle avait passé du temps avec Ellington. Ça avait été au cours de l’enquête sur le tueur épouvantail, au Nebraska. Elle s’était littéralement jetée à son cou, alors qu’elle était elle-même en plein milieu de drames personnels. Elle avait bien vu qu’il était intéressé mais il avait fini par décliner ses avances.
Elle se demanda si cette rencontre avec cette femme ne lui avait pas pesé sur la conscience au moment où elle-même s’était offerte à lui.
« Pendant combien de temps est-ce qu’ils t’ont suspendu ? » demanda-t-elle.
Il haussa les épaules. « Ça dépend. Si elle décide de ne pas en faire un foin, ça pourrait se limiter à un mois. Mais si ça commence à prendre des proportions énormes, je pourrais être suspendu pendant bien plus longtemps. Ça pourrait même mener à une interruption totale et définitive. »
Cette fois-ci, ce fut Mackenzie qui lui tourna le dos. Elle ne pouvait pas s’empêcher de réagir de manière légèrement égoïste. Bien sûr, elle était triste que l’homme qu’elle aime ait à faire face à une telle situation, mais au final, elle était bien plus préoccupée par le fait de perdre son partenaire. Elle détestait le fait que ses priorités soient aussi biaisées, mais c’était ce qu’elle ressentait à l’instant présent. Ça, et un sentiment aigu de jalousie dont elle avait horreur. Elle n’était pas du genre jaloux… alors pourquoi ressentait-elle autant de jalousie envers cette femme qui accusait Ellington de harcèlement sexuel ? Elle n’avait jamais été jalouse de la femme d’Ellington, alors pourquoi l’était-elle avec cette femme ?
Parce qu’elle est occupée à tout changer, pensa-t-elle. Elle vient ébranler cette petite routine ennuyeuse dans laquelle je m’étais retrouvée et avec laquelle je commençais à être à l’aise.
« À quoi tu penses ? » demanda Ellington.
Mackenzie secoua la tête et consulta sa montre. Il n’était que treize heures de l’après-midi. Son absence au boulot allait bientôt être remarquée.
« Je pense qu’il faut que je retourne au boulot, » dit-elle. Et sur ces mots, elle lui tourna le dos et sortit de la pièce.
« Mackenzie, » cria Ellington. « Attends. »
« Tout va bien, » lui répondit-elle. « On se voit un peu plus tard. »
Elle partit sans lui dire au revoir, sans un baiser, ni une embrassade. Car bien qu’elle lui ait dit le contraire, tout n’allait pas bien du tout.
Si tout allait bien, elle ne serait pas occupée à lutter contre des larmes qui semblaient surgir de nulle part. Si tout allait bien, elle n’essaierait pas de réprimer une colère qui cherchait à monter en elle, lui disant qu’elle avait été idiote de penser que la vie allait maintenant être un long fleuve tranquille, qu’elle allait finalement avoir une vie normale où les fantômes de son passé ne la poursuivraient plus.
Au moment où elle arriva à sa voiture, elle était parvenue à réprimer son envie de pleurer. Son téléphone sonna et elle vit le nom d’Ellington s’afficher. Elle ignora l’appel, démarra la voiture et se dirigea vers le bureau.
CHAPITRE TROIS
Aller travailler ne lui permit de s’éloigner que pendant quelques heures. Et même en demandant à Harrison s’il n’avait pas besoin de son aide pour l’enquête sur une petite fraude bancaire sur laquelle il travaillait, il était à peine dix-huit heures quand Mackenzie se retrouva en-dehors des bureaux. Quand elle arriva à l’appartement à dix-huit heures vingt, elle trouva Ellington derrière les fourneaux. Il ne cuisinait pas souvent et quand il le faisait, c’était en général parce qu’il n’avait rien d’autre à faire.
« Salut, » dit-il, en levant les yeux d’une casserole où mijotait une poêlée aux légumes.
« Salut, » lui répondit-elle, en déposant son ordinateur portable sur le divan et en entrant dans la cuisine. « Désolée pour la manière dont je suis partie tout à l’heure. »
« Pas besoin de t’excuser, » dit-il.
« Bien sûr que si. J’ai réagi de façon puérile. Et pour être tout à fait honnête, je ne comprends pas pourquoi ça me dérange autant. Je suis plus préoccupée par le fait de te perdre en tant que partenaire que par les conséquences que ça pourrait avoir sur ta carrière. C’est vraiment tordu de ma part. »
Il haussa les épaules. « C’est normal. »
« Ça le devrait mais ça ne l’est pas, » dit-elle. « Je n’arrive pas à t’imaginer embrassant une autre femme, et particulièrement pas comme ça. Même si tu étais saoul et qu’elle avait fait le premier pas, je n’arrive pas à t’imaginer te comporter d’une telle façon. Et ça me donne envie d’aller descendre cette femme, tu sais ? »
« Je suis vraiment désolé, » dit-il. « C’est une de ces choses que j’aimerais pouvoir changer. Une de ces choses que je pensais maintenant enterrée dans le passé et à laquelle je n’aurais plus à faire face. »
Mackenzie s’avança derrière lui et le prit dans ses bras d’une manière hésitante. « Est-ce que ça va ? » demanda-t-elle.
« Juste en colère. Et gêné. »
Mackenzie le soupçonnait de ne pas être tout à fait honnête avec elle. Il y avait quelque chose dans son attitude, quelque chose dans la manière dont il évitait de la regarder quand il en parlait. Elle avait envie de croire que c’était simplement dû au fait qu’il n’était pas facile de faire face à de telles accusations, de se rappeler de quelque chose de stupide qu’on ait fait dans le passé.
Franchement, elle ne savait plus trop quoi penser. Depuis qu’elle l’avait vu passer près de la porte de son bureau avec une caisse en mains, son opinion à son sujet était devenue confuse et embrouillée.
Elle allait lui proposer de l’aider à préparer le dîner, en espérant qu’un peu de normalité les aiderait à penser à autre chose. Mais avant que les mots n’aient eu le temps de sortir de sa bouche, son téléphone se mit à sonner. Elle fut surprise et légèrement préoccupée de voir que c’était McGrath.
« Désolée, » dit-elle à Ellington, en lui montrant le nom sur l’écran. « Je pense qu’il vaut mieux que je réponde. »
« Il veut probablement te demander si je t’ai déjà harcelée sexuellement, » dit-il, sur un ton narquois.
« Il aurait