—Ne touche pas à la fleur de ton enfant, lui dit la vieille, mais place-toi ici tout près. J'attends la Mort à chaque instant, et, quand elle viendra, ne lui laisse pas arracher la plante; mais menace-la, si elle persiste, d'en faire autant à deux autres fleurs: elle aura peur; car, pour qu'une plante, une fleur ou un arbre soient arrachés, il faut l'ordre de Dieu, et ella doit compte à Dieu de toutes les plantes humaines.
—Ah! mon Dieu, dit la mère, pourquoi ai-je si froid?
—C'est la Mort qui rentre, dit la vieille; reste là et souviens-toi de ce que je t'ai dit.
Et la vieille s'enfuit.
À mesure que la Mort approchait, la mère sentait le froid redoubler.
Elle ne pouvait la voir, mais elle devina qu'elle était devant elle.
—Comment as-tu pu trouver ton chemin jusqu'ici? demanda la Mort; comment surtout as-tu pu être ici avant moi?
—Je suis mère! répondit-elle.
Et la Mort étendit son bras décharné vers le petit cactus; mais la mère le couvrit de ses mains avec tant de force et tant de précaution, qu'elle n'endommagea point une seule de ses feuilles.
Alors la Mort souffla sur les mains de la mère, et elle sentit que ce souffle était froid comme s'il sortait d'une bouche de marbre.
Ses muscles se détendirent et ses mains se détachèrent de la plante, sans force et sans chaleur.
—Insensée! tu ne saurais lutter contre moi, dit la Mort.
—Non; mais le bon Dieu le peut, répondit la mère.
—Je ne fais que ce qu'il me commande, répliqua la Mort. Je suis son jardinier, je prends les arbres et les fleurs qu'il a plantés sur la terre et les replante dans le grand jardin du paradis.
—Rends-moi donc mon enfant, dit la mère en pleurant et en suppliant; ou arrache mon arbre en même temps que le sien.
—Impossible, dit la Mort: tu as encore plus de trente années à vivre.
—Plus de trente années! s'écria la mère désespérée; et que veux-tu, ô Mort, que je fasse de ces trente ans? Donne-les à quelque mère plus heureuse, comme j'ai donné mon sang au buisson, mes yeux au lac, mes cheveux à la vieille.
—Non, dit la Mort, c'est l'ordre de Dieu et je n'y puis rien changer.
—Eh bien, dit la mère, à nous deux alors.—Mort, si tu touches à la plante de mon enfant, j'arrache toutes ces fleurs.
Et elle saisit à pleines mains deux jeunes fuchsias.
—Ne touche pas à ces fleurs, s'écria la Mort. Tu dis que tu es malheureuse, et tu veux rendre une autre mère plus malheureuse encore que toi; car ces deux fuchsias sont deux jumeaux.
—Oh! fit la pauvre femme.
Et elle lâcha les deux fleurs.
Il se fit un silence, pendant lequel on eût dit que la Mort éprouvait un mouvement de pitié.
—Tiens, dit la Mort en présentant à la mère deux beaux diamants, voici tes yeux: je les ai pêchés en passant dans le lac; reprends-les; ils sont plus beaux et plus brillants qu'ils n'ont jamais été. Je te les rends: regarde avec eux dans cette source profonde qui coule à côté de toi. Je te dirai les noms de ces deux fleurs que tu voulais arracher, et tu y verras tout l'avenir, toute la vie humaine de ces deux enfants. Tu apprendras alors ce que tu voulais détruire; tu verras ce que tu voulais refouler dans le néant.
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