Un Règne de Fer . Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: L'anneau Du Sorcier
Жанр произведения: Героическая фантастика
Год издания: 0
isbn: 9781632915443
Скачать книгу
de Reece, ayant pourtant besoin de voir son visage. Elle espérait secrètement qu’il serait en train de la fixer du regard, de penser à elle. Mais quand elle l’observa, son cœur se brisa en voyant qu’il ne la regardait pas du tout. Au lieu de cela, il fixait juste les flammes, l’air le plus esseulé qu’elle ait jamais vu sur son visage.

      Stara ne pouvait s’empêcher de se demander pour la millionième fois si la chose qui avait existé entre eux était terminée, détruite par la mort de Selese. Pour la millionième fois, elle maudit ses frères – et son père – pour avoir exécuté un complot aussi fourbe. Elle avait toujours voulu avoir Reece pour elle-même, bien entendu ; mais elle n’aurait jamais toléré le subterfuge qui avait mené à sa mort. Elle n’avait jamais voulu que Selese meure, ou même qu’elle soit blessée. Elle avait espéré que Reece lui annoncerait la nouvelle d’une manière douce, et que tout en étant bouleversée, elle comprendrait – et certainement pas qu’elle prendrait sa propre vie. Ou détruirait celle de Reece.

      À présent tous les plans de Stara, son avenir tout entier, s’étaient effondrés sous ses yeux, grâce à son horrible famille. Matus était le seul membre rationnel restant de sa lignée. Mais Stara se demandait ce qu’il adviendrait de lui, d’eux quatre. Pourriraient-ils simplement là dans cette grotte ? Un jour ils seraient obligés d’en partir. Et les hommes de son frère, elle le savait, étaient implacables. Il ne s’arrêterait pas avant de les avoir tous tués – surtout après que Reece ait tué son père.

      Stara savait qu’elle devrait ressentir quelques remords quant à la mort de son père – et pourtant elle n’en ressentait pas du tout. Elle haïssait cet homme, depuis toujours. Plutôt, elle se sentait soulagée, même reconnaissante envers Reece pour l’avoir tué. Il avait été un guerrier, un roi menteur et sans honneur toute sa vie, et absolument pas un père envers elle.

      Stara jeta un regard à ces trois guerriers, tous assis là et semblant désespérés. Ils avaient été silencieux pendant des heures, et elle se demanda s’ils avaient un plan. Srog était sévèrement blessé, Matus et Reece avaient été touchés eux aussi, même si leurs plaies étaient mineures. Ils paraissaient tous gelés jusqu’aux os, abattus par le climat de cet endroit, par les éléments contre eux.

      « Donc, allons-nous rester assis dans cette grotte pour toujours, et mourir là ? » demanda Stara, brisant l’épais silence, ne pouvant plus supporter la monotonie ou la mélancolie.

      Lentement, Srog et Matus jetèrent un coup d’œil vers elle. Mais Reece ne leva pas les yeux et ne croisa pas son regard.

      « Et où voudrais-tu que nous allions ? » interrogea Srog, sur la défensive. « L’île tout entière grouille des hommes de ton père. Quelle chance avons-nous face à eux ? Surtout qu’ils sont enragés par notre fuite et la mort de ton père. »

      « Tu nous as mis dans le pétrin, mon cousin », dit Matus, souriant, mettant une main sur l’épaule de Reece. « C’était un acte audacieux. Peut-être le plus audacieux que j’ai vu de toute ma vie. »

      Reece haussa les épaules.

      « Il a volé ma fiancée. Il méritait de mourir. »

      Stara se hérissa au mot fiancée. Cela lui brisa le cœur. Son choix de ce mot disait tout – à l’évidence, Reece était encore amoureux de Selese. Il ne cherchait même pas à croiser le regard de Stara. Elle eut envie de pleurer.

      « Ne t’inquiète pas, cousin », dit Matus. « Je me réjouis que mon père soit mort, et je suis heureux que tu sois celui qui l’a tué. Je ne te le reproche pas. Je t’admire. Même si tu nous as presque tous fait tuer en le faisant. »

      Reece acquiesça, appréciant de toute évidence les mots de Matus.

