Monsieur de Camors — Complet. Feuillet Octave. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Feuillet Octave
Издательство: Public Domain
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Жанр произведения: Зарубежная классика
Год издания: 0
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donc avec ennui qu'il n'avait pas eu précisément le beau rôle dans cette affaire. En second lieu, il se voyait réduit à étouffer dès ce moment la secrète passion que cette belle et singulière personne lui inspirait. Femme ou veuve du général, dans le présent et dans l'avenir, il était clair que mademoiselle d'Estrelles lui échappait absolument; séduire la femme de ce vieillard et de cet ami dont il avait accepté les bienfaits, ou bien l'épouser un jour veuve et riche après l'avoir refusée pauvre, c'était une indignité ou une bassesse que l'honneur lui interdisait au même degré et avec la même rigueur évidente, si cet honneur dont il avait fait la seule loi de sa vie n'était pas un mot et une risée. M. de Camors n'hésita pas à le comprendre et à s'y résigner.

      Pendant les quatre ou cinq jours qu'il passa encore à Campvallon, sa conduite fut parfaite. Les attentions délicates et réservées dont il entoura mademoiselle d'Estrelles, mêlées d'une dose convenable de mélancolie, lui témoignèrent à la fois sa reconnaissance, son respect et ses regrets. M. de Campvallon n'eut pas moins à se louer des procédés du jeune comte, qui entra dans la faiblesse de son hôte avec une bonne grâce affectueuse, lui parla peu de la beauté de sa fiancée et beaucoup de ses qualités morales, et lui laissa voir sur l'avenir de cette union la plus flatteuse confiance.

      La veille de son départ, Camors fut mandé dans le cabinet du général.

      — Mon jeune ami, lui dit M. de Campvallon en lui remettant un bon de trois cent mille francs sur son banquier, je dois vous déclarer, pour le repos de votre conscience, que j'ai informé mademoiselle de Luc d'Estrelles du petit avantage que je vous fais. Mademoiselle de Luc d'Estrelles, mon jeune ami, a beaucoup d'estime et d'amitié pour vous, sachez cela. Elle a donc accueilli ma communication avec un sensible plaisir. Je l'ai encore avertie que je ne prétendais tirer aucun reçu de cette somme, et qu'aucune réclamation ne devait être en aucun temps exercée contre vous à ce sujet. Mademoiselle de Luc d'Estrelles, qui doit être mon unique héritière, je ne vous le cache pas, s'est associée cordialement à mes intentions. Maintenant, mon cher Camors, rendez-moi un petit service. Pour vous dire le fond de ma pensée, je serais bien aise de vous voir donner suite immédiatement à vos projets de légitime ambition. Ma situation nouvelle, mon âge, mes goûts, ceux que je puis supposer à la marquise réclament tous mes loisirs et toute ma liberté d'action. Je désirerais, en conséquence, vous recommander le plus tôt possible à mes braves et fidèles électeurs tant pour le Corps législatif que pour le conseil général, que vous ferez bien d'enlever au préalable. Pourquoi différer? Vous êtes très instruit, très capable... Eh bien, quoi! portons-nous en avant! Commençons nos opérations! Voulez-vous?

      — Général, j'aurais préféré mûrir un peu... mais ce serait une vraie folie et une ingratitude en même temps que de ne pas me prêter à vos bonnes dispositions... Que faut-il faire d'abord? Voyons!

      — Mon jeune ami, au lieu de partir pour Paris demain, il faut partir pour votre terre... Reuilly, je crois, vous avez dit?.. Eh bien, il faut partir pour Reuilly et conquérir Des Rameures!

      — Qu'est-ce que c'est que Des Rameures, général?

      — Vous ne connaissez pas Des Rameures?.. Non, au fait, vous ne pouvez pas le connaître... Diable! diable! c'est fâcheux; Des Rameures est tout-puissant dans le pays... C'est un original, Des Rameures, mais un brave garçon... très brave garçon! vous le verrez... avec sa nièce, une femme très respectable! Dame, jeune homme, il faut leur plaire... votre succès est à ce prix... Je vous dis que Des Rameures est maître du pays! Moi, il me protégeait... sans ça, je serais resté en chemin, ma parole d'honneur!

      — Mais, général, que faut-il faire pour lui plaire?

      — À Des Rameures?.. Dame, vous le verrez... C'est un grand original. Il n'a pas été à Paris depuis 1823; il a horreur de Paris et des Parisiens... Eh bien, il faut flatter un peu ses idées là-dessus... il faut un peu de ruse en ce monde, jeune homme!

      — Mais sa nièce, général?

      — Ah diable! il faut plaire aussi à sa nièce... il l'adore, et elle fait de lui tout ce qu'elle veut, quoiqu'il se débatte quelquefois...

      — Et quelle femme est-ce que cette nièce, général?

      — Oh! une femme très respectable, parfaitement respectable... une veuve... un peu dévote... mais très instruite... beaucoup de mérite!

      — Et comment m'y prendre pour plaire à cette dame?

      — Ah! ma foi! vous m'en demandez trop!.. Je n'ai jamais su plaire à une femme, moi, ainsi! Je suis bête comme une oie avec elles... C'est plus fort que moi!.. Mais vous, mon jeune camarade, vous n'avez pas besoin d'être renseigné là-dessus... vous lui plairez, pardieu! vous n'avez qu'à être convenable et gentil... voilà tout!.. Enfin vous verrez tout ça, et vous vous en tirerez comme un ange, j'en suis sûr... Plaire à Des Rameures et à sa nièce, voilà le mot d'ordre!

      Le lendemain dans la matinée, M. de Camors quitta le château de Campvallon, muni de ces renseignements incomplets, et, en outre, d'une lettre du général pour Des Rameures. Il se rendit en voiture de louage à son domaine de Reuilly, qui était situé dix lieues plus loin. Chemin faisant, il se disait que tout n'est pas rose dans la carrière de l'ambition, et qu'il était dur d'y rencontrer dès le début deux physionomies aussi inquiétantes que celles de Des Rameures et de sa respectable nièce.

      IV

      Le domaine de Reuilly se composait de deux fermes perdues au milieu des champs et d'une maison de quelque apparence qui avait été habitée autrefois par la famille maternelle de M. de Camors. Il n'avait, quant à lui, jamais vu cette propriété. Il y arriva à la fin d'une belle journée d'été, vers huit heures. Une longue et sombre avenue de vieux ormes qui entre-croisaient leurs cimes épaisses conduisait à la maison d'habitation, qui ne répondait pas à cette préface imposante. C'était une maigre construction du siècle dernier, simplement ornée d'un attique et d'un œil-de-bœuf, mais flanquée toutefois du colombier seigneurial. Elle empruntait, d'ailleurs, un certain air de dignité aux deux petites terrasses superposées qui la précédaient, et dont les doubles escaliers s'appuyaient sur des balustrades de granit. Deux animaux en pierre, qui avaient peut-être ressemblé autrefois à des lions, se faisaient pendant de chaque côté de la balustrade, à l'entrée de la terrasse supérieure, et se dévoraient de l'œil depuis cent cinquante ans.

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