Une Chanson pour des Orphelines . Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: Un Trône pour des Sœurs
Жанр произведения: Героическая фантастика
Год издания: 0
isbn: 9781640293236
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dire que vous êtes bonne, alors ?” répliqua Kate.

      Siobhan haussa les épaules à cette idée. “J'essaie seulement de t'indiquer la faveur que tu dois accomplir. La chose nécessaire. Parce que la vie, c'est ça, Kate. Une succession de choses nécessaires. Connais-tu la malédiction du pouvoir ?”

      Cela ressemblait beaucoup à une des leçons de Siobhan. Le seul avantage qu'y voyait Kate, c'était que, au moins, personne n'allait la poignarder au cours de celle-ci.

      “Non”, dit Kate. “Je ne connais pas la malédiction du pouvoir.”

      “C'est simple”, dit Siobhan. “Si tu as du pouvoir, alors, tout ce que tu fais affectera le monde. Si tu as du pouvoir et que tu peux voir ce qui va se passer, alors, même choisir de ne pas agir reste un choix. Tu es responsable du monde rien qu'en y vivant et j'y vis depuis très longtemps.”

      “Depuis combien de temps ?” demanda Kate.

      Siobhan secoua la tête. “C'est le genre de question dont la réponse a un prix et tu n'as toujours pas payé celui de ton entraînement, apprentie.”

      “Votre faveur”, dit Kate. Elle la redoutait encore et rien de ce que Siobhan avait dit ne l'avait soulagée.

      “C'est une chose assez simple”, dit Siobhan. “Quelqu'un doit mourir.”

      A la façon dont elle le disait, on aurait pu croire qu'elle ordonnait à Kate de balayer un plancher ou d'aller chercher de l'eau pour un bain. Elle agita une main et l'eau de la fontaine miroita en montrant une jeune femme qui traversait un jardin. Elle portait des vêtements luxueux mais aucun des emblèmes des maisons nobles. Dans ce cas, était-elle la femme ou la fille d'un marchand ? Une femme qui s'était enrichie autrement ? Elle était assez jolie. Elle semblait sourire à une plaisanterie secrète et jouir de la vie.

      “Qui est-ce ?” demanda Kate.

      “Elle s'appelle Gertrude Illiard,” dit Siobhan. “Elle habite à Ashton, dans la propriété familiale de son père, le marchand Savis Illiard.”

      Kate attendit que la magicienne lui en dise plus mais Siobhan ne dit rien, ne fournit aucune explication, ne suggéra en aucune façon pourquoi cette jeune femme devait mourir.

      “A-t-elle commis un crime ?” demanda Kate. “Fait quelque chose de terrible ?”

      Siobhan leva un sourcil. “As-tu besoin de savoir une telle chose pour être capable de tuer ? Je n'en crois rien.”

      Quand elle entendit ces paroles, Kate sentit monter sa colère. Comment Siobhan osait-elle lui demander de faire une chose pareille ? Comment osait-elle exiger que Kate ait du sang sur les mains sans fournir la moindre raison ou explication ?

      “Je ne suis pas une simple tueuse que vous pouvez envoyer où bon vous semble”, dit Kate.

      “Vraiment ?” Siobhan se leva et s'écarta du rebord de la fontaine en un mouvement qui avait l'air étrangement enfantin, comme si elle descendait d'une balançoire ou bondissait du bord d'un chariot à la façon d'un garnement qui avait traversé la ville en cachette. “Tu as déjà tué des quantités de fois.”

      “C'est différent”, insista Kate.

      “Tous les moments de la vie ont une beauté unique”, convint Siobhan. “En même temps, tous les moments sont ennuyeux, semblables les uns aux autres. Tu as tué des quantités de gens, Kate. En quoi serait-ce différent cette fois-ci ?”

      “Ceux que j'ai tués le méritaient”, dit Kate.

      “Oh, ils le méritaient”, dit Siobhan, et Kate entendit la moquerie dans sa voix même si les protections que l'autre femme maintenait toujours empêchaient Kate de voir les pensées qui sous-tendaient ces paroles. “Les bonnes sœurs le méritaient pour tout ce qu'elles t'ont fait et l'esclavagiste pour ce qu'il a fait à ta sœur, n'est-ce pas ?”

      “Oui”, dit Kate. Elle était au moins certaine de ça.

