— Mère, tu m’entends ? Mère ? Père ?
Ils étaient beaucoup trop immobiles tous les deux. La poitrine figée, ils ne donnaient même pas l’impression de respirer. Quand Sophia toucha la peau de sa mère, elle la trouva froide comme si la chaleur la fuyait avec la magie. Ce dernier charme les avait-il épuisés ? Surtout, quelle était la quantité de poison qui avait réussi à utiliser la magie pour les atteindre ? Ils leur avaient montré à tous les trois où ils devaient aller mais, en le faisant … en le faisant, ils s’étaient exposés à tout ce qu’ils avaient réussi à bannir si longtemps.
Leurs parents étaient morts.
CHAPITRE CINQ
La Nouvelle Armée avançait et Sebastian savait qu’il n’y avait aucun moyen de la repousser sans le bouclier de Stonehome. Personne n’avait pas réussi à le faire à Ashton ou dans n’importe quelle autre ville du royaume, donc, pourquoi pourraient-ils le faire ici, dans une petite ville de quelques milliers d’habitants ?
— Parce que nous le devons, dit Asha en tirant son épée et un pistolet. Nous devons tenir bon ou Violette ne deviendra jamais tout ce que nous l’avons vue devenir.
Elle avait recommencé à lire dans ses pensées mais Sebastian le lui pardonna. Il suffisait qu’elle soit prête à aider et qu’elle soit là lors de l’arrivée de la première vague de soldats.
Lors de cette première charge, des mousquets et des pistolets résonnèrent et ralentirent l’avancée des premiers attaquants, fauchés par la grêle de plombs et de flèches. Cependant, cela ne suffisait pas parce que les tireurs n’avaient pas le temps de recharger. Quelques-uns des guerriers de Stonehome tirèrent une seconde fois avec des armes de rechange ou juste parce qu’ils avaient d’une façon ou d’une autre réussi à recharger mais l’ennemi continuait à arriver et attaquait la muraille qui entourait le village pendant que les soldats de Stonehome tombaient.
Sebastian prépara son épée et avança pour affronter l’ennemi qui venait capturer sa fille. Il plongea son épée dans la gorge du premier homme qui approcha puis envoya un revers à un autre.
Sebastian abattait des hommes, il en venait toujours plus et, pendant ce temps, il essayait de trouver des moyens de sauver les gens qui se tenaient autour de lui. Il voyait les guerriers de Stonehome se battre aux côtés des réfugiés qui savaient le faire. Ils frappaient sans avoir de plan, juste pour tenir bon. Il n’y avait de temps ni pour la subtilité ni pour la stratégie. Il ne restait que le besoin de se battre et de tenir bon.
Il sentit une main se poser sur son bras et virevolta, l’épée levée, mais c’était seulement Emeline qui se tenait là, au milieu des combats.
— Il faut qu’on emporte Violette ! hurla-t-elle par-dessus le fracas des épées et le crépitement de la magie utilisée par les combattants.
Autour de Sebastian, les guerriers de Stonehome utilisaient des pouvoirs qui les rendaient des dizaines de fois plus dangereux que n’importe quel soldat individuel. Certains d’entre eux bougeaient plus vite que n’importe quelle personne normale ne l’aurait pu et d’autres lançaient des choses avec une force incroyable pendant que l’un d’eux enflammait les vêtements de ses attaquants par magie.
Cependant, même avec toutes les capacités que leur apportait leur magie, même s’ils pouvaient réagir à la vitesse de la pensée et sentir venir tous leurs ennemis, ils ne pouvaient quand même pas résister aux nombres écrasants de leurs ennemis. Sebastian vit un guerrier tomber par terre, entraîné par un trop grand nombre d’ennemis pour pouvoir encore parer leurs attaques. Il essaya de se ruer à son aide mais Emeline posa à nouveau une main sur son bras.
— Vous ne pouvez plus rien faire ici, Sebastian, dit-elle. Les défenseurs n’ont pas besoin de vous, mais votre fille, si.
Sebastian déglutit. Il n’avait pas le choix, car sa fille était en danger. Il devait l’emmener en lieu sûr.
