- Prêt à revenir sur la planète Terre ?
- Pas vraiment.
Stefan se redressa, alerte.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu as une sale gueule, excuse-moi de te le dire. Sale gueule, c’est bien peu.
- Réconforte-moi, pourquoi tu ne le fais pas. As-tu appelé un taxi ?
- Le moteur tourne, dit-il en pointant vers la fenêtre. Tu vas bien ?
Elle sentit un sourire se former :
- La vie est une expérience par la pratique, n’est-ce pas ? Et je n’aime pas les leçons en ce moment.
Stephan se leva et lui tendit une main. Ils se dirigèrent vers la sortie. L’air froid la gifla au visage et lui éclaircit les idées.
- Si je pleure dans le taxi, dit-elle, ne fais pas attention. Je viens de me rendre compte que je ne peux pas avoir la paix dans le monde et je suis triste, d’accord ?
- La paix mondiale est une saloperie. Lance-toi dans une chose plus simple la prochaine fois. La fin d’Europop, par exemple.
- Et plus jamais de chansons d’amour suédoises, dit-elle en riant malgré elle.
- Tu laisses Abba tranquille, dit-il l’air indigné. Ils dominent mon monde.
CHAPITRE SIX
Mai sortit de sa chambre à moitié endormie, elle vit Billie manger des céréales en regardant la télévision du matin. Sept heures et le monde conspirait déjà pour qu’elle se sente mal. A peine l’aube mais les grincements et les toussotements de la vie urbaine avaient déjà commencés.
- Je n’t’ai pas entendu arriver. Tu es déjà sortie ou est-ce que tu te réchauffes ?
- Dès que j’ai fini ça. J’ai ramené les miens, j’espère que ça ne te dérange pas. J’ai pris seulement un peu de lait.
- C’est cher, le lait. Je pourrais le déduire de ton salaire. Quoi de neuf ?
- Regarde !
Comme si c’était prévu, l’image avait changé pour montrer une vue grand-angle de deux présentateurs, un homme aux cheveux gris et une femme blonde, tous deux avec des dents à changer, un canapé à leur droite maintenant en grand plan.
Blonde et souriante, des longues jambes allongées devant elle, un bras posé sur le canapé.
- Oh mon Dieu, l’épouse de Frankenstein !
Les questions commencèrent – Comment elle allait ? Comment c’était de travailler avec cinq débutés sur cette chorégraphie ? Qu’est-ce qui était prévu pour elle très prochainement ?
Puis l’objectif réel : Nous avons appris que vous étiez en tête du sondage de Daily Paper pour trouver une étoile pour Deannah’s Quest. Qu’en pensez-vous ?
…si honorée, ce serait une excellente opportunité, c’est un grand rôle dans un grand film, ce pourrait l’avancement de carrière à celle qui obtient le rôle…
- L’avancement de carrière ? lança Billie. L’anglais est sa deuxième langue, Conneries étant sa première langue.
Selon vous, d’où proviendra la concurrence ? Après tout, il y a de nombreuses jeunes actrices brillantes en ce moment.
Je dis simplement que je suis honorée d’être dans la course.
Mais vous devez avoir une idée…
Eh bien, Ginny Blake s’en sort pas mal dans le sondage, et Deborah Cash. L’une ou l’autre serait génial es , elles sont toutes deux jeunes et si talentueuses.
Et Mai Rose ? Beaucoup de gens la soutiennent.
Bien sûr, elle a également beaucoup de talent s . Mais j e crois qu’elle est retenue par sa nouvelle pièce en ce moment, et bien sûr son film d’action va bientôt sortir. Je l’ai vu l’autre soir, en fait. Elle avait l’air d’être très trapue . Très musclée , pour ses scènes d’action, j’ai entendu dire.
Oh, donc vous vous connaissez ?
Oui, nous sommes des amies depuis longue date . En fait, elle m’a remplacée dans Amberside Terrace lorsque je me suis retirée. Elle a très bien réussi.
Va-t-elle donc être en concurrence contre vous ?
Un rire, une main pour toucher le bras du présentateur en complet.
Je suis sûre qu’elle ne voudra pas s’impliquer. Elle a sa carrière toute tracée.
Alors quelle est la suite pour Helena Cross ? Je veux dire, si vous n’obtenez pas ce rôle ?
Oh, je ne vois pas aussi loin dans le futur. Je ne suis pas une fille qui fait des plans, ni calculatrice. Je laisse mon agent faire tout le sale boulot !
Les intervieweurs la remercièrent et passèrent l’antenne à leur badinage de nouvelles de divertissement…
En p arlant de Mai Rose, il y a eu des commérages , que ta rd la nuit dernière e lle avait rompu sa longue relation avec Alfie Cox, le batteur du nouveau groupe canon The Gastric Band. D es sources disent qu’il y avait eu une altercation bruyante entre les deux en coulisses et que Mai Rose était repartie avec un homme blond…
- Éteins-la !
Billie trouva la télécommande et éteignit la télé. Sa tête dépassant à peine le dossier du canapé se tourna et regarda Mai, les yeux parcourant son visage comme si elle cherchait des blessures physiques.
Mai avait froid. Le chauffage n’avait pas été allumé depuis longtemps et l’hiver était aux portes, mais le froid était plus profond qu’une sensation physique. C’était comme si de la glace se glisser dans ses veines, engourdissant sa capacité à sentir, goûter et toucher. Elle faisait la sourde oreille à ce que le monde semblait avoir l’intention de lui faire subir. Elle se demandait si elle avait choisi cette réaction par opposition à la colère, la peur ou la frustration. Pourquoi froid ? Pourquoi la mort du cœur ?
- Tu veux que je t’apporte quelque chose ? demanda Billie. Je ne reste qu’une demi-heure – George a besoin de moi ce matin.
- Non, répondit Mai. Sors les chiens et vas-y.
- Ne t’inquiète pas pour cette pute. Toute cette merde d’autopromotion se retournera contre elle.
- Vas-y.
Billie se leva en entendant l’émotion derrière les paroles de Mai. Elle emmena son bol de céréales dans la cuisine et revint à l’embrasure de la porte.
- Je cuisinerai ce soir. Je te préparerai quelque chose. Savoureux et nourrissant. Pas de fruits.
Mai hocha la tête et se dirigea vers la salle de bain. Peut-être qu’une douche la réchaufferait. Ensuite elle pourrait passer un peu de temps à tracer sa journée. Planifier. Réfléchir aux choses.
Premier point du programme, une douche.
Deuxième, appeler Eric.
Fin de l’acte deux – Mai a dû écouter un long discours intense en montrant