      “Et le garçon que tu as tué sur la route parce qu'il avait osé s'attaquer à toi ?” poursuivit Siobhan. Kate se mit à se demander si l'autre femme connaissait vraiment les détails de cette affaire-là. “Et les soldats qui se trouvaient sur la plage pour … comment as-tu justifié ce cas-là, Kate ? Était-ce parce qu'ils envahissaient ton pays ou était-ce juste parce que tes ordres t'avaient emmenée là-bas et que, quand la bataille commence, il n'y a plus le temps de se demander pourquoi on se bat ?”

      Kate recula d'un pas, surtout parce que, si elle frappait la magicienne, elle soupçonnait qu'elle ne pourrait pas faire face aux conséquences.

      “Même maintenant”, dit Siobhan, “j'imagine que je pourrais placer une dizaine d'hommes ou de femmes devant toi et que tu aimerais les transpercer d'une épée. Je pourrais te trouver ennemi après ennemi et tu les tuerais tous. Et pourtant, ce cas-ci est différent ?”

      “Elle est innocente”, dit Kate.

      “D'après le peu que tu sais”, répondit Siobhan. “Ou peut-être ne t'ai-je tout simplement pas révélé toutes les morts innombrables et toute la misère dont elle est responsable.” Kate cligna des yeux et elle se tenait de l'autre côté de la fontaine. “Ou peut-être ne t'ai-je tout simplement pas parlé de tout le bien qu'elle a fait, de toutes les vies qu'elle a sauvées.”

      “Vous n'allez pas me dire ce qu'elle a vraiment fait, n'est-ce pas ?” demanda Kate.

      “Je t'ai donné une tâche”, dit Siobhan. “Je m'attends à ce que tu l'exécutes. Tes questions et tes scrupules n'ont rien à voir avec ça. Il s'agit de la loyauté qu'une apprentie doit à son professeur.”

      Donc, elle voulait savoir si Kate était capable de tuer seulement parce qu'elle le lui ordonnait.

      “Vous pourriez tuer cette femme vous-même, n'est-ce pas ?” devina Kate. “J'ai vu ce que vous pouvez faire quand vous sortez de nulle part comme ça. Vous avez les pouvoirs qu'il faut pour tuer une seule personne.”

      “Et qui pourrait prétendre que je ne suis pas en train de le faire ?” demanda Siobhan. “Peut-être la manière la plus simple est-elle d'envoyer mon apprentie.”

      “Ou peut-être voulez-vous simplement voir ce que je ferai”, devina Kate. “C'est un genre de mise à l'épreuve.”

      “Tout est une mise à l'épreuve, ma chère”, dit Siobhan. “Ne l'as-tu pas encore compris ? Tu vas exécuter cette tâche, je le sais.”

      Que se passerait-il quand elle le ferait ? Est-ce que Siobhan lui permettrait vraiment de tuer une inconnue ? Peut-être était-ce le jeu auquel elle jouait. Peut-être comptait-elle laisser Kate frôler le meurtre juste avant de mettre fin à l'épreuve. Kate espérait que c'était le cas mais, même ainsi, elle n'aimait pas qu'on lui donne des ordres comme ça.

      « N'aimait pas » n'était pas un terme assez fort pour ce que Kate ressentait à ce moment-là. Elle détestait cette idée. Elle détestait les jeux auxquels Siobhan jouait constamment, son désir permanent de transformer Kate en une sorte d'outil utilisable à volonté. Courir dans la forêt poursuivie par des fantômes avait été bien assez désagréable. Ça, c'était pire.

      “Et si je refuse ?” dit Kate.

      L'expression de Siobhan s'assombrit.

      “Crois-tu que tu le peux ?” demanda-t-elle. “Tu es mon apprentie, tu m'as juré fidélité. Je peux faire de toi ce que je veux.”

      Alors, des plantes surgirent autour de Kate, munies d'épines acérées qui en faisaient des armes. Elles ne la touchaient pas mais la menace était évidente. Pourtant, Siobhan ne semblait pas en avoir terminé. Elle fit un autre geste vers l'eau de la fontaine et la scène qu'elle montrait changea.

      “Je pourrais te capturer et te livrer à l'un des jardins de plaisir de l'Issettie du Sud”, dit Siobhan. “Là-bas, il y a un roi qui pourrait accepter d'être coopératif en échange d'un présent.”

      Kate