l’Amour Comme Ci . Sophie Love. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Sophie Love
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: Les Chroniques de l’Amou
Жанр произведения: Современные любовные романы
Год издания: 0
isbn: 9781640293519
Скачать книгу
pu ressentir avant d’emprunter la route traîtresse commença à décliner. Fonctionner à l’adrénaline et au café n’avait mené Keira que jusque là. Maintenant, au lieu d’être en admiration devant la beauté de la nature, elle voyait son environnement comme clairsemé et plutôt morne. Les seules créatures vivantes en vue étaient des moutons. Il y avait de vieilles fermes en pierre disséminées et abandonnées çà et là, en train de s’effondrer. Haut dans les collines, Keira vit également un château abandonné niché au milieu d’une poignée d’arbres, et se demanda comment on avait pu laisser un vieux bâtiment historique tomber en décrépitude.

      Elle commença mentalement à prendre des notes pour son article, se souvenant de l’angle cynique qu’Elliot voulait qu’elle adopte. Au lieu de voir la beauté de la côte, elle se concentra plutôt sur les nuages gris. Au lieu de considérer la vaste vue sur l’océan comme miraculeuse, elle décida plutôt de projeter son regard sur la morosité des montagnes escarpées et lointaines. Bien que ce soit d’un côté d’une beauté saisissante, Keira pensait que démystifier le romantisme de l’Irlande ne serait guère un défi. Elle avait juste besoin de savoir où regarder et comment tourner les choses.

      Elle traversa une poignée de petites villages aux murs de pierre. L’un d’eux s’appelait Killinaboy et elle rit à haute voix, puis envoya rapidement une photo du panneau de la ville à Zach, dont elle espérait qu’il apprécierait.

      Keira était si distraite par le panneau amusant qu’elle ne remarqua presque pas l’obstacle suivant sur la route – un troupeau de moutons ! Elle écrasa les freins et s’arrêta juste à temps, calant au passage. Il fallut beaucoup de temps pour que sa terreur diminue. Elle aurait pu faucher toute une famille de moutons !

      Prenant un moment pour calmer les battements de son cœur, Keira attrapa son téléphone et prit une photo de la nuée de postérieurs de moutons, l’envoyant à Zach avec la légende : la circulation ici est un cauchemar.

      Bien sûr, elle ne reçut aucune réponse. Frustrée par son total manque d’intérêt, elle envoya les mêmes photos à Nina et Bryn à tour de rôle. Toutes deux répondirent presque immédiatement par des émojis rieurs et Keira hocha de la tête, satisfaite de savoir qu’au moins quelqu’un dans sa vie trouvait ses escapades intéressantes.

      Keira fit redémarrer le moteur et rattrapa lentement la cohorte de moutons. Ils la regardèrent passer avec une expression entendue, et elle se retrouva presque à s’excuser à haute voix. Le ciel commençait à s’assombrir, donnant au trajet l’impression d’être encore plus dangereux. Que les seuls bâtiments qu’elle vit soient des églises, avec des statues solennelles de la Vierge Marie priant en bords de la route, n’aidait pas.

      Enfin, Keira arriva à Lisdoonvarna et fut agréablement surprise par ce qu’elle vit. Au moins, cela ressemblait à un endroit où des gens vivaient ! Il y avait des rues où plus d’une maison se tenait côte à côte, ce qui lui donnait l’impression d’être une ville…enfin presque. Tous les bâtiments, maisons et magasins étaient si petits et pittoresques, beaucoup à quelques pas à peine de la route, et ils étaient peints de vives couleurs arc-en-ciel. Keira était heureuse d’être enfin dans un lieu qui semblait être une communauté plutôt que de simples habitations reliées par des routes.

      Elle ralentit et suivit les panneaux de signalisation jusqu’à ce qu’elle trouve l’adresse qu’elle cherchait, le Saint Paddy’s Inn. Le B&B était juste à l’angle de deux routes, bâtiment de trois étages en briques rouge foncé. De l’extérieur, cela paraissait très irlandais à Keira.

      Elle se gara dans le petit parking et sortit d’un bond, puis attrapa ses sacs dans le coffre. Elle était épuisée, prête à rentrer et à se reposer.

