« Dépêchez-vous, enfilez ça », exhorta-t-elle. « Nous devons partir immédiatement ! » Tess n'avait pas besoin de plus d'encouragement. Elle remit sa robe de soirée et enfila le tchador par dessus sa tête.
« Allons-nous simplement franchir la porte ? » demanda-t-elle, incrédule. Kejal s'assura que Tess était entièrement camouflée sous le vêtement.
« Il fait presque nuit. C'est bientôt l'heure de manger pour les gardes. Il n'y en aura qu'un posté dehors. Il faudra qu'on passe devant lui. Il vous prendra pour la cuisinière, c'est le moment où elle quitte pour rentrer chez elle. C'est toujours moi qui la ramène au portail quand elle termine son service. »
'C'est risqué, mais ça peut marcher', pensa Tess.
Kejal poursuivit ses instructions. « S'il suspecte quoi que ce soit, vous devrez le neutraliser. »
« Oh, je pense que j'ai de quoi le neutraliser », dit Tess, remerciant en silence ses années de leçons d'arts martiaux.
Kejal tendit un grand couteau de cuisine. « En sortant d'ici, nous irons vers la gauche ; le couloir devrait être désert et au bout, il y a une porte qui donne sur l'extérieur. Comme à leur habitude, ils pensent tous qu'une simple femme ne constitue pas une menace, même si elle est un officier américain, et il n'y aura pas de gardes supplémentaires à l'extérieur. De plus, ils ne veulent pas que les gens alentour croient qu'il se passe quelque chose dans ce bâtiment. » Tess n'avait aucune envie de savoir de quelle 'chose' il pouvait s'agir.
« Vous venez avec moi ? Ensemble, nous pouvons revenir aux lignes américaines. Je vous aiderai...
â C'est gentil, Commandant, merci.
â S'il vous plaît, appelez-moi Tess.
â Tess, prononça-t-elle comme on le ferait du nom d'un saint. Oui, je viens avec vous. Le général me tuerait s'il découvrait que je vous ai aidée. Je n'ai pas peur de mourir, je veux juste retrouver ma fille avant qu'il n'ordonne de l'abattre.
â Si on se sort d'ici, nous essaierons de la retrouver ensemble, répliqua Tess.
â Je vous en serais reconnaissante, répondit la femme. Une fois dehors, faites montre d'humilité et de modestie. Nâoubliez pas, un jour nous aurons notre vengeance d'avoir été autant ignorées et sous-estimées sous leur propre nez. Mais pour lâinstant, vous devez porter le tchador. Ils ne se douteront pas que c'est vous. Ce vêtement couvre vos cheveux et il fait assez sombre pour qu'ils ne remarquent pas vos yeux clairs, à moins de les directement dans les yeux. »
Elles ajustèrent le vêtement ensemble. Quand elle se regarda dans le miroir, elle n'en crut pas ses yeux. Pas étonnant que les femmes se sentent si opprimées ici. Le tchador ôtait complètement toute forme d'identité.
« Vous êtes prête. » Kejal fit un effort pour arrêter les larmes qui lui échappaient. « Merci à vous. J'avais cru perdre la capacité à pleurer. » Elle ne parvint pas à en dire plus. « Nous devons y aller. J'entends les gardes aller manger. »
Tess fit trois pas et saisit Kejal par les mains. « Merci, mon amie. Nous retrouverons votre fille et le monde entendra votre peine et saura votre héroïsme. »
Tess devait neutraliser le garde à l'extérieur. Impatiente d'entrer en action, le temps lui sembla long. Puis Kejal se mit à gémir à voix haute.
Le garde entra. Tess ne put comprendre ce qu'il dit mais elle était prête à parier que c'était ordurier. Il leva le bras pour frapper la femme impudente lorsque brusquement Tess libéra ses mains de son tchador et lui envoya de toutes ses forces un coup de poing à l'estomac. Il s'envola et s'effondra au sol et Tess en profita pour se jeter sur son torse et lui administrer un coup qui broya sa pomme d'Adam. Il sursauta violemment, fixant Tess du regard, apparemment incapable d'admettre d'avoir été vaincu par une femme. Rapidement, il suffoqua.
Tess glissa vers la porte, prenant Kejal par la main et surveillant soigneusement les deux côtés du couloir tout en le traversant. Environ à mi-chemin, elle aperçut la sortie dont Kejal avait parlé mais elle pouvait aussi entendre des voix. Elle se tourna vers la source du bruit mais une main sortie d'une encoignure se referma sur sa bouche. « Chut, pas un mot. » Les mots étaient en anglais mais Tess craignit de s'être fait prendre â encore une fois.
L'homme l'attira dans une pièce et la retourna pour lui faire face. Un coup dâÅil à ces yeux et il sut. Un coup dâÅil à son visage et Tess sut aussi. « Que diable faites-vous ici Vickers ? Je vous croyais occupé à vos bricoles de la CIA ! » Au son de la voix de Tess, Jake sut qu'elle allait bien.
« Apparemment, je suis occupé à faire ce que vous faites : décamper d'ici. J'ai atterri non loin d'ici. J'ai surpris les gardes irakiens et les ai envoyés voir Allah. Mais au fait, comment êtes-vous sortie ? Et qui est-elle ? » s'enquit-il, pointant vers la femme qui suivait Tess.
« Elle est OK », dit Tess. « Elle m'a aidée à m'échapper !
â Ãa me va, répondit Jake. Allons sortir les gars. Vous restez ici, je m'en charge.
â En bon misogyne, commenta Tess.
â Soyez réaliste : vous aurez besoin de toute l'aide qu'on pourra trouver !
â Et vous, n'oubliez pas qui commande !
Jake sourit, « Comment comptez-vous commander avec une tente sur la tête ? Enlevez-la ! »
Tess était sur le point de le faire quand elle réalisa que ce qu'elle portait dessous était loin de ressembler à une tenue de combat. « Plus tard ! » répondit-elle, agacée. « Allons sortir les gars ! »
Jake ne put sâempêcher de sourire. Il eut un aperçu de sa peau laiteuse sous le tchador. Quand avait-il commencé à penser à Tess de cette façon ? 'Reprends-toi, Vickers, et colle-toi au plan', pensa-t-il.
Comme ils approchèrent subrepticement de la geôle, Jake, Tess et Kejal se cachèrent derrière un gros véhicule. « Tess, je dois vous dire ceci. Dan Gardner n'a pas survécu à ses blessures. »
Tess sentit son monde s'écrouler. « Que voulez-vous dire, il n'a pas survécu ? En êtes-vous sûr ? » Il pouvait entendre le désespoir dans sa voix. L'idée de perdre Dan était insupportable. Il avait été le meilleur ami de Jake pendant bien 20 ans, et un mentor affectueux pour Tess depuis sa sorite de l'Académie.
« Oui Tess, j'en suis sûr. J'ai pu parler aux gars à travers les portes de la prison, c'est eux qui me l'ont dit." Les larmes la menaçaient de nouveau, mais elle savait qu'elle devait garder la tête froide. "Et maintenant, sauf si vous voulez rester au Club de l'Enfer pour le reste de votre mission, vous ferez ce que je vous dis... »
Jake sortit une arme de poing de sa ceinture. « J'ai emprunté ça à l'un des gardes. Il n'en aura plus besoin. Ce n'est pas le standard de l'armée mais je suppose que vous savez comment ça marche », dit-il, comme il poussait l'arme dans ses mains. Elle se sentit presque insultée mais remit la punition à plus tard, lorsqu'ils seraient sortis de là . « Ne lâutilisez qu'en cas de nécessité. Le silence est notre