— Où est-elle ? demanda-t-il.
— Cora a dû aller dans notre maison, dit Emeline. Venez vite, avant que l’endroit ne soit entièrement envahi.
Ils coururent vers le petit cottage, croisant des scènes de violence en route. Sebastian vit deux soldats attaquer un des réfugiés et en tua un avec son épée, mais ne s’arrêta pas. Maintenant, ils n’avaient plus le temps que de fuir. S’ils ne rejoignaient pas Violette très vite, il serait trop tard.
Il vit quatre soldats à la porte ouverte du cottage et s’élança en rugissant. Un des hommes se tourna vers lui mais Sebastian lui trancha la gorge avec l’épée il tenait. Un autre se figea sur place l’épée levée et Sebastian transperça l’homme à la poitrine. Quand l’épée se bloqua là, il la lâcha et se jeta contre le troisième homme. Sebastian le plaqua au sol, sortit une dague de combat rapproché et le poignarda tout en lui tenant le poignet de l’autre main. Quand le soldat cessa de se battre, Sebastian leva les yeux et vit le dernier qui se tenait au-dessus de lui, l’épée levée.
Asha le bouscula par le côté et le tua d’un coup d’épée presque trop rapide pour qu’on puisse le voir.
— On dirait que tu avais raison, dit-elle. Il faut qu’on sorte la Princesse Violette d’ici.
Sebastian la regarda fixement en se relevant. Il n’était pas sûr qu’Asha soit exactement la personne qu’il aurait voulu avoir à ses côtés en ce moment-là.
— Dans ce cas, tu es un imbécile, dit-elle en réponse à ses pensées. Je me bats aussi bien que les autres et je la protégerai au mépris de ma vie. Sa survie est tout ce qui compte, maintenant.
Sebastian se dit qu’elle parlait sérieusement et, de toute façon, il n’avait pas le temps de discuter. Aux murailles, il voyait Vincente essayer d’organiser une défense mais les hommes et les femmes qui se trouvaient là-bas perdaient constamment du terrain.
Ils entrèrent brusquement dans le cottage et trouvèrent un autre soldat mort par terre. Cora se tenait au-dessus de lui, Violette dans une écharpe et une épée en main.
— Bravo, lui dit Asha, qui eut presque l’air de la trouver impressionnante pour la première fois.
— Il faut qu’on sorte d’ici, dit Cora, qui semblait ne prêter aucune attention à l’homme mort qui gisait à ses pieds.
Violette était étonnamment calme. Elle mâchouillait un chiffon trempé dans du lait.
— Mais comment ? se demanda Sebastian à voix haute.
Il regardait par la fenêtre du cottage en essayant de trouver une brèche dans les combats qui leur permette de s’enfuir. S’ils pouvaient arriver aux chevaux, ils pourraient aller jusqu’à la lande, mais il y avait des soldats de tous les côtés et Sebastian voyait des corbeaux qui se rassemblaient au-dessus d’eux, sûrement pour chercher des traces de Violette.
Pire encore, Sebastian vit le moment où le Maître des Corbeaux passa par-dessus les murailles. Les guerriers de Stonehome lui foncèrent dessus et il les évita, même eux, en se tournant de tous côtés, en leur envoyant ses corbeaux au visage et en donnant des coups avec son épée de duel. Il y avait des hommes tout autour de lui et il avait toujours l’air de savoir de quel côté il fallait qu’il se tourne. Pire encore, avec la quantité de gens qui mouraient, sa force était terrifiante. Un homme s’interposa et le coup qu’envoya le Maître des Corbeaux le coupa en deux. Un autre s’envola suite à un coup de pied, la cage thoracique brisée.
Alors, Vincente arriva. Le Maître des Corbeaux se baissa à temps et les soldats qui étaient derrière lui subirent les effets du coup de tromblon de Vincente. La longue lame de boucher de Vincente était moins agile que la rapière du Maître des Corbeaux, mais il la bougeait constamment et le tenait à distance. Asha semblait avoir envie de courir rejoindre Vincente mais, au lieu de cela, Sebastian