      Mais alors qu’elle approchait, elle réalisa que le repos n’était pas quelque chose qu’elle allait obtenir de sitôt. Parce que même de là elle pouvait entendre les bruits des conversations joyeuses et d’un débat tumultueux. Elle pouvait aussi entendre le bruit d’un concert, des violons, pianos et accordéons.

      Une clochette au-dessus de la porte tinta quand elle entra pour trouver un petit pub sombre, avec un vieux papier peint cramoisi et plusieurs tables rondes en bois. L’endroit était rempli à ras bord de gens, bières à la main. Ils la regardèrent comme s’ils pouvaient dire sur-le-champ qu’elle n’était pas à sa place ici, qu’elle n’était pas seulement une touriste, mais une Américaine.

      Keira se sentit un peu dépassée par le choc culturel.

      « Que puis-je faire pour vous ? », dit une voix masculine avec un accent prononcé que Keira put difficilement comprendre.

      Elle se tourna vers le bar pour voir un vieil homme debout derrière. Il avait un visage rabougri et une touffe de cheveux gris qui poussait du milieu d’un crâne autrement chauve.

      « Je suis Keira Swanson », dit Keira en s’approchant de lui. « Du magazine Viatorum. »

      « Je ne peux pas vous entendre ! Parlez plus fort ! »

      Keira éleva la voix sur fond de musique folklorique jouée en live et répéta son nom. « J’ai une chambre réservée ici », ajouta-t-elle quand l’homme ne fit que la regarder avec un froncement de sourcils. « Je suis une rédactrice d’Amérique. »

      Finalement, l’homme parut comprendre qui elle était et pourquoi elle était là.

      « Bien sûr ! », s’exclama-t-il, et un sourire s’étira sur son visage. « Du papier avec le nom latin chic. »

      Il avait une aura chaleureuse, très grand-père, et Keira se sentit se détendre à nouveau.

      « C’est celui-là », confirma-t-elle.

      « Je suis Orin », dit-il. « Je suis le propriétaire du Saint Paddy. Je vis ici aussi. Et c’est pour vous. » Tout à coup, une pinte de Guinness fut posée sur le bar en face de Keira. « Un accueil traditionnel du Saint Paddy. »

      Keira fut prise de court. « Je ne suis pas tellement une buveuse », dit-elle en riant.

      Orin lui jeta un coup d’œil. « Vous l’êtes pendant que vous êtes dans le comté de Clare, ma fille ! Vous êtes là pour vous laisser aller tout comme le reste des habitants. Et de toute façon, nous devons trinquer à votre bon voyage ! Merci à la Vierge Marie. » Il fit un signe de croix sur sa poitrine.

      Keira se sentit un peu timide en acceptant la Guinness et en prenant une gorgée du liquide fort et crémeux. Elle n’avait jamais goûté de Guinness auparavant et la saveur ne lui était pas particulièrement agréable. Après seulement une gorgée, elle fut certaine qu’elle ne serait pas capable de finir la pinte entière.

      « Tout le monde », cria Orin aux clients du pub, « c’est le reporter américain ! »

      Keira ne savait plus où se mettre, alors que tout le pub se retournait et commençait à applaudir, à pousser des acclamations comme si elle était une sorte de célébrité.

      « Nous sommes tellement excités que vous soyez ici ! », dit une femme aux cheveux frisés. Elle se pencha un peu trop près et sourit un peu trop largement au goût de Keira. Puis, d’une voix plus basse, elle ajouta : « Il se pourrait que vous vouliez essuyer votre moustache de Guinness. »

      Sentant ses joues brûler d’embarras, Keira essuya rapidement la mousse de sa lèvre supérieure. Une seconde plus tard, une autre des clientes du pub se fraya un passage, jouant des coudes avec d’autres sur son chemin — sans que personne ne semble s’en soucier. Elle renversa un peu de son verre quand elle trébucha. « J’ai hâte de lire votre texte ! »

      « Oh, merci », dit Keira en haussant les épaules. Il ne lui était pas venu à l’esprit que les personnes locales voudraient lire ce qu’elle avait écrit à leur sujet. Cela pourrait rendre toute cette approche cynique un peu plus difficile à trouver.

      « Alors qu’est-ce qui vous a donné envie d’être journaliste ? », dit l’homme à côté d’elle.