D.: Travailliez-vous pour un maître ?
R.: Non, Monsieur; depuis quelques jours je m’étais mis chez moi.
D.: Comment s’appelle votre maître?
R.: Ici (?)
Cette réponse est une question adressée par Fieschi au magistrat interrogateur et la demande suivante contient la réponse à cette question.
D.: Oui.
R.: Je n’ai pas travaillé ici.
D.: Ne dites-vous pas que vous êtes ici depuis le mois d’avril?
R.: Oui.
Nous adressons quelques représentations au prévenu; il dit, entre autres choses:
« Je suis un malheureux ! Je suis un misérable
« Je ne puis rien espérer !
« Je puis rendre service
Nous verrons.
« J’ai du regret de l’avoir fait … »
Le prévenu a sur le côté gauche de la poitrine une croix à cinq branches en pointe, surmontée d’un aigle, au-dessus duquel est une couronne. Le prévenu dit que c’est une décoration du prince Murat.
M. le Garde des sceaux est présent; il joint ses exhortations et ses efforts aux nôtres pour engager le prévenu à dire toute la vérité.
Le prévenu dit encore entre autres choses, d’après diverses interpellations qui lui sont adressées:
« J’arrêterai peut-être quelque chose … Je ne nommerai personne;
« Je ne vendrai personne. Mon crime a été plus fort que ma raison. »
Il lui est demandé s’il n’a pas été excité par les journaux; après avoir répondu: « Pas trop… , il ajoute: Oui.
D.: Nous ne vous demandons pas de noms.
Pas de réponse.
D.: Est-ce vous qui êtes l’inventeur de la machine ?
R.: Oui, Monsieur.
D.: Où avez-vous eu les canons de fusil?
La réponse du prévenu indique qu’il les a achetés en plusieurs endroits.
D.: Où avez-vous acheté la poudre?
R.: Chez les marchands de tabac.
D.: Avez-vous acheté aussi les balles toutes faites?
R.: Oui
D.: Avez-vous été plusieurs jours à faire la machine?
R.: Oui.
Il dit encore en répondant à d’autres questions, qu’il y avait « longtemps qu’elle était faite.»
Il ajoute:
« J’en ai même travaillé plusieurs. Mais je les ai brûlées.
« Sa Majesté peut être tranquille.»
Dans diverses autres explications, « Il dit avoir été fanatisé »; il parle « des événements de la rue Transnonain et de ceux de Lyon.»
Lecture faite, le prévenu a persisté dans ses déclarations; il a dit ne pouvoir signer. Nous avons signé avec le greffier.
(Dossier Fieschi, interrogatoires, pièce 5e.) »
Honoré Daumier – Оноре Домье (1808–1879), признанный мастер политической карикатуры XIX в., живописец, скульптор, художник-график. За карикатуру на короля был посажен в тюрьму (1832). Особенно известен карикатурами на политические события, жизнь известных людей своего времени.
événements m pl de la rue Transnonain – cобытия на улице Транснонен 14 апреля 1834 г. Трагедия, разразившаяся в Париже, случайным свидетелем последствий которой (вынос тел) стал Домье. Через несколько дней после жестоко подавленного восстания ткачей в Лионе восстания вспыхнули и в других городах Франции. Париж также готовился к неминуемым событиям. На улице Транснонен находилась одна из самых больших построенных повстанцами баррикад. После выстрела из окна в офицера из дома рядом с баррикадой солдаты ворвались в дом и убили часть его жителей.
Chambre f des Pairs – Палата пэров, верхняя палата французского парламента с 1814 по 1848 гг. (период двух Реставраций, Ста дней, июльской монархии). Созданная Людовиком XVIII палата была одним из институтов французской законодательной системы. Являлась судом для государственных преступлений и должностных преступлений министров и депутатов.
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Naissance du Christianisme social
Après la déchristianisation du siècle précédent et la violence antireligieuse de la Révolution, la France connaît un regain du catholicisme en ce début du XIXe siècle. Mais ces années-là sont aussi celles des premiers temps de la Révolution industrielle qui transforme la société. Dans ce contexte, Félicité de Lamennais et quelques autres, prônent un catholicisme tourné vers la question sociale, les pauvres. Pleines d’émotion et de lyrisme, ces Paroles d’un croyant sont aussi empruntes du Romantisme qui est à l’œuvre dans la société du temps et dont « le peuple » est un des héros.
« AU PEUPLE
Ce livre a été fait principalement pour vous; c’est à vous que je l’offre. Puisse-t-il, au milieu de tant de maux qui sont votre partage, de tant de douleurs qui vous affaissent sans presque aucun repos, vous ranimer, et vous consoler un peu ! Vous qui portez le poids du jour, je voudrais qu’il pût être à votre pauvre Ame fatiguée ce qu’est, sur le midi au coin d’un champ, l’ombre d’un arbre, si chétif qu’il soit, à celui qui a travaillé tout le matin sous les ardents rayons du soleil.
Vous vivez en des temps mauvais, mais ces temps passeront. Après les rigueurs de l’hiver, la Providence ramène une saison moins rude, et le petit oiseau bénit dans ses chants la main bienfaisante qui lui a rendu et la chaleur et l’abondance, et sa compagne et son doux nid.
Espérez et aimez. L’espérance adoucit tout, et l’amour rend tout facile. Il y a en ce moment des hommes qui souffrent beaucoup parce qu’ils vous ont aimés beaucoup. Moi, leur frère, j’ai écrit le récit de ce qu’ils ont fait pour vous et de ce qu’on a fait contre eux à cause de cela; et lorsque la violence se sera usée d’elle-même, je le publierai, et vous le lirez avec des pleurs alors moins amers, et vous aimerez aussi ces hommes qui vous ont tant aimés.