L'Homme Qui Séduisit La Joconde. Dionigi Cristian Lentini. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Dionigi Cristian Lentini
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Серия:
Жанр произведения: Историческая литература
Год издания: 0
isbn: 9788835421757
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toxiques directement de la bouche de la belle Simonetta. Et en quelques minutes le redoutable poison avait produit son effet.

      Encore abasourdi par cette succession rapide d’évènements, j’osai interférer encore une seconde fois et proposai à Messire Lorenzo de faire une dernière tentative, en consultant la délégation pontificale qui était logée au diocèse. Le Magnifique me faisant promettre la plus grande discrétion y consentit et me fit accompagner jusqu’à Jacopo. Je revins avec mon ami bénédictin qui analysa les baies de la solanacée, et injecta aux mourants un antidote provenant des terres inconnues d’Afrique. Après une heure environ, les symptômes faiblirent, la température du corps commença à baisser et, en huit jours, les deux jeunes gens se rétablirent complètement.

      En même temps que les Parques on éloigna tout élément suspect en et hors les murs du palais. Si bien qu’à son retour à Florence en compagnie de ses banquiers, Marco Vespucci ne s’aperçut de rien ; lui était encore plus riche, Simonetta encore plus belle, Giuliano encore plus amoureux … mais surtout, la cité était encore plus médicéenne.

      Même l’archevêque semblait se rétablir peu à peu ; nous préparâmes donc notre retour à Rome. Mais avant, le Magnifique, en signe de son affection et de son estime mais aussi de remerciement et de reconnaissance, voulut me rendre hommage par ce que tous considéraient comme une des plus hautes distinctions de la république : la bague en or à six boules, laissez-passer universel dans les territoires florentins … et au-delà.

      Depuis lors je la portais toujours sur moi, précieux témoin de l’amitié de Lorenzo et en éternel souvenir de ces deux malheureux amants qui risquèrent maintes fois, tels Pâris et Hélène, de transformer Florence en Troie. »

      Durant toute cette narration Pietro, fasciné et captivé par des faits si extraordinaires, le talent oratoire du conteur et la profusion de détails, n’osa plus prononcer une seule parole. Il attendit quelques secondes après l’heureux dénouement pour être sûr de ne pas profaner cette incroyable histoire et, réajustant l’écharpe de son bras plâtré, dit finalement avec orgueil :

      « Merci Seigneur, vous servir sera pour moi plus qu’un honneur, ce sera un plaisir. »

      Après deux autres jours de route, la via Cassia dévoila enfin la magnificence de Rome et bien que hommes et bêtes fussent fatigués, à cette vue leurs esprits reprirent vigueur et leurs corps des forces. Tristano pressa les flancs de sa monture et accéléra le rythme de la marche.

      V

      La Comtesse de Forli

      Girolamo Riario et Caterina Sforza

      A l’attendre dans les salles du protonotaire, il ne trouva pas Giovanni Battista mais un clerc grassouillet, qui l’invita à rejoindre immédiatement Monseigneur, très occupé, directement dans la basilique Saint-Pierre, où ce dernier venait d’être convoqué d’urgence par le pape. Il les trouva là tous les deux, en pleine discussion sérieuse, devant le monument funéraire de Roberto Malatesta, le héros de la bataille de Campomorto.

      Aux côtés de Sisto IV se trouvait son neveu, le sinistre capitaine général Girolamo Riario, que Tristano connaissait déjà, comme un des principaux auteurs de la conjuration échouée de Florence, ourdie quatre ans auparavant contre ses amis Lorenzo et Giuliano de’ Medici, et ayant coûté la vie à ce dernier. Non content d’avoir reçu de son oncle les seigneuries d’Imola et Forli, après avoir échoué à prendre possession de Florence et à conquérir Urbino, l’insatiable Riario risquait maintenant de voir aussi s’éteindre définitivement ses ambitions sur Ferrare.

      La république de Venise, comme déjà mentionné, continuait à ignorer les avertissements et les excommunications du Pape ; et pire, après avoir rappelé ses ambassadeurs de Rome, elle menaçait chaque jour davantage la frontière milanaise et les territoires de l’Eglise en Romagne. Et c’était cette dernière visée qui inquiétait le plus le vieux Sisto IV.

