« Tess, sois réaliste ! Les chances de trouver cette fille sont pratiquement nulles. Et même si tu la retrouves, ce salopard l'aura probablement déjà tuée.
â Si tu ne viens pas, j'irai seule. Ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini, comme ils disent. »
Jake avait envie de hurler et de partir, mais son envie pour elle était plus forte. Il se rendit compte que ça n'arriverait sans doute pas maintenant. Il fallait que ce soit fait à sa manière à elle. Une fois qu'elle était décidée, rien ne pouvait l'arrêter.
« Très bien, Tess, d'accord. Laisse-moi rapidement prendre une douche et on y va, se résigna-t-il.
â Parfait. Je descends et je nous prends deux paniers repas. Je t'attends devant l'hôtel dans le Humvee. » Et voilà . Fin de la discussion.
Jake paya rapidement la note, sauta à bord du véhicule que Tess gardait moteur allumé sur le perron de l'hôtel, ils s'en allèrent pour la base. Pendant qu'ils mordaient dans leurs sandwiches, ils commentaient sur l'ironique coexistence d'une ville relativement moderne bourdonnant d'activité au cÅur d'importants combats dans l'arrière-pays. Tout semblait normal. Des femmes, des hommes déambulaient en ville, des travailleurs se rendaient à leurs emplois, des clients visitaient les centres commerciaux. Le seul signe anormal était la présence de véhicules militaires aux carrefours principaux.
Après le check-point de la base, ils s'arrêtèrent au poste de commandement. Tess sauta du Humvee avec l'aisance d'une ballerine, ce qui impressionna Jake dont le corps souffrait encore de profondes courbatures. C'est vraiment autre chose, cette femme, pensa-t-il. Derrière sa beauté, c'est une dure à cuire avec une dose de détermination et de motivation que peu d'hommes possèdent.
Tess frappa à la porte du colonel Reynolds. Le Chef Opérations la fit entrer.
« Tess, où diable étiez-vous passée ? J'ai des hommes partis à votre recherche !
â Ne vous inquiétez pas, Chef. Je sus juste allée à Koweït City pour me reposer.
â Vous ne deviez pas être dehors. Pour tout dire, vous devriez être à l'hôpital.
â Pas de temps pour ça, Chef. Je veux faire partie des unités envoyées sur les positions du Général al-Saadi. J'ai quelque chose à finir.
â Oui, j'ai appris ce qui vous êtes arrivé, et même si je comprends votre envie de vous venger, je ne peux pas le permettre. Laissez la Troisième d'Infanterie s'occuper de lui. Vous avez vécu un véritable enfer. J'aimerais que vous preniez du repos.
â Colonel, si je n'y retourne pas, Amir va tuer une petite fille. Sa mère m'a sauvé la vie. Je dois tout faire pour la trouver avant que le général n'y arrive. »
Le Colonel Reynolds était habitué à argumenter avec Tess. En fait, il n'y avait jamais eu une seule fois où elle avait obtempéré sans faire d'histoire.
Il était temps d'user du langage officiel. « Commandant, ma réponse est non. Vous avez été prisonnier de guerre ; vous n'avez pas fini votre examen médical ni votre débriefing. Vous devriez poser votre demande de rapatriement. Vous avez fait votre devoir. Laissez tomber !
â Colonel, non seulement ai-je fait une promesse à une femme mourante, mais les salopards que je recherche ont tué le Commandant Gardner. Je sais où ils se trouvent, je connais la configuration des lieux. Je peux y entrer et faire ce que j'ai à faire en seulement quelques heures.
â Et comment voulez-vous que j'explique ça à votre père ? Que vous avez perdu la tête ?
â Merci pour le compliment, Chef, mon père comprendra. »
â¦â¦â¦
Tess et Jake embarquèrent à bord d'un hélicoptère avec deux membres d'équipage. Ils décollèrent et partirent pour la propriété d'Amir al-Saadi. Quand ils arrivèrent sur les lieux, ils virent beaucoup de fumée mais aucune activité. Ils atterrirent à peu de distance avec un artilleur prêt, en cas de menace.
Tess et Jake marchèrent rapidement sur le manoir et découvrirent les corps des fedayin exécutés par al-Saadi.
Les portes du manoir étaient verrouillées et un serviteur leur dit qu'il avait ordre de protéger la maison de son maître. Jake lui parla en arabe et lui assura que les Américains feraient sauter la maison s'il ne les laissait pas entrer. Le serviteur obtempéra et ouvrit la porte.
Jake l'attrapa par la gorge et lui demanda : « Où est votre maître et où est la petite fille ? » L'homme terrifié révéla que le général était parti avec l'enfant et quelques troupes mais ne savait pas où. Jake essaya de tirer plus d'information du pauvre homme mais il n'en savait manifestement pas plus.
« Jake, peut-être ne sait-il pas où Saadi est parti, mais peut-il nous en dire plus sur ses activités ? »
Encouragé par quelques gifles et quelques des coups de pieds, le serviteur fit enfin part de quelques informations utiles. Le général avait un appartement à Istanbul, un à Paris et une propriété non loin de Londres. Il pouvait être dans l'un de ces endroits.
Jake lança un regard rempli de tristesse à Tess. « Il nous a échappé. Il est hors d'atteinte.
â Seulement si tu l'acceptes, contra Tess. Je vais aller le trouver ! »
Jake perdit patience. « Dois-je te rappeler que nous sommes encore dans l'armée ? Tu ne peux pas aller parcourir le monde juste pour retrouver ce type ! »
Tess désapprouva. « L'armée ne nous laissera pas retourner à l'action avant qu'on ne termine notre évaluation et notre débriefing. Ensuite, ils nous laisseront partir en permission. Voilà comment j'ai l'intention de partir à la chasse de ce salopard. »
Jake lança ses bras en l'air. « Tu es complètement folle !
â Merci, rétorqua Tess. Je ne t'ai pas demandé de m'accompagner. Je me charge de cette mission.
â C'est ce qu'on va voir. Tu as besoin de moi pour être sûre que tu penses avec ta tête ! »
Tess croisa ses bras sur sa poitrine. « Tu vas m'immobiliser encore une fois ? Je te jure que je te frapperai avec une brique ! »
Jake sourit. "Si tu crois que je vais disparaître, tu te trompes. Je crois que je vais prendre une permission et aller avec toi dans cette mascarade."
Tess s'énerva. « Ce n'est pas une mascarade. C'est la vie d'une enfant. J'ai promis à sa mère de prendre soin d'elle et c'est précisément ce que je vais faire ! »
Jake se rendit compte qu'il n'y avait rien pour la dissuader. « D'accord, comment envisages-tu de retrouver le général et cette enfant ?
â C'est simple. Tu prends ton carnet d'adresses et tes contacts dans les renseignements pour cerner ce salopard.
â Tu veux que j'utilise des moyens d'état pour ton projet personnel ?
â Je crois que l'état sera inutile sur ce cas. Je te demande juste d'utiliser ton expérience en tant que barbouze pour m'aider à retrouver ce type.
â Je crois que tu es cinglée, observa Jake, mais tu es ma cinglée à moi. Allons-y.