Seul Abdul resta. Une fois seul avec Amir, il dit : « Général, pour un meilleur effet, vous devriez exécuter un ou deux de vos officiers les moins enthousiastes. Je pourrais vous en recommander quelques uns si vous voulez. »
Amir fixa le fanatique d'un regard meurtrier. « « Pas tout de suite ! » Il sortit en trombe.
De retour dans son bureau, il convoqua le Colonel Najaf. Lorsque l'officier arriva, il ferma la porte.
Moins d'une heure plus tard, les troupes furent rassemblées et se mirent en rang. Amir et ses hauts-gradés se tenaient devant eux. Abdul était juste à côté d'Amir. Sa troupe d'assassins un peu à l'écart.
Le commandant fedayin souriait d'anticipation à l'approche de l'exécution de ces lâches. Tout comme ses hommes, qui avaient l'air visiblement plus détendus par rapport au reste des troupes. Il attendait qu'Amir donne le top pour que l'odieux massacre commençât enfin.
Amir dégaina son revolver. Il regarda ses troupes et, sans aucun préambule, tira une balle dans la tête d'Abdul. Le fedayin s'effondra comme heurté de plein fouet par un véhicule, sa tête à demi arrachée. Ce fut le signal. Les soldats du premier rang des troupes d'Amir pulvérisèrent l'escadron de fedayin de leurs armes automatiques. Ils tombèrent tous instantanément. Il y eut un moment de silence. Le reste des soldats se tenait immobile, en état de choc, tentant de saisir la scène. Ceux qui avaient exécuté les assassins firent tomber leurs armes, dégainèrent leurs poignards et tombèrent sur les cadavres comme des loups. Avec des cris de fureur, ils se mirent à poignarder et à mutiler les cadavres.
Le commandant en second d'Amir esquissa un mouvement pour intervenir mais le général l'attrapa par le bras. « Laissez-les. Laissez-les prendre leur revanche sur leurs camarades assassinés par ces porcs. » Leur désir de vengeance assouvi, ils s'arrêtèrent, leurs visages, leurs mains et leurs uniformes couverts de sang.
Puis Amir s'adressa à ses troupes.
« Soldats d'Irak ! L'ennemi approche à grands pas. Notre courage est sans faille mais nos armes sont moins performantes que les leurs. Si nous les combattons, nous allons presque certainement à notre mort. » Il fit une pause pour plus d'effet.
Il se remémora une phrase prononcée par Tess et décida de l'utiliser.
« Il n'y a pas d'honneur à se lutter pour une bataille perdue. Vous pouvez luttez si vous le souhaitez, mais je vous autorise à tomber les armes, rendre vos uniformes et rentrer chez vous dans vos familles. Si vous rencontrez des Américains, ne leur résistez pas. Restez en vie pour protéger vos familles et pour vivre dans le nouvel Irak qui se dessine ! Je vous demande une dernière chose : positionnez les chars et les véhicules en formation de combat. Et éloignez-vous des équipements, c'est ce que l'ennemi ciblera, cela ne fait aucun doute. Dès que vous en aurez fini, vos officiers vous laisseront disposer. Bonne chance et qu'Allah vous garde ! » Amir salua ses troupes, leur tourna le dos et rentra vers le palais.
Tout en marchant, il fit signe à Kemal de le suivre.
« Je me mettrai en route d'ici une heure. J'ai pris des dispositions pour quitter le pays jusqu'à ce que les choses se calment. Je veux que vous et une douzaine d'hommes restiez pour protéger ma résidence. Quand les Américains arriveront, n'opposez pas de résistance. Dites-leur que vous êtes des serviteurs et que vous attendez le retour de votre maître. Vous n'avez rien vu et vous ne savez rien. Expliquez-leur que vos armes servent juste à tenir les pillards à l'écart. Vous comprenez ?
â Oui, Général ! » Les genoux de Kemal tremblaient.
