Un homme blond, costaud et de grande taille leva la main. « Agent Stone ? »
« Oui. »
« Haley Lawrence. Secrétaire à la défense. »
Luke l’avait su mais jusqu’à cet instant, il l’avait oublié.
« Monsieur le Secrétaire, » dit-il. « Que puis-je faire pour vous ? »
L’homme eut un léger sourire, qui ressemblait presque à un rictus. « Comment pensez-vous que Don Morris a pu obtenir ces renseignements ? Il est enfermé dans une prison fédérale de haute sécurité, la plus sécurisée que nous ayons actuellement. Il est détenu en isolement dans sa cellule vingt-trois heures par jour et il n’a aucun contact direct avec personne, excepté les gardiens. »
Luke sourit. « Je pense que c’est une question qu’il faudrait poser aux gardiens. »
Quelques rires se firent entendre dans la salle.
« Je connais Don Morris depuis longtemps, » dit Luke. « C’est probablement l’une des personnes les plus débrouillardes et pleines de ressources que je connaisse. Je ne doute pas un seul instant qu’il reçoive des renseignements, même dans sa situation actuelle. Est-ce que ce sont des renseignements fiables ? Je n’en ai aucune idée, et lui non plus. Il n’a aucun moyen de pouvoir les vérifier. J’imagine que ça, c’est notre boulot. »
Il jeta un coup d’œil en direction de Kurt. « Ça, ce sont toutes les informations dont je dispose. »
Kurt fit une pause, puis hocha la tête. « OK, on va reprendre ça un peu à la volée mais on a déjà pas mal d’informations qui pourraient nous être utiles. J’ai en effet la Belgique en tête depuis quelques années, comme vous pouvez vous en douter. » Il se tourna vers une assistante qui se tenait derrière lui. « Amy, peux-tu afficher une carte de la Belgique ? Avec les noms de Molenbeek et de Kleine Brogel, si tu veux bien. »
La jeune femme pianota sur sa tablette, pendant qu’un autre assistant allumait l’écran principal qui se trouvait derrière Kurt. Quelques secondes s’écoulèrent avant que l’écran bleu du bureau apparaisse à l’écran. Entretemps, les conversations avaient repris à voix basse dans la salle.
Kurt regarda son assistante, qui hocha la tête. Kurt regarda alors la Présidente.
« Susan, tu es prête ? »
« Prête. »
Une carte de l’Europe apparut à l’écran derrière lui. L’image zooma rapidement sur l’Europe occidentale, puis sur la Belgique.
« OK. Derrière moi, vous voyez une carte de la Belgique. Il y a deux endroits dans ce pays sur lesquels je voudrais attirer votre attention. Le premier, c’est la capitale, Bruxelles. »
Derrière lui, l’image zooma à nouveau. Ils virent le réseau dense d’une ville, avec une autoroute qui l’entourait. La carte bougea dans le coin supérieur gauche et ils virent plusieurs photos de rues pavées, d’un édifice gouvernemental datant du XIXe siècle, et d’un pont imposant et majestueux au-dessus d’un canal.
Il se tourna vers son assistante. « Est-ce que tu peux montrer Molenbeek, s’il te plaît. »
L’image zooma à nouveau et d’autres photos de rues apparurent. Sur l’une d’entre elles, un groupe d’hommes barbus manifestaient en portant une bannière blanche, les poings levés. Sur le haut de la bannière, des caractères arabes étaient inscrits en noir. En-dessous, se trouvait la traduction en anglais :
Non à la démocratie !
