Commentaire
Dans la culture traditionnelle chinoise, «commencer par se parfaire et bien gouverner sa famille, puis gouverner son pays et ensuite pacifier l’Univers» constituent un cadre théorique pour l’éducation et la pratique de la morale ainsi que l’ultime objectif du développement personnel. Cette idée a été amplement développée par Le Livre des Rites dans son chapitre «La Grande étude» («Da Xue», Li Ji). Au cours de ce processus qui part de l’intérieur pour aller vers l’extérieur, qui part de l’individu pour s’étendre à la totalité de l’univers en passant par la famille et le pays, la vertu inhérente à chaque individu ne cesse de se perfectionner et de s’enrichir au point de se répandre sur toute la Terre. Autrement dit, la vertu acquise grâce au perfectionnement personnel précède la vertu politique permettant de gouverner le pays.
«Rien n’est plus important que la patrie, rien n’est plus crucial que la vertu.» Les dirigeants d’un parti politique, s’ils souhaitent recevoir le soutien du peuple, doivent non seulement utiliser toute la puissance de la vérité, mais aussi tirer pleinement parti de leur force de personnalité. Il en est de même pour un cadre. S’il ne développe pas sa moralité, ne l’améliore pas ni ne la met en pratique chaque jour, il ne pourra pas se mettre au service du peuple, faire preuve de réalisme ou rester intègre. C’est pour cette raison que Xi Jinping insiste depuis toujours sur la nécessité pour les cadres dirigeants de continuer à se former et à développer leur sens moral. Ils doivent prendre eux-mêmes l’initiative de forger leur caractère et d’aiguiser leur sens moral, et ne plus faire de distinction entre exercer leurs responsabilités professionnelles et se conduire éthiquement d’un point de vue personnel. Ils doivent également ne plus faire de différence entre le discours tenu et les actions mises en œuvre. Ce n’est qu’ainsi qu’ils pourront faire montre d’un grand charisme et que leur conduite morale emportera l’adhésion de tous, que ce soit dans leur vie personnelle ou dans l’exercice de leurs fonctions professionnelles.
Source
C’est grâce aux cinq éléments que le ciel ordonne les myriades d’êtres, c’est pourquoi «les cinq éléments viennent en premier». C’est grâce aux cinq «choses» que les hommes acquièrent leur seconde nature en suivant la voie du ciel. C’est pourquoi «en second lieu, il faut accomplir les cinq choses attentivement». Les cinq choses guident les souverains et les aident à cultiver leur cœur et leur corps pour qu’ils puissent ensuite gouverner le pays. C’est pourquoi «s’atteler à appliquer les huit politiques arrivent en troisième place».
–-Wang Anshi (dynastie des Song du Nord), Hong Fan Zhuan (Commentaire sur Hong Fan)
Interprétation
Le Commentaire sur Hong Fan est un important ouvrage philosophique écrit par Wang Anshi, homme politique et homme de lettres ayant vécu sous la dynastie des Song du Nord. Sous forme de commentaire sur le chapitre «Hong Fan», qui fait partie du Classique des documents («Hong Fan», Shang Shu), Wang Anshi exprime son idée selon laquelle il n’existe pas de lien de causalité entre les phénomènes célestes et les affaires humaines, et que les calamités naturelles et les phénomènes anormaux de la nature n’ont rien de redoutable. En ce qui concerne l’art de gouverner le pays, Wang Anshi préconise que «les souverains cultivent d’abord leur cœur et leur corps pour ensuite gouverner le pays». Ce qui signifie qu’un souverain doit d’abord se perfectionner et acquérir une âme noble pour être ensuite capable de gouverner le pays et de pacifier l’univers.
