La Sonate à Kreutzer: Collection intégrale (3 Traductions en un seul livre)
Traducteur: Isaac Pavlovsky et J.-H. Rosny aîné, Ely Halpérine-Kaminsky, J.-Wladimir Bienstock
e-artnow, 2021
EAN 4064066448158
Note éditoriale: Cet eBook suit le texte original.
Table des matières
La Sonate à Kreutzer - Traduction par Isaac Pavlovsky et J.-H. Rosny aîné
La Sonate à Kreutzer - Traduction par E. Halpérine-Kaminsky
La Sonate à Kreutzer - Traduction par J.-Wladimir Bienstock
La Sonate à Kreutzer - Traduction par Isaac Pavlovsky et J.-H. Rosny aîné
Contenu
Préface
J’ai reçu et je reçois encore de nombreuses lettres de personnes qui me sont inconnues et qui me demandent de leur expliquer en termes simples et clairs ce que je pense du sujet de mon récit intitulé la Sonate à Kreutzer. Je vais essayer de le faire. J’en pense ceci :
D’abord, je crois que dans notre société s’est formée une conviction stable et commune à toutes les classes, soutenue par la fausse science, que les relations sensuelles sont une chose nécessaire à la santé des hommes et par cela même excusables.
C’est pour cela que les célibataires s’adonnent à la débauche les uns devant les autres avec la conscience absolument tranquille. Certains parents, d’après le conseil des médecins, organisent la débauche pour leurs enfants, et les gouvernements dont l’unique raison d’être consiste à s’occuper du bien-être moral des citoyens sanctionnent la prostitution, c’est-à-dire régularisent toute une classe de femmes qui doivent périr corps et âme pour satisfaire les soi-disant exigences de la santé des citoyens, et je pense que c’est mal. C’est mal, parce qu’on ne peut admettre que pour la santé des uns il faille perdre les corps et les âmes d’autres, comme il ne peut pas être que pour la santé des uns il faille boire le sang des autres. Il ne faut pas céder à cette tromperie, et pour ne pas céder, il faut premièrement ne pas croire aux doctrines immorales, même si elles étaient confirmées par n’importe quelle science. Deuxièmement, il faut comprendre que c’est une lâcheté que l’entrée en relations sexuelles pour de l’argent ou gratis en s’affranchissant des conséquences, rejetant la responsabilité sur la femme ou aidant à sa perte, et c’est pourquoi les célibataires qui ne veulent pas vivre comme des lâches doivent s’abstenir à l’égard de toutes les femmes de la même façon dont ils s’abstiendraient s’il n’y avait autour d’eux d’autres femmes que leurs mères ou leurs sœurs. Et pour que les hommes puissent s’abstenir, ils doivent mener un genre de vie naturel, ne pas boire des alcools, ne pas se gaver, ne pas trop manger de viandes, ne pas éviter le travail – non pas la gymnastique, mais le travail qui fatigue et qui n’est pas un amusement. – La preuve que la continence est possible, et moins dangereuse et moins nuisible à la santé que l’incontinence, tout homme en trouvera autour de lui des centaines d’exemples. Ceci pour le primo, et secundo, je pense que dans notre société, grâce aux idées sur les relations amoureuses comme le bienfait poétique et sublime de la vie et comme condition nécessaire à la santé, l’infidélité conjugale est devenue dans toutes les classes de la société, et surtout chez les paysans, grâce au service militaire, l’acte le plus ordinaire, le plus agréable, qui enjolive la vie comme on voit cela dans les romans, nouvelles, opéras et tableaux. Je pense que ce n’est pas bien. Et comme cela ne résulte pas tant de cet instinct animal, qui naît dans l’homme pour continuer l’espèce, que de ce qu’on exalte cet instinct animal jusqu’au degré du style poétique ou de l’héroïsme, pour que cela cesse il faut que les idées sur l’amour et sur les relations corporelles se transforment, et que les hommes