« Molenbeek est une commune de Bruxelles, comptant environ quatre-vingt-quinze mille habitants. C’est la commune la plus densément peuplée de la ville et, dans certains quartiers, quatre-vingts pourcents des habitants sont musulmans, pour la plupart de descendance turque ou marocaine. C’est un foyer d’extrémisme. Les armes qui ont été utilisées pour l’attaque du Charlie Hebdo avaient été cachées à Molenbeek. Les attaques terroristes de 2015 à Paris y ont été planifiées, et les auteurs de ces crimes sont tous des hommes qui ont grandi et ont vécu à Molenbeek. »
Kurt regarda autour de lui. « En bref, si des attaques terroristes sont actuellement planifiées en Europe, et nous pouvons supposer que c’est bien le cas, il y a de grandes chances que la planification ait lieu à Molenbeek. Est-ce que nous sommes bien clairs sur ce point ? »
Un murmure d’approbation traversa la salle.
« OK, voyons maintenant Kleine Brogel. »
À l’écran, l’image fit un zoom arrière, se déplaça légèrement sur la droite et zooma à nouveau. Luke aperçut les pistes et les bâtiments d’un aérodrome, à proximité d’une petite ville.
« La base aérienne de Kleine Brogel, » dit Kurt. « C’est un aérodrome militaire belge situé à environ cent kilomètres à l’Est de Bruxelles. Le village que vous voyez, c’est Kleine Brogel, d’où le nom de la base aérienne. Elle abrite le 10e Wing tactique de l’armée belge. Ils opèrent avec des F-16 Fighting Falcons, des avions de chasse supersoniques qui peuvent, entre autres choses, larguer des bombes nucléaires B61. »
À l’écran, la carte disparut et fut remplacée par l’image d’une bombe en forme de missile, montée sur un chariot à roues et garée sous le fuselage d’un avion de chasse. La bombe était longue et lisse, de couleur grise avec une pointe noire.
« Voici le B61, » dit Kurt. « Un peu moins de trois mètres cinquante de long, environ soixante-quinze centimètres de diamètre, avec un poids d’environ trois cent vingt kilos. C’est une arme à rendement variable, qui peut larguer jusqu’à trois cent quarante kilotonnes sur une cible – environ vingt fois la magnitude de l’explosion d’Hiroshima. Si on compare ça aux mégatonnes des missiles balistiques, on voit bien que le B61 est une petite ogive nucléaire tactique. Elle est conçue pour être transportée par des avions rapides, comme le F-16. Remarquez sa forme épurée – qui lui permet de supporter les vitesses que les avions de chasse sont susceptibles d’atteindre. Ce sont des bombes de fabrication américaine et nous les partageons avec la Belgique dans le cadre de l’OTAN. »
« Donc ces bombes se trouvent actuellement dans cette base aérienne ? » demanda Susan.
Kurt hocha la tête. « Oui. Il doit y en avoir environ une trentaine. Mais je peux obtenir le nombre exact si cela s’avère nécessaire. »
Un murmure se fit entendre dans la salle.
Kurt leva la main. « Mais ce n’est pas tout. Kleine Brogel représente un enjeu politique en Belgique. Beaucoup de Belges détestent le fait que des bombes y soient stockées et ils veulent qu’elles sortent du pays. En 2009, un groupe de militants pacifistes belges ont décidé de montrer au public combien ces bombes étaient dangereuses. Ils sont passés à travers le système de sécurité de la base aérienne. »
La carte réapparut à l’écran. Kurt montra un endroit en périphérie de la base aérienne. « Au Sud de l’aérodrome, il y a quelques exploitations laitières. Les militants ont tout simplement traversé les champs, puis ils ont grimpé la clôture. Ils se sont baladés dans la base aérienne pendant au moins quarante-cinq minutes avant que quelqu’un remarque leur présence. Quand ils ont finalement été interceptés – par un pilote belge portant une arme non chargée – ils se trouvaient juste devant un bunker où certaines des bombes sont stockées. Ils avaient déjà tagué le bunker de slogans et accrochés des banderoles. »
Des murmures remplirent à nouveau la salle, mais le brouhaha fut plus prononcé cette fois-ci.
« OK, OK. Ça a été un sérieux manquement à la sécurité. Mais avant de s’emballer, il y a encore quelques points à préciser. Tout d’abord, les bunkers étaient