â N'ayez pas peur. Les Américains vous poseront une multitude de questions. Mais quand ils se rendront compte que vous ne représentez aucune menace, ils vous laisseront tranquilles. Restez ici, prenez soin du domaine, et je vous récompenserai généreusement.
â Général, où irez-vous ? Kemal demanda.
â Je vais essayer de me rendre à ma résidence à Istanbul. Je reviendrai dans quelques mois quand la guerre aura pris fin. Les choses finiront par revenir à la normale. Il en a toujours été ainsi. Maintenant, allez et préparez vos hommes. »
Amir se rendit à l'intérieur, emballa quelques affaires, détruisit des documents et sortit une valise pleine de dollars américains. Il enfila des vêtements civils, se rendit au garage et se glissa au volant d'une Mercedes tout terrain. En chemin, il fit monter deux gardes du corps puis s'en alla pour la Turquie. Les Américains ne viendraient pas dans cette partie du pays avant plusieurs jours et il avait soigneusement préparé sa fuite. Avec assez de pots-de-vin, vous pouvez achetez presque tout. 'Je reviendrai ! Un jour, à la grâce d'Allah, je m'occuperai de ce commandant américain.'
10 - La Quête
Jake se réveilla et tâtonna le lit, dans l'espoir que sa main se pose sur la poitrine de Tess. Pas de chance. Il parvint à ouvrir les yeux et entendit l'eau de la douche s'écouler. 'Je ne peux pas croire qu'elle est déjà debout,' pensa-t-il. Son corps n'était que douleurs et courbatures ; il était endolori et couvert d'ecchymoses et se sentait toujours fatigué au-delà de l'épuisement. Il voulait juste se rendormir, tenant Tess dans ses bras.
Tess entra dans la chambre, se séchant d'une serviette, négligemment et délicieusement nue.
« Bonjour, marmotte, plaisanta-t-elle en fouillant dans son sac à la recherche de sous-vêtements.
â Où vas-tu ? Jake répondit, quelque peu agacé de la voir ainsi. La dernière chose qu'il voulait était de voir Tess se rhabiller. Tu n'as pas à te lever. On peut appeler le room service. »
â Moi j'avalerai quelque chose en chemin. »
Jake répéta sa question : « Où allons-nous ?
â Je retourne à la base. J'ai déjà appelé pour que mes hommes se préparent à retourner à la propriété du général irakien.
â Tu es malade ? On a traversé l'enfer pour t'en sortir et tu veux y retourner ?
â Oui, répondit Tess. Je veux y retourner pour savoir où le général a planqué la fille de Kejal. Ensuite, j'irai la trouver. » Elle finit d'enfiler sa tenue.
« Tess, réfléchis. Tu as été capturée. Selon le protocole, l'armée ne vous laissera pas retourner au combat avant de vous avoir débriefée et d'avoir fini votre évaluation psychologique. Tu as même droit à être rapatriée ! » Sa voix avait un soupçon de désespoir. Il était déçu jusqu'au fond de son âme. Il la voulait au lit, pas dans le désert à pourchasser des chimères.
« Je me fiche du protocole. Je vais retrouver cette fille avant que ce salopard ne la tue, point ! » Il n'y avait pas à argumenter.
Jake, encore nu, sortit du lit à contre-cÅur. Il s'approcha de Tess et la saisit par les épaules. « Es-tu toujours aussi implacable ? »
Tess se libéra violemment, repensant brusquement à la façon dont Amir l'avait malmenée. « Tu me fais mal ! Lâche-moi ! »
Jake ôta ses mains et dit d'un ton implorant : « Tess, on a vécu l'enfer, tous les deux. Nous devrions vraiment nous reposer et nous remettre de l'épreuve. Et puis, j'aimerais passer plus de temps avec toi ! »
Tess mis sa casquette. « Ne te fais pas d'idée, mon pote ! Cette nuit c'était juste pour le réconfort. On ne va pas y donner plus d'importance que ça n'en a. »
Jake n'était