Le 10 juillet 1925 Bois-Colombes, 44 rue Jean-Jaurès, Seine
Madame, Votre image m'a suivie pendant tout le cours de mon voyage et je n'ai fait que penser avec reconnaissance et tendresse à toutes Vos bontés pour moi, pendant les jours trop courts qui m'ont amenée auprès de Vous.
Merci encore, Madame, merci toujours pour la joie que j'en ai ressentie.
Pendant ce voyage j'ai eu encore une impression très douce. La Princesse Hélène qui se trouvait chez sa fille à Séran a eu la bonté de venir avec elle et sa nièce Катя Galitsine, à une station sur la route de Hambourg. Elles sont montées dans notre wagon et nous avons passé ensemble plus d'une heure, jusqu'à la station suivante. J'ai été très contente d'apprendre que le Prince Galitsine avait reçu une lettre de sa belle-soeur (ma petite-fille) et de savoir par elle que tout allait bien à Perme…
J'ai été horriblement fatiguée à mesure que le voyage se prolongeait et après plusieurs transbordements et beaucoup d'ahurissements nous sommes enfin arrivées à Paris avant-hier soir.
Mon neveu et son fils sont arrivés en automobile nous emmener avec nos bagages à Bois-Colombes. C'est là où ils demeurent car le loyer y est moins cher qu'à Paris. Ils occupent une jolie petite villa toute entière n'ayant pour tout service – qu'une servante tcheko-slovaque, qui est une bonne cuisinière. Tous les jours, toute la famille va à Paris chacun pour son travail et rentre pour le déjeuner et puis y retourne jusqu'à 8 heures où l'on dîne. Oh m'a préparé une très bonne chambre et un très bon lit où j'ai été contente de m'étendre après toute ma fatigue…
Votre Majesté m'a ordonné de lui écrire immédiatement en arrivant. Je lui obéis en lui envoyant cette lettre si mal écrite, et qui se ressent encore de la fatigue du voyage. Je Vous baise tendrement les mains, Madame, et je prie Dieu sans cesse de Vous garder de tout mal.
Дневник Елизаветы Алексеевны Нарышкиной
Le 4 août 1925
Reçu lettre de ma chère petite Ирина, contente de son sort, aime son mari. Véra a quelques leçons. Elle m'annonce grossesse d'Ирина pour le mois de février! Emotion! Pauvre chère enfant! Sont heureux de cela! Mais quelles complications dans leurs vies, avec si peu d'argent! Dieu y pourvoira. Ирина se porte encore très bien et n'a pas les malaises ordinaires – mais cela viendra – et les souffrances!!! Pauvre enfant et pauvre Véra! Combien je les aime, et combien je regrette d'être loin; rien ni personne ne peut les remplacer[30].
Le 8/21 octobre 1925
Suis horriblement triste, Véra n'a pas reçu encore l'argent que je lui ai envoyé – désolée s'il est perdu, elle a moins de leçons. Irène n'a toujours que sa seule leçon. Je voudrais tant que mes 5 червонцев leur parviennent. Le cher Kot veut arriver ici avec sa femme après le 1er janvier. N'a pas l'idée de ce que cela coûte. M'invite avec tant de cœur à demeurer avec eux. J'en suis touchée de tout mon cœur mais il ne se rend pas compte des difficultés qu'il aura lui-même à vivre[31].
Le 26 décembre 1925/ 8 janvier 1926
Aujourd'hui étais sur le point d'envoyer ma f. de ch. prendre la chambre pour Kot à l'hôtel quand je reçus une lettre de lui. Tout est changé. Ch le retient encore deux mois! Cela veut dire qu'il se prépare au mouvement en Yougoslavie, en accord avec les menées autour du G. D. Nicolas et les arrestations nombreuses d'officiers au sud de la Russie. Ch a recommencé les persécutions contre le clergé. Comme je l'avais pensé, le récit du meurtre de la famille impériale est le produit de la crainte du gouvernement devant les bruits qui courent du salut de la famille. Bruits fondés sur rien mais qui prennent corps devant la crédulité et l'ignorance populaires soutenus par de mystiques considérations.
D'après les cartes envoyées par Kot, il a beau changer de figure, il a l'air d'un nègre. C'est dommage, un aspect distingué et avenant est un gros atout parmi les nouvelles connaissances et dans la position qu'on doit se faire[32].
Из воспоминаний Ирины Голицыной
Я ждала ребенка, а жизнь становилась все труднее. Как мой муж ни старался, ему не удавалось найти работу. Приходилось считать каждую копейку, но и это не помогало. Мы не могли себе позволить даже нормально питаться, и настал день, когда наш хозяин попросил нас съехать, потому что мы сильно задолжали ему за квартиру. Временно мы переехали к маме, а затем нашли комнату в доме неподалеку от нее, что было очень удобно для всех нас.
Большевики отмечали столетие со дня восстания декабристов. Среди них был и Нарышкин. Мама обратилась в Верховный суд с письмом. Ей кажется странным, что она, потомок одного из "героев", подвергается таким преследованиям и вынуждена жить в ссылке, писала она и просила разрешить ей выехать за границу и соединиться с престарелой и больной матерью.
У меня стало немного больше учеников, мы получали кое-какую помощь от брата Ники из Лондона, но жизнь оставалась трудной. Все вокруг чего-то боялись, не доверяли друг другу, взвешивали каждое слово. У нас были друзья среди ссыльных, например, Наташа Любашинская, с которой я познакомилась в Бутырской тюрьме, – она зарабатывала на жизнь себе и своему отцу тем, что пела и играла на гитаре в городском саду. Но другие, даже и очень милые люди, не рисковали открыто выражать дружеское отношение к нам.
Неожиданно маме пришло официальное письмо с приглашением срочно