Esclave, Guerrière, Reine . Морган Райс. Читать онлайн. Newlib. NEWLIB.NET

Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Серия: De Couronnes et de Gloire
Жанр произведения: Героическая фантастика
Год издания: 0
isbn: 9781632917058
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savait que, quelque part devant elle, le Festival des Tueries allait commencer.

      Laissant traîner ses mains le long des murs de pierre alors qu'elle suivait les méandres d'une étroite ruelle, Ceres jeta un coup d’œil en arrière pour s'assurer que ses frères ne se faisaient pas distancer. Elle vit avec soulagement Nesos, sur ses talons, et Sartes, qui n'était qu'à quelques mètres derrière eux. Nesos, dix-neuf ans, n'avait que deux cycles solaires de plus qu'elle, alors que Sartes, son frère cadet, avait quatre cycles solaires de moins et était sur le point de devenir un homme. Avec  leurs cheveux blond roux mi-longs et leurs yeux marron, les deux garçons se ressemblaient à s'y méprendre. Ils ressemblaient aussi à leurs parents mais pas du tout à Ceres. Pourtant, bien que Ceres soit une fille, ils n'avaient jamais réussi à courir aussi vite qu'elle.

      “Vite !” hurla Ceres par-dessus son épaule.

      Un autre grondement se fit entendre et, bien qu'elle ne soit jamais allée au festival, elle l'imaginait dans ses moindres détails : la cité toute entière, les trois millions de citoyens de Delos amassés dans le Stade en ce jour férié du solstice d'été. Ce serait entièrement nouveau pour elle et, si ses frères et elle ne se dépêchaient pas, il ne resterait pas un seul siège.

      En accélérant, Ceres s'essuya une goutte de sueur du front l'étala sur sa tunique blanc cassé effilochée, qu'elle avait reçue d'occasion des mains de sa mère. Jamais on ne lui avait donné de nouveaux vêtements. Selon sa mère, qui adorait ses frères mais semblait réserver à Ceres une haine et une jalousie particulières, sa fille ne méritait pas d'avoir des vêtements neufs.

      “Attendez !” hurla Sartes avec une pointe d'irritation dans sa voix éraillée.

      Ceres sourit.

      “Il faut que je te porte, alors ?” répondit-elle en hurlant.

      Elle savait qu'il détestait qu'elle le taquine, mais sa remarque sarcastique aiderait à le motiver pour qu'il ne se laisse pas distancer. Ceres n'avait rien contre le fait de le voir traîner derrière elle; elle trouvait touchant qu'il soit prêt, à treize ans, à faire tout son possible pour qu'ils le considèrent comme l'un des leurs. Et bien qu'elle refuse de l'admettre franchement, Ceres avait vraiment besoin que Sartes ait besoin d'elle.

      Sartes poussa un fort grognement.

      “Maman te tuera quand elle se rendra compte que tu lui as encore désobéi !” répondit-il en hurlant.

      Il avait raison. C'était ce que leur mère ferait, ou alors, elle lui donnerait au moins une bonne flagellation.

      La première fois que sa mère l'avait battue, Ceres avait cinq ans et c'était à ce moment-là qu'elle avait perdu son innocence. Avant cela, le monde avait été amusant, bienveillant et bon. Après cela, rien n'avait plus jamais été sûr et la seule chose à laquelle elle pouvait se raccrocher était l'espoir d'un avenir où elle pourrait s'éloigner de sa mère. Maintenant qu'elle était plus grande, la liberté se rapprochait, mais même ce rêve s'effritait lentement dans son cœur.

      Heureusement, Ceres savait que ses frères ne la dénonceraient jamais. Ils étaient aussi loyaux envers elle qu'elle l'était envers eux.

      “Dans ce cas, tant mieux si Maman n'en entend jamais parler !” répondit-elle en criant.

      “Papa, lui, s'en rendra compte !” dit Sartes d'un ton sec.

      Ceres gloussa. Papa était déjà au courant. Ils s'étaient mis d'accord : si Ceres se couchait plus tard pour finir d'aiguiser les épées qu'il devait livrer au palais, elle pourrait aller voir les Tueries. Et elle avait accepté.

      Ceres atteignit le mur du fond de la ruelle et, sans s'arrêter, elle plongea les doigts dans deux fentes et se mit à grimper. Ses mains et ses pieds bougeaient vite et elle monta d'au moins six mètres avant d'atteindre le sommet.