      « Mais personne ne m’a répondu », dit Stara. « Quel est le plan ? Que nous mourrions tous ici ? »

      « Quel est ton plan ? » lui répliqua Reece.

      « Je n’en ai aucun », dit-elle. « J’ai rempli ma part. Je nous ai tous sauvés de cet endroit. »

      « Oui, tu l’as fait », admit Reece, contemplant encore les flammes plus qu’elle. « Je te dois la vie. »

      Stara eut une lueur d’espoir en entendant les mots de Reece, même s’il ne voulait toujours pas croiser son regard. Elle pensa que peut-être il ne la détestait pas, après tout.

      « Et tu as sauvé la mienne », répondit-elle. « Du bord de la falaise. Nous sommes quittes. »

      Reece fixait encore les flammes.

      Elle attendit qu’il dise quelque chose en retour, qu’il lui dise qu’il l’aimait, qu’il dise n’importe quoi. Mais il ne dit rien. Stara se trouva à rougir.

      « Est-ce tout alors ? » dit-elle. « N’avons-nous rien d’autre à dire aux autres ? Notre affaire est-elle conclue ? »

      Reece leva la tête, croisant son regard pour la première fois avec une expression perplexe.

      Stara ne pouvait plus le supporter. Elle bondit sur ses pieds et partit comme un ouragan, se tenant à l’orée de la grotte, dos à tous. Elle regarda dehors la nuit, la pluie, le vent, et elle s’interrogea : et si tout était terminé pour elle et Reece ? Si c’était le cas, elle n’avait aucune raison de continuer à vivre.

      « Nous pouvons nous échapper vers les navires », dit finalement Reece, après un silence interminable, ses mots laconiques transperçant la nuit.

      Stara pivoté et le dévisagea.

      « S’échapper vers les navires ? » demanda-t-elle.

      Reece opina.

      « Nos hommes sont là-bas, dans le port en contrebas. Nous devons allez à eux. C’est le dernier territoire des MacGils restant dans cet endroit. »

      Stara secoua la tête.

      « Un plan imprudent », dit-elle. « Les navires seront encerclés, s’ils n’ont pas déjà été détruits. Nous devrions passer à travers tous les hommes de mon frère pour y arriver. Mieux vaudrait se cacher à un autre endroit de l’île. »

      Reece secoua la tête, déterminé.

      « Non », dit-il. « Ce sont nos hommes. Nous devons aller à eux, quel qu’en soit le prix. S’ils sont attaqués, alors nous descendrons pour nous battre avec eux. »

      « Tu n’as pas l’air de comprendre », dit-elle, également décidée. « Aux premières lueurs du matin, des milliers d’hommes de mon frère encombreront le rivage. Il n’y a aucun moyen de les passer. »

      Reece se mit debout, balayant l’humidité du revers de la main, une flamme dans les yeux.

      « Alors nous n’attendrons pas la lumière de l’aube », dit-il. « Nous partirons maintenant. Avant que le soleil ne se lève. »

      Matus se leva lentement, lui aussi, et Reece baissa les yeux vers Srog.

      « Srog ? » demanda Matus. « Tu peux y arriver ? »

      Srog grimaça tout en trébuchant pour se mettre sur ses pieds, Matus lui donnant un coup de main.

      « Je ne vais pas vous retenir », dit Srog. « Partez sans moi. Je resterais ici dans cette grotte. »

      « Tu mourras dans cette grotte », dit Matus.

      « Eh bien ! Vous ne mourrez pas avec moi », répondit-il.

      Reece secoua la tête.

      « Aucun homme laissé derrière », dit-il. « Tu te joindras à nous, quoi qu’il en coûte. »

      Reece, Matus et Srog rejoignirent Stara à l’orée de la grotte, regardant fixement le vent et la pluie hurlants. Stara examina les trois hommes de la tête aux pieds, se demandant s’ils étaient fous.

      « Tu voulais un plan », lui dit Reece, se