      Avant qu’il ne soit trop tard, on pensa alors à jouer la carte aragonaise : on décida d’envoyer Tristano à Naples, auprès du roi Ferdinando, pour tenter de le convaincre, après Campomorto, de stipuler un nouvel accord de coalition (auquel aurait aussi participé Florence et Milan) contre la Sérénissime. En vérité, Giovanni Battista n’était pas partisan de cette solution et avait proposé au contraire d’essayer de négocier directement avec le doge, mais vu la détermination du Saint Père, il s’y plia de bonne grâce et accepta la mission.

      Le plus satisfait de cette situation était évidemment Girolamo, qui voyait dans cette décision sa dernière chance pour s’asseoir en protagoniste à la table des vainqueurs et mettre enfin les mains sur la cité des Este.

      « Monseigneur Orsini », l’interpella-t-il avant que le Pape ne congédie les personnes présentes, « auriez-vous l’obligeance, Votre Grandeur et Notre Honorable Ambassadeur, d’accepter mon invitation à un modeste banquet, que mon épouse et moi tiendrons demain soir dans mon humble palais à Sant’Apollinare pour inaugurer la période des fêtes de Noël. »

      Tristano, qui ne s’était pas prononcé devant le capitaine, la réunion terminée et une fois à l’écart, fut lui aussi prié par son protecteur d’accepter l’invitation. Descendant le grand escalier de la basilique constantinienne, Orsini lui enjoignit :

      « Demain matin à la tierce, je t’attends dans mon bureau pour les détails sur Mantoue, mais d’abord, envoie immédiatement une confirmation à Riario. Tu pourrais décliner l’invitation du neveu du pape, mais pas celle de son fils ! »

      Sur ces paroles il monta dans son coche et disparut dans les rues bondées de la ville.

      Le jeune diplomate était épuisé et cette dernière indiscrétion, outre son extrême implication, le laissa sans voix ; il entra dans la première auberge ouverte et, après s’être restauré, dirigea Pietro et les deux chevaux vers un hébergement pour la nuit ; tandis que le soleil se couchait il retourna chez lui à pied.

      Pourtant, arrivé devant sa demeure les émotions de la journée n’étaient pas encore terminées …

      De la rue il entrevit une faible lueur de chandelle illuminant pour un instant l’étage supérieur de sa résidence. Il mit la main à son épée et monta avec précaution jusqu’au palier où il aperçut de nouveau cette lueur mais cette fois dans la chambre à coucher … Puis une autre lumière plus forte et une troisième bougie …

      « Qui va là ? » demanda-t-il, s’emparant d’une dague accrochée sur un écu au mur, « Montrez-vous ! » et d’un coup de pied il ouvrit en grand la porte entrebâillée de la pièce.

      Un rire impertinent brisa alors la tension, et devant ses yeux se profilèrent les courbes douillettes d’un corps féminin qu’il connaissait bien. C’était sa Veronica.

      « Raconte-moi tout, oh mon héros ! Mes oreilles sont impatientes d’entendre ta voix », murmura son irremplaçable confidente et amante incomparable.

      « Pas autant que moi de serrer ta taille, ma chérie », répliqua Tristano en posant ses armes sur un siège sur lequel se trouvaient la crinoline et les chausses de la jeune prostituée et, laissant tomber sur le sol sa cape bleu outremer, il s’avança virilement vers elle.

      Elle sourit en approchant son index de sa bouche et secouant la tête lâcha sa chevelure bouclée. Il retira sa chemise et la poussant sur le lit, ajouta :

      « Ce récit de ton héros, tu vas devoir te le gagner … »

      Et entre les rires et les jeux érotiques dont ils étaient coutumiers, la fatigue disparut d’un seul coup.

      Le lendemain, ayant récupéré ses forces et l’élégant manteau de laine noire qu’il avait commandé au bon Ludovico avant son départ pour Mantoue, le jeune diplomate se rendit, ob torto collo, au festin de Riario.

      Son palais flambant neuf, qui s’érigeait