      Elle se redressa en respirant avec difficulté et le soleil l'accueillit de ses rayons lumineux. Elle se protégea les yeux d'une main.

      Elle eut le souffle coupé. Normalement, la Vieille Cité était parsemée de quelques citoyens, avec un chat ou un chien errant çà et là, mais aujourd'hui elle grouillait de vie et de gens. Ceres ne voyait même pas les pavés sous la mer de gens qui s'amassaient dans la Place de la Fontaine.

      Au loin, le bleu vif de l'océan scintillait et le Stade blanc dominait les environs comme une montagne au milieu du méandre des rues et des maisons à deux ou trois étages serrées comme des sardines. Autour du bord extérieur de la place, les marchands avaient aligné leurs stands, tous désireux de vendre de la nourriture, des bijoux ou des vêtements.

      Une bourrasque lui effleura le visage et l'odeur de plats fraîchement cuits s'insinua dans ses narines. Que ne donnerait-elle pas pour manger une nourriture qui satisfasse cette sensation qui la rongeait ! Elle eut soudain très faim et se passa les bras autour du ventre. Ce matin, le petit déjeuner n'avait consisté que de quelques cuillerées de porridge mou, qui avait d'une façon ou d'une autre réussi à lui donner l'impression d'avoir encore plus faim qu'avant de l'avoir mangé. Comme c'était aujourd’hui son dix-huitième anniversaire, elle avait espéré qu'elle aurait au moins droit à un petit supplément de nourriture dans son bol, ou à un câlin ou à quelque chose d'autre.

      Cependant, personne n'avait dit un seul mot. Elle n'était même pas sûre qu'ils s'en souvenaient.

      Un éclair de lumière attira son attention et, quand elle regarda vers le bas, elle repéra une calèche dorée qui se frayait un chemin dans la foule comme une bulle dans du miel, lente et brillante. Ceres fronça les sourcils. Excitée comme elle l'était, elle avait oublié que la famille royale assisterait elle aussi à l'événement. Elle les méprisait, méprisait leur dédain, méprisait le fait que leurs animaux soient mieux nourris que la plupart des gens de Delos. Ses frères espéraient vaincre un jour le système de classes mais Ceres ne partageait pas leur optimisme : si une sorte d'égalité ou une autre devait faire son apparition dans l'Empire, il faudrait qu'elle s'y introduise par l'intermédiaire d'une révolution.

      “Tu le vois ?” demanda Nesos en haletant alors qu'il se hissait à son côté.

      Quand Ceres pensa à lui, elle sentit son cœur se mettre à battre plus vite. Rexus. Elle s'était elle aussi demandée s'il était venu, mais avait scruté la foule en vain.

      Elle secoua la tête.

      “Là-bas.” Nesos montra l'endroit du doigt.

      Elle suivit son doigt en direction de la fontaine en plissant les yeux.

      Soudain, elle le vit et ne put contenir son explosion de joie. Elle ressentait toujours la même chose quand elle le voyait. Il était là-bas, assis sur le rebord de la fontaine, en train de bander son arc. Même à cette distance, elle voyait les muscles de ses épaules et de sa poitrine bouger sous sa tunique. Il n'avait que quelques années de plus qu'elle, des cheveux blonds qui se démarquaient des autres chevelures noires ou marron, et sa peau bronzée luisait au soleil.

      “Attends !” cria une voix.

      Ceres jeta un coup d’œil en arrière et vit Sartes qui, en bas du mur, avait du mal à grimper.

      “Dépêche-toi ou on te laisse en plan !” dit Nesos pour le provoquer.

      Évidemment, jamais ils n'abandonneraient leur frère cadet, bien qu'il ait vraiment besoin d'apprendre à tenir le rythme. A Delos, un moment de faiblesse pouvait se révéler fatal.

      Nesos se passa une main dans les cheveux et retint lui aussi son souffle en examinant la foule.

      “Alors, sur quel vainqueur tu paries ?” demanda-t-il.

      Ceres se tourna vers lui et rit.

      “Avec quel argent ?” demanda-t-elle.

      Il sourit.

      “Imagine que tu en as”, répondit-il.

      “Brennius”, répondit-elle immédiatement.

      Nesos leva les sourcils, surpris.

      “Vraiment ?” demanda-t-il. “Pourquoi ?”

      “Je