«Commencer par se perfectionner, puis gouverner le pays et finalement pacifier l’univers.» Cela constitue, dans la conception philosophique traditionnelle chinoise, un parcours complet qui permet de façonner la personnalité d’une personne. Selon «La Grande étude» du Livre des Rites, «auparavant, les princes, pour faire briller les vertus naturelles dans le cœur de tous les hommes, s’appliquaient à bien gouverner leur principauté. Pour bien gouverner leurs terres, ils devaient au préalable mettre en ordre leurs familles. Pour mettre le bon ordre dans leurs familles, il fallait avant cela qu’ils se cultivent et acquièrent les qualités personnelles nécessaires en mettant de l’ordre dans leur cœur. Si l’on veut mettre de l’ordre dans son cœur, il faut d’abord parfaire sa force de volonté, et si l’on veut parfaire sa force de volonté, il faut avant cela développer ses connaissances le plus possible. Et c’est en observant la nature des choses que l’on peut développer ses connaissances.» Se corriger soi-même est le point d’arrivée rendu possible par la compréhension de la nature de toutes choses, le développement des connaissances, la purification des intentions, et la rectification du cœur. Mais c’est aussi le point de départ pour établir l’ordre au sein de sa famille, bien gouverner le royaume et pacifier l’univers. Aux yeux de nos ancêtres, tout système politique, conçu de façon aussi rigoureuse que possible, doit finalement s’appuyer de manière concrète sur chaque personne dans sa mise en œuvre. Par conséquent, la haute moralité des gouvernants est d’une importance capitale, car indispensable pour assurer la paix et l’administration de l’Etat.
Refuser d’endosser les responsabilités qui lui incombent représente pour un officiel une honte qui durera toute sa vie.
–-Cité dans Le discours prononcé lors de la réunion nationale sur le travail d’organisation et autres.
Commentaire
«Oser assumer ses responsabilités» est pour Xi Jinping une qualité extrêmement importante. Il a déjà souligné en 2010, en sa qualité de directeur de l’Ecole centrale du Parti, que «quand on évalue un cadre, il est important de voir s’il manifeste un sens des responsabilités et un désir de les assumer»; en 2013, à l’occasion de la réunion nationale sur le travail d’organisation, il a insisté particulièrement sur ce point en disant que «rester fidèle à ses principes et oser assumer ses responsabilités sont les qualités cardinales que doit posséder un cadre du Parti» et il considère qu’il s’agit là d’un critère capital pour identifier un bon cadre. Par cette citation, Xi Jinping vise à encourager les cadres dirigeants à travailler avec diligence et dévouement, et à avoir le courage d’assumer leurs responsabilités. Les cadres ne doivent pas se dérober à leurs responsabilités et ne rien entreprendre. Comme dit cette phrase qui circule parmi la population: «si un cadre ne prend pas de décision dans l’intérêt du peuple, il ferait mieux de rentrer chez lui vendre des patates douces». Cette boutade, malgré son ironie, exprime bien les attentes du peuple vis-à-vis de leurs dirigeants. La première de ces attentes, c’est que ces derniers aient le courage d’agir et d’endosser leurs responsabilités. Avoir ce courage étant en lui-même une responsabilité, un cadre dirigeant digne de ce nom doit être conscient que les responsabilités «sont aussi lourdes que le Mont Taishan» et accorder toujours la priorité aux principes du Parti, à la cause du Parti et aux intérêts du peuple. Il lui faut adopter une position ferme et claire, oser s’attaquer aux problèmes épineux, se dévouer entièrement au travail sans jamais se plaindre, se conduire d’une manière toujours irréprochable et faire preuve de compétence dans l’accomplissement de sa mission. «C’est lorsque survient l’ouragan qu’on reconnaît l’herbe tenace, et quand on le plonge dans les flammes qu’on reconnaît l’or pur.» Pour la noble cause du Parti et du peuple, les cadres se doivent d’avoir le courage de penser, d’agir et d’assumer leurs responsabilités, de façon à se faire l’herbe tenace et l’or pur de notre époque.
Source
Le plus important dans l’idéal de conduite d’un homme de bien, c’est de promouvoir la loyauté sur terre. A chaque période de trouble, les hommes, que leur statut social soit élevé ou modeste, laissent libre cours à des passions contraires à la bienséance et à l’ordre de la société, se dévorent entre eux avec perfidie, et rivalisent de ruse pour fomenter des complots. Chacun cherche par tous les moyens à se garantir le plus de sécurité possible et n’hésite pas à exposer les autres aux dangers les plus extrêmes. Personne ne consent à